La Loi de la Jungle (2021) de Max Winkler

par Selenie  -  25 Mars 2021, 09:07  -  #Critiques de films

À ne pas confondre avec le film français "La Loi de la Jungle" (2016) de Antonin Peretjatko. Max Winkler signe avec "Jungleland" (en V.O.) son second long métrage après "Flower" (2017). Le cinéaste avait auparavant fait ses armes à la télévision notamment sur les séries TV "New Girl" (2013-2014), "Brooklyn Nine-Nine" (2014-2016) ou encore "Lady Dynamite" (2016). Il co-signe le scénario avec Theodore B. Bessman producteur-scénariste de la série TV "Bad Sport" (2013), et avec David Branson Smith qui a écrit les films "Instalife" (2018) de Matt Spicer et "À la Dérive" (2018) de Baltazar Kormakur. Max Winkler retrouve donc deux acolytes qu'il a fait tourné comme acteur dans "Flower" pour ce projet dont l'histoire renvoie forcément à deux excellents films du genre avec "Warrior" (2011) de Gavin O'Connor et surtout "Fighter" (2011) de David O. Russell où il est question également de deux frangins dans le milieu de la boxe. À noter que parmi les producteurs on retrouve ceux derrière les films de "Manchester by the Sea" (2016) de Kenneth Lornergan et "American Woman" (2019) de Jake Scott...

Stan et Lion sont deux frères qui travaillent dans une usine en attendant que Lion perce dans la boxe, avec son frère comme manager et coach. Mais Stan prend une nouvelle fois un risque auprès d'un caïd du coin et une défaite de Lion les obligent à accepter une mission : aller combattre à un tournoi à mains nues, mais en amenant une jeune fille qu'il faut remettre à un autre parrain mafieux. Mais les risques ne sont plus les mêmes et les deux frères vont devoir faire des choix... Les deux frères sont incarnés par Charlie Hunman et Jack O'Connell ; le premier vu récemment dans "Le Gang Kelly" (2019) de Justin Kurzel et "The Gentlemen" (2020) de Guy Ritchie joue le frère aîné et manager, le second vu récemment dans "Seberg" (2020) de Benedict Andrews joue le jeune espoir de le boxe. Leur "colis" féminin est joué par Jessica Barden remarquée dans des seconds rôles dans "Hanna" (2011) de Joe Wright, "Loin de la Foule Déchaînée" (2015) de Thomas Vinterberg ou "The Lobster" (2015) de Yorgos Lanthimos, mais plus récemment également dans un rôle principal dans la série TV "The End of the F***ing World" (2017-2019). Les caïds sont interprétés par Jonathan Majors vu dans "Captive State" (2019) de Rupert Wyatt et "Da 5 Bloods" (2020) de Spike Lee, puis par le vétéran John Cullum connu par les plus jeunes comme homme de loi dans la série TV "New-York : Unité Spéciale" (2003-...), on peut aussi le citer comme juge dans le très bon "La Conspiration" (2001) de Robert Redford. Citons encore Fran Kranz vu dans les films "La Cabane dans les Bois" (2012) de Drew Goddard, "Beaucoup de Bruit pour Rien" (2012) de Joss Whedon et "La Tour Sombre" (2017) de Nikolaj Arcel... D'emblée le film semble clairement façonné sur les bases récurrentes du film de boxe, la galère, les bas-fonds, la crise, avec comme espoir la réussite sur les rings. Ensuite on pense forcément aux précédents films du genre, dont l'excellent "Fighter", où un aîné coach son jeune frère plus talentueux. Le côté "polar" où le duo doit de l'argent à un caïd est tout aussi récurrent autour de la Boxe notamment dans les films de l'Âge d'Or comme "Nous Avons Gagné ce Soir" (1949) de Robert Wise, voir "Le Baiser du Tueur" (1955) de Stanley Kubrick.

Sur le fond donc rien de bien folichon tant on devine le parcours, les rebondissements, l'évolution des uns et des autres, du jeune qui suit son aîné par habitude et lien du sang à la mission dégueulasse concernant la fille en passant par l'idylle qu'on voit arriver à des kilomètres et le lien fraternel qui ne peut de toute façon continuer ainsi. Les notions de fraternité ou de loyauté sont au centre de l'histoire dont la boxe offre un contexte cinématographique par excellence de par l'abnégation de ces sportifs, de par l'environnement social et de par la mythologie qui entoure les coulisses de ce sport avec ses escrocs et ses magouilles. Néanmoins, les scènes de combat manquent cruellement de véracité et/ou d'intérêt à l'exception notable du grand final. En ce qui concerne la fille on apprend trop peu de chose, ou plutôt, le flou qui l'entoure empêche toute empathie : prostituée ou non ?! Victime plus ou moins consentante ?! Jusqu'à cette séquence où la dite danseuse ne fait montre d'aucun talent particulier qui pourrait nous faire croire à une professionnelle quelconque. Elle est donc une "fille générique", basique, juste là pour étoffer un scénario très convenu. Par contre la référence à la religion vis à vis de Sky/Barden est plutôt bien amenée, du vrai prénom de Sky à la grossesse avec toute la symbolique qui peut en découler, moins subtil par contre en ce qui concerne Lion/O'Connell et la "Jungleland". Mais on s'attache à ses deux frangins qui se battent finalement avec ce qu'ils ont, quitte pourtant à se briser tant ils ne cherchent pas plus loin que leur simple lien fraternel. La vraie force du film réside surtout dans ce tandem, deux frangins qui sont interprétés par deux acteurs qui ont en commun cette animalité, à la fois virile et fragile, dans une alchimie idéale autant physique que morale. En conclusion, Max Winkler signe un film très classique pour surprendre, qui a surtout bien du mal à se défaire de ses références. Heureusement, le film n'est pas désagréable à regarder grâce aux thématiques qui ont déjà fait leurs preuves, ainsi que grâce à un superbe duo d'acteurs. Rien de mémorable, mais ça reste un bon moment.

 

Note :     

13/20
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