Maïna (2013) de Michel Poulette.
Ce film est connu comme étant le premier film canadien qui se déroule entièrement chez les premières nations du Québec, avant l'arrivée des européens sur leur territoire (presque, en omettant les vikings quelques siècles avant !)... L'histoire est adaptée des deux romans éponymes (1997) de Dominique Demers. Si le réalisateur et le scénariste sont canadiens issus d'émigrants, la grande majorité du casting est issue des tribus Innus et Inuits dont certains ont déjà marqué nos souvenirs cinéphiles. Le réalisateur est Michel Poulette dont le premier film est "Louis 19, le roi des Ondes" (1994) qui est aussi le premier film canadien à avoir droit à son remake hollywoodien avec "En Direct sur ED TV" (1999) de Ron Howard.
Le rôle titre est dévolu à Roseanne Supernault, méconnue ici mais vedette de l'écran au Québec. A ses côtés le plus connu reste Graham Greene révélé dans "Danse avec les Loups" (1990) de et avec Kevin Costner, et qui retrouve pour l'occasion Tantoo Cardinal qu'on a revu récemment dans "Wind River" (2017) de Taylor Sheridan. Notons également Eric Schweig le demi-frère de Oeil-de-faucon/Daniel Day Lewis dans "Le Dernier des Mohicans" (1992) de Michael Mann, ainsi que les deux acteurs Natar Ungalaaq et Lucy Tulugarjuk héros de "Atanarjuat" (2001) de Zacharias Kunuk... On suit donc Maïna jeune femme Innu qui se retrouve prisonnière des Inuits. Au fil du temps elle tombe amoureuse de son geôlier... L'histoire reprend le thème éculé à la "Roméo et Juliette" ou comment une jeune femme et un jeune homme tombent amoureux malgré les convenances, les différences culturelles ou les secrets du passé. Le syndrome de Stockholm expliqué via un rêve respectif, édulcorant ainsi une époque qui devait être beaucoup plus pragmatique et plus violente. La richesse du sujet repose donc sur les magnifiques paysages du Québec et sur le voyage dans le passé peu exploré des amérindiens du Québec. Dans un style presque docu-fiction on peut donc s'attendre à une immersion au sein des Natives du Québec.
Malheureusement le scénario expédie bien vite la première partie pour se focaliser sur les relations difficiles au sein du couple. L'histoire devient surtout une simple romance. On notera 2-3 incohérences "ethniques", comme le Roméo qui n'a pas les traits inuits, comme le fait qu'on peut aussi penser que le couple principal est plutôt mal assorti (un détail mais nécessaire pour que ce soit convaincant). On constate vite que l'histoire manque d'enjeu, l'évolution du récit est aussi convenue que limpide. Le film manque ainsi de réalisme et donc d'honnêteté sur le fond. Une production Disney n'aurait pas fait autrement. Multiprimé (merci le sujet) mais assurément surestimé, il n'en demeure pas moins que le film reste plaisant et intéressant à défaut d'être remarquable.
Note :