Exfiltrés (2019) de Emmanuel Hamon

par Selenie  -  8 Mars 2019, 10:43  -  #Critiques de films

Il s'agit du premier long métrage de Emmanuel Hamon, aperçu en tant qu'acteur sur "Le Couperet" (2005) et "Le Capital" (2012) tous deux de Costa Gravas il a surtout été assistant-réalisateur de réalisateurs prestigieux comme Patrice Chéreau, Maurice Pialat ou Robert Altman. Mais le cinéaste s'est surtout tourné vers le documentaire. Pourquoi aujourd'hui la fiction ?! Emmanuel Hamon s'explique : "Dans mes documentaires, je m'intéressais beaucoup à la violence d'état, y compris en démocratie, à la façon dont les individus se débrouillent avec un système, ils s'en accommodent ou pas. Je voulais à nouveau faire de la fiction, et un des producteurs qui suivait mon travail m'a raconté cette histoire, dont il connaissait un des protagonistes. J'ai trouvé qu'elle racontait quelque chose sur le monde dans lequel nous vivons tous et sur une génération très jeune, que nous avons essayé de représenter dans le film. C'est aussi une histoire d'une grande efficacité dramatique, avec un grand potentiel de thriller, ce sur quoi Benjamin Dupas et moi avons beaucoup travaillé lors de l'écriture du scénario."...

Le co-scénariste Benjamin Dupas a auparavant signé les films "Arès" (2016) de Jean-Patrick Benes et "Aurore" (2017) de Blandine Lenoir. Le film relate donc une histoire vraie, seulement il faut croire sur parole puisque rien ne peut appuyer un temps soit peu ce récit (livre, sites d'infos... etc...). Car si on peut penser que le cinéaste, spécialisé du documentaire est à priori un gage de sérieux il faut bien avouer qu'une partie du scénario est un peu tiré par les cheveux ; par exemple comment un médecin qui ne semble pas plus proche que ça de son infirmier fait beaucoup pour l'aider dans une mission loin d'être anodine... Ce médecin est incarné par Charles Berling qui retrouve ainsi ses partenaires Finnegan Oldfield après "Marvin ou la Belle Education" (2017) de Anne Fontaine puis Swann Arlaud après "Un Beau Voyou" (2019) de Lucas Bernard. Précisons que Oldfield a déjà eu à faire avec la question de la radicalisation dans le film  "Les Cowboys" (2015) de Thomas Bidegain, et que Arlaud est en ce moment à l'affiche du film  "Grâce à Dieu" (2019) de François Ozon. La maman radicalisée est incarnée par Jisca Kalvanda une des révélations de "Divines" (2016) de Houda Benyamina. Prévisons que la plupart du casting concernant la partie "syrienne" est constitué d'amateurs encrés dans la réalité du Moyen-Orient comme celui qui incarne Adnan, joué par un acteur qui vient réellement de Rakka en Syrie et arrivé en France clandestinement... Le film a été tourné entre Paris et la Jordanie, ce pays étant voisin de la Syrie le cinéaste a voulu être au plus près de la réalité des faits ; le tournage a d'ailleurs connu plusieurs interventions de police.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les points forts du film sont les acteurs (Arlaud et Finnegan en premier lieu), les difficultés des liens de coopérations entre les parties et surtout les problèmes logistiques et diplomatiques qui sont bien montrés, et surtout une mise en scène immersive toujours sous tension. Par contre, outre ce médecin et son fils bons samaritains (pourquoi prennent-ils autant de risque ?!) le vrai soucis est que le passage de cette maman avec son fils dans le giron de Daesh est juste survolé. Aussi vite arrivée qu'elle veut repartir sans qu'on comprenne réellement le pourquoi du comment (pas de violence ni envers ni envers l'enfant entre autre). Il manque donc une dramaturgie plus forte pour qu'on soit happé émotionnellement de façon plus forte. Néanmoins, Emmanuel Hamon signe un premier long métrage solide et efficace, d'une belle densité auquel il manque juste un fond plus fouillé surtout sur sa partie syrienne. A conseiller.

 

Note :                     

13/20

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