Sibyl (2019) de Justine Triet

par Selenie  -  30 Mai 2019, 08:09  -  #Critiques de films

Réalisatrice remarquée avec le film "La Bataille de Solférino" (2013) et mis en avant par les Cahiers du Cinéma avec ses amis Guillaume Brac, Vincent Macaigne ou encore Antonin Peretjatko, elle revient avec ce film en compétition eu festival de Cannes 2019. Dans ce nouveau film le réalisatrice se pose la question des origines : "C'est un film sur l'identité, les racines. (...) Il y a l'origine de l'enfant de Sibyl, celle du livre, mais aussi celles de Margot, qui semblent la hanter.Il m'importait que Margot soit issue d'un milieu modeste, qu'elle déteste d'où elle vient et essaye de lutter contre. Elle surgit avec un dilemme qui renvoie Sibyl à son passé. D'une certaine manière, c'est Sibyl en miroir inversé. Sibyl aussi a essayé de se construire contre ses origines, sa mère, l'alcool, et c'est par l'écriture qu'elle a voulu fuir ça, se réinventer."... La cinéaste co-signe le scénario avec Arthur Harari, d'abord acteur sur ses précédents films il a aussi réalisé le polar "Diamant Noir" (2016) qui a offert le premier rôle principal à l'acteur Niels Schneider. Les deux hommes se retrouvent donc à l'affiche de "Sibyl", et les deux hommes retrouvent également Virginie Efira dans le rôle titre, respectivement après "Victoria" (2016) de Justine Triet et après "Un Amour Impossible" (2018) de Catherine Corsini pour le second ; précisons que Schneider et Efira sont en couple à la ville depuis ce tournage...

Justine Triet, Harari et Efira retrouve également l'actrice Laure Calamy après "Victoria". Ils sont entourés de Adèle Exarchopoulos célèbre depuis "La Vie d'Adèle" (2013) de Abdellatif Kechiche, Gaspard Ulliel et Paul Hamy qui se retrouvent aptès "9 Doigts" (2018) de François-Jacques Ossang, puis Sandra Hüller révélée à Cannes avec "Toni Erdmann" (2016) de Maren Ade... Pour cette histoire, on suit une psychothérapeute, Sibyl, qui quitte son office pour revenir à l'écriture mais elle s'engonce dans une dernière consultation suivie avec Margot quant elle s'aperçoit qu'elle est une source d'inspiration... Justine Triet s'est documenté auprès de psychanalystes et avoue s'être inspiré de la série TV "En Analyse" et du film "Une Autre Femme" (1989) de Woody Allen dont elle dit : "Etrangement, je n'adore pas ce film, mais son principe narratif me fascine : une femme, cherchant le calme et l'inspiration, se retrouve face à une autre femme qui la plonge dans un vertige abyssal et fait exploser toute sa vie..."... Par là même, elle en profite pour y ajouter une satire du microcosme du cinéma : "une micro-société où la vie s'accélère, s'intensifie, où tout devient exacerbé... Le moindre petit problème devient une tragédie, les rapports hiérarchiques sont violents, et complètement grotesques." Sur ce point la cinéaste cite comme références les films "Quinze Jours Ailleurs" (1962) de Vincente Minnelli et "The Player" (1992) de Robert Altman... On peut lire dans de nombreux articles que le film lorgne plus ou moins sur du Woody Allen, étonnant voir complètement à côté de la plaque tant ce film est plutôt dans un drame psychologique alors que Allen est dans un style plus foisonnant aux dialogues ciselés et plutôt du côté de la comédie de moeurs. Rien à voir, avoir un personnage psychothérapeuthe ne fait pas un film allenien... Débutant bien façon thriller psychologique, on constate bien vite que la construction narrative est lourde et poussive. En effet, des flash-backs sont insérés mais s'avèrent plutôt superflus et trop explicatifs. Le film aurait donc gagné à être plus linéaire.

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite il y a deux gros évènements qui finissent par nous sortir du film, d'abord la psychothérapeute qui suit sa patiente de façon bien peu crédible, puis la psychothérapeute qui devient réalisatrice d'un jour de façon complètement invraisemblable. Les deux évènements coup sur coup font qu'on tombe juste dans le n'importe quoi. Ainsi on a bien du mal à s'immerger dans cette histoire qui part un peu dans tous les sens, on frôle même le grotesque. Le film surnage grâce à ses acteurs, surtout Virginie Efira sensuelle et touchante, et Sandra Hüller dans un rôle un peu ingrat mais terriblement émouvante. Les autres ne sont pas en reste, tous impeccables mais pas toujours bien exploités. On notera que le film se déroule une bonne partie sur l'île de Stromboli, hommage au chef d'oeuvre éponyme (1950) de Roberto Rosselini, et symbole évident confirmé par la cinéaste : "L'idée était de se servir de ce décor pour faire exploser tout le film. (...) j'ai adoré ça ! (...) Stromboli amène un tel contraste par rapport aux appartements parisiens que ça semble presque irréel."... Néanmoins, on peut dire que ce film doit être un des plus médiocres de la sélection cannoise 2019. Justine Triet signe un film bancal, inabouti et maladroit malgré son ambition. 

 

Note :                

 

09/20

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E
J’ai regardé « Sibyl » parce que j’adore les films de Justine Triet. J’ai beaucoup aimé le rôle incarné par Virginie Efira, mais Gaspard Ulliel s’est aussi très bien débrouillé.
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