Les Filles du Docteur March (2020) de Greta Gerwig

par Selenie  -  3 Janvier 2020, 08:10  -  #Critiques de films

Nouvelle adaptation du célèbre roman "Little Women" (1868) Louisa May Alcott qui a déjà connu maintes adaptations, surtout à la télévision mais on peut citer celles vu au cinéma avec les versions de  (1918) de Harley Knoles, (1935) de George Cukor, "les Quatre Filles du Docteur March" (1949) à de Mervyn Le Roy et (1994) de Gillian Anderson. Au départ ce nouveau projet date d'il y a quelques années mené par Sarah Polley, réalisatrice de "Loin d'Elle" (2007), et par Olivia Milch, scénariste de "Ocean's 8" (2018) de Gary Ross mais après avoir été refusé par Sony Pictures le studio a rangé le projet jusqu'à ce qu'il soit proposé par Greta Gerwig, actrice qu'on n'a pas vu depuis "20th Century Women" (2017) de Mike Mills sans compter sa voix pour le film d'animation "L'Île aux Chiens" (2018) de Wes Anderson, mais surtout qui a connu un joli succès avec son premier long en tant que réalisatrice solo (sinon il y a eu "Nights and Weekends" en 2008 avec Joe Swanberg) avec "Lady Bird" (2017). Précisons que le titre en V.F. est un tantinet modifié, mais que le titre en V.O. reste bien "Little Women" car il faut rappeler que March père est pasteur et non pas docteur, il s'agit d'un choix français purement commercial pour éviter à une époque de faire allusion à la religion. Greta Gerwig, également scénariste, explique : "Je me suis lancée dans ce projet de toute smes forces. J'avais une idée très précise du sujet du film : ça parle de femmes artistes et ça parle des femmes et de l'argent. Le texte ne parle que de ça, mais c'est un aspect de l'histoire qui n'a pas encore été particulièrement exploré. Ces questions me touchent beaucoup et je dirais qu'en un sens ce film est le travail le plus autobiographique que j'aie jamais réalisé."...

Dans la Nouvelle-Angleterre des années 1860, la vie d'une famille composée de la maman et de ses 4 filles adolescentes alors que leur père pasteur est parti au front lors de la Guerre de Sécession... Greta Gerwig a choisi de se focaliser sur le personnage de Jo, alter ego de l'auteur, et a choisi de rompre la chronologie linéaire sur cette période qui se déroule sur environ 6-7 ans. Les quatre soeurs sont : Meg 16 ans au début de l'histoire incarnée par Emma Watson (29 ans) qu'on avait pas vu sur grand écran depuis "The Circle" (2017) de james Ponsoldt, Jo 15 ans incarnée par Saoirse Ronan (25 ans) qui était déjà l'héroïne de "Lady Bird" et vue récemment dans "Marie Stuart, Reine d'Ecosse" (2019) de Josie Rourke, Amy 12 ans incarnée par Florence Pugh (23 ans) remarquée dans "Midsommar" (2019) de Ari Aster et enfin Beth 13 ans incarnée par l'inconnue Eliza Scanlen (20 ans) qui joue là dans son premier film. La maman est jouée par Laura Dern vue dans "Marriage Story" (2019) de Noah Baumbach dont Greta Gerwig est une proche après avoir été sa muse, la riche tante est interprétée par Meryl Streep vue dernièrement dans "The laundromat" (2019) de Steven Soderbergh. Chez les prétendants il y a surtout la coqueluche de Hollywood depuis quelques temps, Timothée Chalamet vu dans "Un Jour de Pluie à New-York" (2019) de Woody Allen et "Le Roi" (2019) de David Michôd, et puis le frenchy Louis Garrel vu dans "J'Accuse" (2019) de Roman Polanski. Le riche voisin est joué par Chris Cooper de retour après "Live by Night" (2017) de et avec Ben Affleck... La première chose qui frappe, et qui reste le plus gênant, c'est le casting. En effet si elles sont des actrices talentueuses et charmantes il n'en demeure pas moins qu'elles font quasi le double de l'âge de leur personnage, et ça se voit, d'autant plus quand la plus jeune Amy fait beaucoup plus âgée que Beth, sans compter le peu d'égard à un minimum de cohérence dans le ressemblance physique ; c'est d'ailleurs un défaut qu'on retrouve dans toutes les versions, celle de 1997 étant la plus cohérente sur ce point. Ensuite la réalisatrice a souhaité casser la chronologie en passant régulièrement du présent au futur et vice versa. On ne saisit jamais la raison profonde de ce choix qui paraît finalement juste gratuit, ou bien, est-ce le soupçon d'innovation qui doit faire la différence selon Greta Gerwig ?!

Néanmoins, les choix de la cinéaste font que Jo est omniprésente et donc Saoirse Ronan porte le film délaissant donc les soeurs, surtout Beth/Scanlen et Meg/Watson un peu sous-exploitées. Pourtant la réalisatrice-scénariste voulait parler de "femmes et d'argent", mais il semble surtout qu'elle a voulu "orienter" le spectateur selon un seul point de vue. Dommage, car ce qui fait la richesse du roman est justement de montrer plusieurs portraits de femmes, comme l'a bien souligné l'actrice Saoirse Ronan : "Il y est question de jeunes femmes qui trouvent le courage de tracer leur propre chemin. C'est une histoire qu'on peut lire à différents stades de la vie : on peut être une Amy pendant quelques années, puis tout à coup devenir une Jo, puis une Meg, et on peut être une Marmee avant de redevenir une Beth. On peut se retrouver dans chacune d'elles"... Mais Greta Gerwig aiguille d'une telle façon que Jo (qui est déjà systématiquement celle qui sort du lot) monopolise l'histoire. L'histoire est assez connue pour une invitation, le film remplit bien son cahier des charges avec bons et beaux sentiments, la question de la position de la femme est posée même si on reste dans une famille bien bourgeoise qui est déjà dans un autre monde comparé à une famille ouvrière par exemple. A noter que la maison des March a été copié et reconstruite selon les plans de la vraie maison de l'auteur Louisa May Alcott qui est aujourd'hui un musée. En conclusion un très joli film, de jolis décors et de jolies robes, une reconstitution sans doute trop proche de la fable (faut voir les tables à manger ! La misère reste bien tapie dans l'ombre) et surtout des actrices qui jouent merveilleusement bien même si Saoirse Ronan tire la couverture. Un bon moment à défaut d'être la meilleure adaptation ciné.

 

Note :                  

 

13/20

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