Les Choses qu'on Dit, les Choses qu'on Fait (2020) de Emmanuel Mouret

par Selenie  -  24 Septembre 2020, 08:21  -  #Critiques de films

Le nouveau film de Emmanuel Mouret après "Mademoiselle de Joncquières" (2018), l'orfèvre français des sentiments amoureux, le mixte entre Woody Allen et Eric Rohmer auquel on doit des fantaisies sentimentales comme"Un Baiser, s'il vous plaît !" (2007), "L'Art d'Aimer" (2011) ou encore "Caprice" (2015). Comme à son habitude, le réalisateur-scénariste se penche une fois de plus sur les méandres de l'amour, et les jeux de l'amour et du hasard. Ce nouveau projet de dévie pas, il explore les mêmes thématiques avec de nouveaux couples, de nouveaux individus, de nouvelles histoires qui se croisent et s'entrecroisent... Daphné, enceinte de trois mois, doit accueillir Maxime le cousin de son compagnon qui est absent pour quelques jours. Pour passer le temps en attendant, François et elle se racontent leur dernière histoire d'amour, avec son ex pour François, avec François son actuel compagnon pour elle. Petit à petit, leurs secrets respectifs va tisser une certaine intimité entre eux...

Emmanuel Mouret réunit pour ce nouveau canevas amoureux un joli casting, plutôt de la nouvelle génération, des acteurs qui sont presque tous néophytes dans son cinéma singulier. En premier lieu il y a Camelia Jordana vue dernièrement dans "La Nuit Venue" (2020) de Frédéric Farrucci, et Niels Schneider vu récemment dans "Revenir" (2019) de Jessica Palud, les deux se retrouvant après l'excellent "Curiosa" (2019) de Lou Jeunet. Ils sont entourés de Vincent Macaigne qui revient au ciné Art et Essai qu'il connaît bien et qui le change après la comédie ado "T'as Pécho ?" (2020) de Adeline Picault, Guillaume Gouix qui change également de registre après "Une Belle Equipe" (2020) de Mohamed Hamidi, Emilie Dequenne qui se fait malheureusement rare mais vue dernièrement dans "Je ne Rêve que de Vous" (2019) de Laurent Heynemann, Jenna Thiam révélée par "La Crème de la Crème" (2013) de Kim Chapiron et vue dernièrement dans "Le Cahier Noir" (2018) de Valeria Sarmiento. Dans des rôles un peu plus secondaires, citons Julia Piaton vue dans "C'est la Vie" (2020) de Julien Rambaldi, puis le plus expérimenté Louis-Do de Lencquesaing qui retrouve Emmanuel Mouret après "L'Art d'Aimer" (2011)... Le réalisateur-scénariste résume parfaitement son sujet : "Je suis davantage ému par un personnage qui doit lutter contre lui-même, contre la violence de ses désirs, que par un personnage qui n'a pas de frein. Le véritable drame, c'est d'être "civilisé" et de devoir contraindre ses pulsions et désirs."...  Le cinéaste ne change pas de style, clairement si vous n'aimez pas ces précédents films vous n'aimerez assurément pas celui-ci.

La théâtralité est souvent un frein, même si le côté suranné de l'atmosphère et un certain charme littéraire dans ses dialogues peuvent séduire. Souvent chez Mouret ce qui freine encore plus reste la direction d'acteur, car tous ne sont pas ou ne semblent pas forcément à l'aise avec ce concept. Par exemple Camelia Jordana surjoue parfois le soupir, Niels Schneider est trop peu crédible en jeune éphèbe naïf et timoré (Mouret hésita d'ailleurs pour lui étant à la fois trop beau et trop sûr de lui). Les deux acteurs principaux s'avèrent donc les moins justes. Il faut dire que les dialogues de Emmanuel Mouret laisse trop peu de place à l'improvisation (clairement il n'y en a pas !), on ressent un tel contrôle du réalisateur-scénariste qu'on reste parfois bloquer par le manque de naturel ; il s'agit ni plus ni moins qu'une récitation de texte, un côté scolaire qu'il faut pouvoir accepter pour s'immerger dans l'univers de Mouret, ou sinon on ne peut qu'être désarçonné par le style très "guindé" de l'ensemble. Par contre, cela n'empêche pas les quelques instants de grâce qui sont souvent la séquence idéale où beauté de la photographie, beauté du texte et alchimie des acteurs nous emportent. La poésie de Emmanuel Mouret reste un magnifique voyage à la française entre raison et sentiments. Un très joli film, qui nous rappelle pourtant que Emmanuel Mouret gagnerait à un peu plus de "lâcher prise".

 

Note :            

 

14/20

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