Bad Boys II (2003) de Michael Bay
Quelques années après le gros succès de "Bad Boys" (1995) le producteur Jerry Brukheimer (sans Don Simpson décédé en 1996) et le réalisateur Michael Bay se lance dans une suite logique si on pense tiroir-caisse puisqu'entre remps Michael Bay est devenu une valeur sûre comme spécialiste du film d'action avec "Rock" (1996), "Armageddon" (1998) et "Pearl Harbor" (2001) et, surtout, Will Smith est devenu l'une des stars les plus bankables. Néanmoins, faire coïncider les plannings de chacun a semble-t-il été compliqué. Will Smith qui vient d'incarner le rôle titre dans "Ali" (2002) de Michael Mann retrouve donc l'équipe et notamment son partenaire Martin Lawrence qui lui se résume surtout à la comédie "Big Mamma" (2000) de Raja Gosnell. Chez les méchants on reconnaitra Jordi Molla vu précédemment dans "Blow" (2001) de Ted Demme et Peter Stormare abonné aux rôles de psychopathes depuis "Fargo" (1996) des frères Coen. L'atout charme est dévolu à la jolie Gabrielle Union en plein action après "En Sursis" (2003) de Andrezj Bartkowiak.
On reconnaitra également Michael Shannon qui n'est encore qu'un acteur de seconde zone et qui n'explosera qu'après "Bug" (2007) de William Friedkin et "Les Noces Rebelles" (2009) de Sam Mendes... Dans le premier les deux super flics enquêtaient sur un braquage d'une cargaison de cocaïne, cette fois idem avec en prime la petite soeur de Marcus qui s'avère être agent de la DEA et, évidemment, sujet de conflit avec Mike... Avec un budget plus de 6 fois supérieur au premier opus cette production voit les choses en grands autant dans la pyrotechnie que par sa durée de 02h30 soit 30 mn de plus que le premier. En prime un tournage qui s'internationalise de Miami à Porto Rico et une B.O. prestigieuse avec tout le gratin de la scène R'n'b Rap du moment... Les deux héros n'ont pas foncièrement changé, toujours aussi hâbleurs et, en ce qui concerne Marcus/Lawrence, toujours aussi horripilant tant ses gesticulations, cris et cabotinages créent une hystérie toujours aussi stressante. Le scénario est classique avec l'enjeu de la petite soeur dont les tenants et aboutissants sont cousus de fil blanc, mais surtout l récit prend une tournure finale complètement invraisemblable sur le fond, et incohérente dans la forme.
Certe la course-poursuite en voiture est impressionnante mais c'est court pour un film de 02h30, et acheter une villa de luxe pour l'exploser est effectivement un luxe, comme le sous-entend le superviseur FX John Frazier : "La première fois que j'ai vu les photos de la maison, j'ai d'abord pensé que Michael allait l'acheter pour lui. Son assistante m'a alors simplement dit qu'il ne l'avait pas achetée pour y vivre mais pour la pulvériser !"... Cette anecdote est à l'image de la plupart de ses films, démonstratif, prétentieux et bourrin. Michael Bay abuse de concept ringard comme la séquence de la balle qu'on suit de son canon d'origine jusqu'à sa cible et des ralentis rarement opportuns. La dernière partie reste le pompom, où comment d'un buddy movie et polar on passe vers le gros film de guerre à guerilla avec mission suicide qui ne peut être que justifier à la fois par un manque total d'inspiration et par la nécessité (lol) de terminer dans une sorte d'apothéose pyrotechnique. Au final donc le film reste un succès avec plus de 270 millions de dollars au box-office Monde dont près de 2 millions d'entrées France ce qui fait mieux que le premier à l'exception notable de son prorata vis à vis du budget. Néanmoins ça n'arrêtera les lascars puisque un n°3 est sur les rails pour 2019, mais sans Michael Bay, seuls Martin Lawrence et Will Smith sont assez has been pour tenter cette relance désespérante...
Note :