A Vigilante (2018) de Sarah Digger-Nickson

par Selenie  -  10 Avril 2020, 08:57  -  #Critiques de films

Premier long métrage de Sarah Diggar-Nickson qui semble avoir eu bien des difficultés à lancer son projet après, pourtant, un téléfilm en 2008 et deux courts métrages "Dead Hands" (2010) et "The Light in the Night" (2011). Donc après quelques années elle revient avec un premier film qui a forcément un écho particulier après cette période #MeToo et compagnie. La cinéaste signé également le scénario... Sadie, ex-femme battue encore traumatisée à trouver un moyen d'exorciser ses démons en punissant les bourreaux et en libérant les victimes qui connaissent les violences domestiques. Mais outre cette nouvelle profession de foi, elle cherche aussi à se venger d'un époux qui semble avoir disparu... Sadie est incarnée par l'actrice Olivia Wilde qui a réalisé son premier film avec "Booksmart" (2019) et vue récemment dans "Le cas Richard Jewell" (2020) de Clint Eastwood, l'actrice s'est très investie dans le projet au point d'en devenir une des productrices principales. Le reste du casting est composé surtout d'acteurs méconnues issus de la télévision.

Son époux est joué par Morgan Spector vu dans des séries TV comme "Homeland" (2018) et "Pearson" (2019). Parmi les victimes femmes on peut Tonye Patano, Cheryse Dyllan, Judy Marte et Betsy Aidem ont toutes jouées auparavant dans les séries TV "New-York - Unité Spéciale" et/ou "New-York - Police Judiciaire" (2000-2019), sans doute un choix délibéré de la réalisatrice-scénariste. Et enfin, on reconnaîtra le jeune Kyle Catlett qui fut révélé dans la production française "Le Jeune et Prodigieux TS Spivet" (2013) de Jean-Pierre Jeunet... L'histoire est donc celle d'une femme victime qui devient une justicière, une histoire qui renvoie forcément d'abord au culte "Un Justicier dans la Ville" (1974) de Michael Winner avec Charles Bronson mais il ne faut pas oublier que des femmes justicières existent depuis longtemps également. On peut rappeler le tout aussi culte "L'Ange de la Vengeance" (1981) de Abel Ferrara ou les plus récents  "Hard Candy" (2006) de David Slade et "A Vif" (2007) de Neil Jordan. Sarah Diggar-Nickson a choisi un grain qui accentue la mélancolie ambiante, pour ne pas dire la fatalité, et met en place un flash-back où on suit à la fois la reconstruction de Sadie victime, puis la Sadie justicière jusqu'à cette dernière partie à la violence libératrice. Plutôt laborieux on commence à s'immerger dans ce marasme dépressif quand on commence par là même à constater que la mise en scène est plus que médiocre. Par exemple on est aveuglé sur une scène d'agression post-bar dont on ne perçoit rien d'autre qu'un flou artistique. Ensuite le scénario reste basique, d'un côté des témoignages forts, de l'autre le plan intimidation violente-libération-crise post-traumatique. Sur cette dernière partie on reste impressionné par la performance habitée de Olivia Wilde qui donne littéralement de sa personne. Néanmoins faut-il encore croire qu'une personne puisse devenir une guerrière en lisant des livres.

On notera que le film ne dénonce pas uniquement les violences faites aux femmes par des époux mais aussi toutes les autres formes de violences domestiques. Mais entre les déclarations de victimes qui touchent évidemment nos petits coeurs, et les violences salvatrices il y a l'autre affaire qui, soudain, focalise tout le récit dans la dernière partie du film. C'est là que le film se prend bel et bien les pieds dans le tapis. En effet, les époux violents sont essentiellement des lâches plus ou moins pervers narcissiques et/ou plus ou moins malades psychologiques, alors pourquoi avoir fait de l'époux de Sadie un cas particulier ?! On se retrouve soudain avec un homme qui est un pro de la survie en milieu inhospitalier et qui voit en sa femme surtout une proie pour un chasseur psychopathe. On n'est plus dans la violence conjugale "classique" mais chez un tueur qui pourrait tout à fait être un tueur en série inhérent au thriller du genre. On frôle le hors sujet. Une scène où Sadie se soumet et l'ultime scène libératrice ajoutent encore à l'incompréhension, autant dans la forme que sur le fond. La séquence de l'ultime rencontre revient à la mise en scène illogique où après une coupe à la hâche on a la justicière qui sévit sans qu'on sache franchement comment. Le scénario est audacieux, la construction du récit n'est pas dénué d'idées mais le tout pêche par une mise en scène à la fois trop prétentieuse et trop maladroite, et avec une partie centré sur l'époux de Sadie qui prend trop de place. Les témoignages et Olivia Wilde permettent au film de surnager maîs ça reste bien laborieux.

 

Note :               

08/20

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