Babylon, USA (1999) de Eric Mendelsohn

par Selenie  -  30 Novembre 2020, 09:35  -  #Critiques de films

Premier long métrage de Eric Mendelsohn, qui est au départ assistant de Jeffrey Kurland Directeur Costumier  (et non assitant réalisateur comme on peut le lire chez certains "pros" comme Les Inrocks" !) sur plusieurs films de Woody Allen dont "Alice" (1990) et ""Tout le Monde dit I Love You" (1996). Il débute derrière la caméra avec le court métrage "Through an Open Window" (1993) qu'il écrit et réalise. Il revient avec ce projet plutôt audacieux en 1998 (lancement du film) puisque en Noir et Blanc avec une forte influence de Michelangelo Antonioni et de Woody Allen, mais on en reparle un peu plus bas. Le film est également connu sous le titre "Judy Berlin" surtout en V.O. Un film qui sera particulièrement remarqué au Festival de Sundance... Babylon, ville de Long Island s'apprête à vivre à un moment inoubliable à savoir une éclipse qui va plonger la ville dans le noir quasi complet. Une journée particulière donc qui a marquer aussi la vie de quelques habitants. Il y a David qui est revenu vivre chez ses parents après avoir vécu des années difficile à Hollywood où finalement il n'a pas percé. Il rencontre justement Judy, une ancienne camarade de classe qui rêve encore de faire comme lui et de partir à Hollywood ce qu'elle s'apprête à faire dès ce jour attendant un train. Les deux vont alors passer la journée ensemble. Il y a aussi Arthur père de David et marié à Alice, cette dernière semble perdre la mémoire tandis que son époux se rapproche d'une collègue qui est la mère de Judy, et il y a Mme Engler qui semble souffrir de Alzheimer...

Judy Berlin est incarnée par Edie Falco vue dans les films "The Addiction" (1995) et "Nos Funérailles" (1996) tous deux de Abel Ferrara et qui retrouvera Eric Mendelsohn pour son prochain film "Three Backyards" (2010) mais surtout elle va devenir populaire pour son rôle d'épouse du Parrain dans la série TV à succès "The Soprano" (1999-2007). Sa mère est jouée par Barbara Barrie, actrice qui a débuté dans "Géant" (1956) de George Stevens et vue depuis dans "La Cage aux Femmes" (1963) de Hall Bartlett et "La Bande des Quatre" (1979) de Peter Yates. Son collègue est interprété par Bob Dishy second couteau connu du cinéma US dont on peut citer "Lune de Miel aux Orties" (1970) de Cy Howard, "Avec les Compliments de l'Auteur" (1982) de Arthur Hiller et plus récemment "Polly et Moi" (2004) de John Hamburg, son épouse est jouée par Madeline Khan actrice fétiche de Mel Brooks qu'on a déjà vu aussi dans les excellents "La Barbe à Papa" (1973) de Peter Bogdanovich et "Nixon" (1995) de Oliver Stone ; à noter que "Judy Berlin" est son dernier film avant de mourir d'un cancer ovarien. Leur fils acteur râté est incarné par Aaron Harnick vu dans "Happy Together" (1999) de Mal Damski et dont l'unique contribution futur au cinéma sera en tant que réalisateur-scénariste de "30 Days" (1999). Puis enfin citons Julie Kavner actrice fétiche de Woody Allen surtout réputée pour prêter sa voix à Marge et ses soeurs dans la série TV d'animation "The Simpson" (1989-...), puis Bette Henritze actrice depuis 1951, surtout vue à la télévision américaine mais aussi dans quelques films comme "Rage" (1972) de et avec George C. Scott, "Le Monde selon Garp" (1982) de George Roy Hill et "Loin du Paradis" (2002) de Todd Haynes... Le film est centré, normalement, sur le couple Judy et David, deux comédiens plus ou moins "pros". La promo comme la production place ce duo comme fil conducteur du film alors même qu'on s'aperçoit qu'ils ne sont pas plus présents que les autres protagonistes et que, surtout, ils sont assurément les moins intéressants.

D'abord on est gêné voir même agacé par le personnage de Judy (rôle titre donc) qui a tout d'une ado qui aurait vieilli trop vite ou d'une adulte qui aurait oublié de grandir. Le fait que l'actrice qui fait 10 ans de plus que son personnage affublée de surcroît d'un appareil dentaire grossier et caricatural n'aide forcément pas. Ce couple mal assorti, qui passe une journée ensemble n'apporte rien tant leurs discussions sont ineptes, sans enjeu avec un acteur râté qui a tout de l'hypocrite loser fini. Heureusement, les autres personnages sont beaucoup plus intéressants, plus touchants, et évoluent d'une manière ou d'une autre dans la communauté et/ou dans leur intimité. Ainsi on est particulièrement ému quand une ancienne prof à priori atteint d'Alzheimer gifle une collègue dans sa classe, on l'est encore lors d'une déclaration d'amour maladroite et sincère d'un homme d'âge mûr à une collègue qui attendait sans jamais avoir osé. Mais on sourit devant la fantaisie de la maman de David, on est plus touché quand on comprend les raisons de cette "fantaisie"... etc... Des personnages humains et émouvants, qui ne cherchent rien d'autres qu'un bonheur simple et normalement à porter de main. Forcément donc on pense à du Woody Allen, mais un Allen lunaire, pas si bavard et sans théorie psycho-philosophique qui se résume ici à une éclipse nimbé de singularité. Par là même le cinéaste rend un hommage joliment mis en scène à Antonioni en terminant son film qui renvoie au chef d'oeuvre "L'Eclipse" (1962). Le cinéaste signe un film qui ne pêche finalement que par son couple de comédien dont la partition est trop peu fouillée et inspirée. mais il y a un charme léger (ce qui n'empêche pas d'aborder quelques sujets difficiles sans que cela deviennent lourd ou pesant), il offre un Noir et Blanc séduisant et une atmosphère singulière. Un joli film qui ne manque pas de poésie.  

 

Note :     

14/20

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