Volontaire (2018) de Hélène Fillières.

par Selenie  -  8 Juin 2018, 08:28  -  #Critiques de films

Attention, grande déception que ce film au sujet pourtant intéressant et au potentiel certain. Second long métrage après la relation SM de "Une Histoire d'Amour" (2013) pour Hélène Fillières qui, après presque trois décennies devant la caméra, semble vouloir suivre les traces de sa sœur aînée Sophie ("La belle et la Belle" en 2018). Avec un nom particulier au générique (Alain Fillières), les premières images du film et l'actualité pro-féministe omniprésente, on peut penser que ce film porte une dimension personnelle pour Hélène Fillières ; notamment est-ce que ce Alain Fillières est le grand-père de la réalisatrice-actrice et était-il un béret vert ?!...

En tous cas le scénario est co-signé de la cinéaste avec, chose qui peut être surprenante, Mathias Gavarry co-auteur responsable des navetons "Les Profs" (2013) et "Gaston Lagaffe" (2018) tous deux de Pierre-François Martin-Laval. La cinéaste ne semble pas voir eu de soucis particuliers avec l'institution militaire, bien au contraire, cette dernière sait aussi accueillir à bras ouverts quand le propos est tout à fait bienveillant vis à vis de l'armée. Hélène Fillières (qui s'accorde un petit rôle) a voulu montrer la part de masculinité chez une femme : "De faire assumer à une femme sa part de virilité au lieu de combattre celle des hommes."... On suit donc une jeune femme de 23 ans, grosse tête pleines de hautes études qui décide d'expérimenter l'armée et notamment les Fusiliers Marins, un monde évidemment très masculin dans lequel elle devra trouver sa place. Mais Hélène Fillières n'est pas précurseur sur ce point, on peut citer le très bon "Les Combattants" (2014) de Thomas Cailley et "Voir du Pays" (2016) des sœurs Coulin. En franchissant l'Atlantique on pense également à "G.I. Jane" (1997) de Ridley Scott. Malheureusement ses comparaisons et/ou références n'aident pas le film de Hélène Fillières... Pour le rôle principal la cinéaste a choisi une actrice relativement méconnue, la jolie Diane Rouxel révélée avec "The Smell of Us" (2014) de Larry Clark et "La Tête Haute" (2015) de Emmanuelle Bercot. Son ami de corps est joué par Corentin Fila, lui-même révélé par "Quand on a 17 ans" (2016) de André Téchiné. Les parents de l'héroïne sont interprétés par le couple Josiane Balasko-André Marcon, tandis que le supérieur est incarné par l'excellent Lambert Wilson et un autre officier par Alex Descas qui avait déjà joué aux côtés de Hélène Fillières dans "Les Salauds" (2013) de Claire Denis. Sur ce casting on s'interroge déjà sur 2-3 petites choses comme l'incroyable manque d'originalité et d'audace des réalisateurs, Hélène Fillières tombant à pied joint dedans. Par exemple elle dénude un peu trop facilement la jeune Diane Rouxel  (déjà particulièrement exposée dans le sulfureux "The Smell of Us") tandis qu'elle offre un nouveau rôle de gay (le quota implicite du cinéma moderne)  à Corentin Fila (comme dans "Quand on a 17 ans"). Plus prosaïquement, le commandant Rivière/Wilson est un peu trop surjoué passant le taiseux pour un simple dépressif proche du suicide, puis le couple de parents Balasko-Macron ne porte aucune osmose ni étincelle, se sont-ils juste adressé la parole ou un regard ?! Pour la direction d'acteurs il y a là de gros soucis... Arrive le plus gros soucis du film.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si on pense bien que la jeune Diane Rouxel s'est entraînée un peu pour son rôle il n'en demeure pas moins qu'il faut un minimum de vraisemblance. En effet, les tests et les stages de commandos Fusiliers Marins sont parmi les plus exigeants, comment peut-on croire qu'une jeune femme qui ne semble pas plus sportive que ça, sans passé ne pouvant expliquer un temps soit peu ses capacités et qui ne sait pas monter à la corde ni grimper sur un mur 3-4 jours avant le stage puisse réussir sans soucis particulier à devenir bérets verts ?! Aussi invraisemblable qu'incohérent... Choisir une jeune femme belle et gracieuse afin d'accentuer le choc de cette réussite était une bonne idée en soi, encore faut-il un scénario solide pour pouvoir expliquer une telle performance. Quel dommage ! Tourné à l'école des Fusiliers Marins de Lorient et à l'Ecole Navale de Brest, le film offre des décors sublimes. Le face à face entre la recrue et son commandant plutôt prenant avec une dernière scène intelligemment amenée, en tous cas plus subtile que tout le reste du film. En prime une Diane Rouxel qui reste la belle surprise, alliant force et grâce, même si malheureusement ni le scénario ni la direction d'acteur ne lui permettent de sauver le film. Hélène Fillières a revendiqué des influences de Jean-Pierre Melville et de Michael Mann !?... No comment... Gâchis est sans doute un terme trop violent, le film garde des qualités certaines, du talent de ses interprètes à la photographie en passant par la sincérité de fond, mais il y a trop d'incohérences et de maladresses pour convaincre. D'ores et déjà une des grandes déceptions de l'année.

 

Note :              

09/20

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