Stan et Ollie (2019) de Jon S. Baird

par Selenie  -  25 Avril 2019, 10:38  -  #Critiques de films

L'idée de ce biopic original vient du scénariste de "Philomena" (2014) de Stephen Frears, Jeff Pope après qu'il ait vu le film "Laurel et Hardy au Far West" (1937) de James W. Horne. Le scénariste raconte : "Il y a cette incroyable photo de ces deux types, qui avaient été des icônes du cinéma, et qui séjournaient dans de modestes auberges, qui se produisaient dans de petits théâtres et qui ne se rendaient pas compte qu'ils faisaient tout ça parce qu'ils s'aimaient. C'est ce qui m'a poussé à écrire ce film : c'est une histoire d'amour fraternel entre deux hommes."... Le scénariste a donc épluché les archives et notamment le livre "Laurel et hardy : the British Tours" (1993) de A.J. Marriot qui raconte cette période de leur tournée britannique de 1953. La réalisation revient à Jon S. Baird dont c'est seulement le troisième long métrage après "Cass" (2008) et "Ordure !" (2014). Evidemment, la première difficulté est de trouver les deux acteurs qui vont incarner le célèbre duo comique, Laurel et Hardy qui reste sans doute le plus grand duo du genre de l'histoire du cinéma après avoir été entre 1927 et 1950 les stars de plus d'une centaine de films (courts et longs confondus). Le choix s'est donc porté pour Stan Laurel sur Steve Coogan déjà sur "Philomena" et remarqué en Octavius dans la saga "la Nuit au Musée" (2007-2009-2015) de Shawn Levy, pour Oliver Hardy le choix s'est porté sur John C. Reilly qui a tourné entre "Les frères Sisters" (2018) de Jacques Audiard et le navrant "Holmes et Watson" (2019) de Etan Cohen.

Les deux hommes sont entourés de leurs épouses respectives incarnées par Nina Arianda révélée dans "Minuit à Paris" (2011) de Woody Allen puis Shirley Henderson qui était dans "Ordure !" et dans les cousins "Trainspotting" (1996-2017) de Danny Boyle, cette dernière retrouve ainsi Coogan pour une 5ème collaboration. Le film n'est donc pas un biopic pur, si le film démarre lors d'un prologue (magnifique plan séquence en travelling de 6mn !!!) qui se déroule à leur apogée en 1937, justement lors du tournage de "Laurel et Hardy au Far West", l'essentiel du film se déroule bel et bien en Angleterre en 1953 durant leur ultime tournée. On constate d'abord et avant tout la performance artistique autour des deux monstres Laurel et Hardy ainsi ressuscités. Les deux acteurs sont impeccables et un bravo également aux maquilleurs et prothésistes qui sont un atout évident. Après ce prologue qui en dit long mine de rien (à savoir leur contrat incroyablement désavantageux qui les placent en-deça des autres grands comiques de l'époque), la tournée débute avec une certaine gêne qu'on devine aisément, magnifique joué en filigrane par les deux protagonistes qui se retrouvent après une période difficile. Outre leurs mauvais contrats les divorces de laurel et les paris sportifs de Hardy plombent leurs budgets. On constate aussi que les temps changent, par exemple avec l'émergence pas du tout anodine de la télévision, et que les deux stars ne sont déjà plus les monstres sacrés qu'ils étaient en 1937 ! Les voilà en tournée, écumant de petits théâtres et des hôtels modestes tout en ne s'apercevant pas tout de suite que leur âge d'or est désormais révolu. On est loin de la comédie burlesque de leur heure de gloire, ce film est une comédie dramatique, voir un drame nostalgique où deux stars mondiaux et iconiques ne sont plus que deux comédiens qui vont comprendre qu'ils sont avant tout les meilleurs amis du monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite, entre boulot et intimité on constate le travail énorme de reconstitution car outre les décors et costumes, on note surtout l'incroyable mimétisme de reconstitutions des sketchs et des gags ! Le chorégraphe Toby Sedgwick a poussé les deux acteurs jusqu'à recréer les erreurs faites par Laurel et Hardy notamment sur la danse. Malgré tout, on aurait aimé que le réalisateur n'insiste pas autant sur les mêmes 3-4 sketchs, un peu plus de diversités (il y a matière !), et donc d'efficacité, aurait été judicieux. Mais, à y regarder de plus près, l'importance des deux épouses est capitale, voir carrément centrale dans la relation entre les deux comiques. Diamétralement opposées, très différentes à tous points de vue elles demeurent pourtant leur plus grand soutien et leur influence ne semble pas anodine. Un positionnement "féministe" qui ne surprend guère avec le scénariste de "Philomena" et quand on sait que les producteurs du film sont les mêmes que les films "Pride" (2014) de Matthew Warchus et "Les Suffragettes" (2015) de Sarah Gavron... Il manque sans doute un peu de rythme dans cette mise en scène un peu trop académique mais le point de vue est original et si le rire n'est pas le sujet ce film rend un hommage touchant et émouvant aux deux comiques avec en prime une véracité historique des événements particulièrement intéressante. A voir et à conseiller. Un très bon moment.

 

Note :               

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14/20

 

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 10 ans :               

15/20

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