La Leçon de Piano (1993) de Jane Campion

par Llowenn  -  12 Octobre 2021, 15:05  -  #Critiques de films

Troisième film de la réalisatrice Néo-Zélandaise Jane Campion, La leçon de Piano se base sur plusieurs romans du XXème siècle dont l'adaptation du roman Histoire d'un fleuve en Nouvelle Zélande de Jane Mander publié en 1920. Jane Campion met de nombreuses années à imaginer, penser et écrire le scénario de ce film qui va propulser la réalisatrice en la récompensant d'une Palme d'Or (1993), seule femme réalisatrice à avoir obtenu cette récompense. 

 

Ada est une jeune femme écossaise, muette, qui arrive en Nouvelle-Zélande, avec sa fille Flora, pour se marier avec un inconnu, le colon Alistair Stewart, mariage arrangé par le père d'Ada. Débarquant sur la côte, elle laissera sur la plage son bien le plus précieux, son exutoire et sa façon de communiquer : son piano. Elle va découvrir une vie dont elle ne veut pas, à laquelle elle ne s'adapte pas avec un mari qu'elle n'a pas choisi avec lequel elle refuse de consommer son mariage. L'ami d'Alistair, Georges Baines qui s'est attaché à la culture des Maoris va racheter le piano contre des terres. Attiré par Ada, il va lui redonner le piano contre de la musique, puis contre des échanges sensuels qui vont mener les deux personnages à s'ouvrir l'un à l'autre jusqu'à entretenir une relation amoureuse. 

 

Toute la beauté et l'attrait pour le film se fait dès les premières minutes du film, Jane Campion entraine le spectateur dans un univers où la musique prend tout son sens, évoque la parole, les sentiments, les changement du personnage principal. La parole est secondaire, gestes et musiques font évoluer l'histoire, alors même que les protagonistes ont des personnalités et caractères bien définis. L'ensemble des paramètres, costumes, décors, lumières et personnages met en évidence des indices sur la situation (la terre sauvage - l'époux non aimé et l'arrivée sur une terre hostile, une atmosphère plus sombre - le lieu de rencontre des amants, le costume noir pour Ada - la réserve, la pudeur, la muette avec une fille bavarde un peu menteuse)... Tout se joue de contraste et de complexité. 

Le film prend son envolée avec la relation Ada - Baines, où la sensualité prend une dimension complexe de désirs et de craintes faisant de l'œuvre une ode passionnelle et dramatique. Sous un accord d'échange pour obtenir son piano, Ada va d'abord donner de sa voix par la musique puis elle va donner de son corps et découvrir par des gestes sensuels puis par la découverte de son propre désir, son amour pour un maori blanc qui sous des apparences brutes cache une véritable passion, un grand désir pour cette femme réservée. 

 

Le film est complètement porté par ses acteurs donnant à ses personnages si bien dessinés toutes leurs facettes. Le duo Holly Hunter (Ada, mutique et sombre) et Harvey Keitel (Georges Baines, maori blanc difficile à cerner) sont les éléments centraux du film dans une douce et sensuelle pudeur, leur histoire emmêle la relation du couple marié et la destine à un drame particulièrement froid révélant la personnalité sombre de l'époux Sam Neil (Alistair Stewart). Une histoire qui paraît simple mais qui montre toute la complexité de la nature humaine, des sentiments matures et des visions différentes de l'amour. La jeune Anna Paquin apporte la touche de fraicheur et d'innocence par le personnage de la Flora, superbe révélation. Les émotions livrés sont fortes, elles touchent et entrainent le spectateur dans ses méandres les plus profondes. 

 

Primés à de nombreuses reprises, la Leçon de piano est une leçon de cinéma, par sa justesse et son aboutissement avec en personnage principal un piano, qui s'exprime et bouleverse. Un film dont on ne se lasse pas, à aucune minute dans un rythme effréné où pourtant la lenteur est de prime.  Une des plus belles réalisation cinématographique.

 

Avis de Selenie ICI !

 

Note :    

 

20/20
La Leçon de Piano (1993) de Jane Campion
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