Under the Silver Lake (2018) de David Robert Mitchell
Nouveau film du réalisateur David Robert Mitchell remarqué pour son film d'horreur "It Follows" (2015). Cette fois il signe une sorte de conte fantasmé, un cauchemar éveillé où Sam, un jeune homme solitaire, trouve un but en partant à la recherche d'une jeune femme disparue alors qu'il venait juste de la rencontrer. Ce film, qui était présenté au dernier Festival de Cannes 2018 est produit entre autre par Adele Romanski qu'il retrouve après son premier long "The Myth of the American Sleepover" (2010), et qui sera oscarisée du meilleur film avec "Moonlight" (2016) de Barry Jenkins. Co-produit également par Michael De Luca qui était derrière "Captain Phillips" (2013) de Paul Greengrass et qui est derrière le prochain film en langue anglaise "Les frères Sisters" (2018) de Jacques Audiard...
Au casting on a la bonne surprise de revoir Andrew Garfield qu'on a pas vu depuis "Silence" (2017) de Martin Scorcese. La belle disparue est incarnée par Riley Keough vue récemment dans "Logan Lucky" (2017) de Steven Soderbergh. A leurs côtés on retrouve Topher Grace vu dans "War Machine" (2017) de David Michôd et surtout Callie Hernandez, encore méconnue mais qui se forge un joli début de carrière après "Song to Song" (2017) de Terrence Malick et "Alien : Covenant" (2017) de Ridley Scott... Premier constat et première félicitation directement à David Robert Mitchell qui, au lieu de rester dans la zone de confort de son succès "It Follows", impose son audace et son ambition dans ce film original à la démesure de ses références. Le cinéaste réunit ainsi Hitchcock mais aussi et surtout David Lynch, et même avec une pincée de Gregg Araki. On se retrouve dans un Los Angeles fantasmé avec Hollywood omniprésent aussi bien du côté obscur (les parias et les oubliés de la Cité des Anges, ceux qui r^vent d'être star, les has been... etc...) que du côté de la lumière (les nantis, les riches et autres nababs). Il semble que le quartier de Silver Lake soit donc ce miroir à double face. Sam va donc passer d'un monde à l'autre dans sa quête pour retrouver la Belle inconnue disparue, une quête aussi paranoïaque que farfelue puisqu'il ne la connait pratiquement pas. Sam s'embarque donc dans une enquête surréaliste où sévit un tueur en série de chiens, où les filles sont belles mais semblent esclaves de leur rêve (attention charge contre ceux du club de Harvey Weinstein !), les pauvres s'en sortent comme ils peuvent les riches vont au bout de leur rêve (jusqu'au bout !)...
Dès le début on nous met dans le bain avec un "suicide" animalier, la bizzarerie va jusqu'aux aboiements intempestifs dont celle de la bande-annonce où Riley Keough nage nue dans une piscine, hommage évident à la baignade ultime de Marylin Monroe dans son dernier film inachevée "Something's Got to Give" (1962) de Georges Cukor. Le film peut être vu comme un pamphlet de l'usine à rêve, confrontant les rêves de ceux qui arrivent à Hollywood avec les désillusions de la réalité. C'est aussi un hommage à la Pop Culture tout en y mettant un coup de couteau avec une scène appelée à être culte où un vieux compositeur, sorte de dieu musical (on n'en dira pas plus !). Par contre, techniquement plusieurs effets spéciaux sont à un niveau médiocre inacceptable comme le manoir en haut de la colline où le maquillage du vieux pianiste. Reprenant les codes du Film Noir, le cinéaste y ajoute donc un univers Lynchien pour un film aussi atypique qu'audacieux même si ça part un peu dans tous les sens et que la fin reste étonnament bien sage.
Note :