Cyrano de Bergerac (1990) de Jean-Paul Rappeneau
Bien avant l’excellent film Edmond (2018) D’Alexis Michalik sur la création de la pièce comique en 1897 qui est une adaptation d’une pièce de théâtre éponyme, en 1990 Jean-Paul Rappeneau signe son sixième long métrage en tant que réalisateur, de l’adaptation de l’excellente pièce de théâtre d’Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac. Il signe aussi le scénario avec Jean-Claude Carrière en modifiant quelques peu le texte pour raccourcir certaines tirades, modifier certains passages, avec quelques ajouts, ils gardent néanmoins l’essence même du texte en réussissant l’exploit de diminuer une pièce de 4h en un film de 2h17. Prouesse qui sera récompensée de nombreux prix dont le César du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur en 1991, en comptant aussi de nombreuses nominations.
Cyrano, homme d’esprit et fin bretteur aime en secret sa cousine Roxane déjà convoitée par le conte de Guiche, il n’ose lui avouer son amour tant il se sait laid, défiguré par un très grand nez. Christian de Neuvillette, homme beau mais avec peu d’esprit demande de l’aide à Cyrano pour séduire la belle, avec sa complicité lettrée, Roxane tombe sous le charme du jeune homme. Se rendant compte que l’esprit a séduit Roxane, plus que sa beauté, Christian veut lui avouer la vérité mais meurt avant. Roxane, se replie alors dans un couvent pour faire le deuil de cet amour perdu, Cyrano, quant à lui reste muet, jusqu’à ce que la vérité éclate mais trop tard.
La grande réussite de ce film est d’avoir réussi à faire d’une pièce de théâtre, un film sans que celui-ci perde cet esprit théâtral. Ainsi, décors, lumières et costumes nous entraine dans un monde cinématographique mais répliques, prestance, jeux d’armes et jeux de corps nous ramène dans l’univers du théâtre. Ainsi, on jongle entre deux mondes sans que l’un prenne le dessus sur l’autre.
A cela ajoutons un jeu d’acteurs qui ne souffre d’aucun défaut. Cyrano interprété par un sublime Gérard Depardieu, au sommet de son art dans ces années-là, livre un Cyrano avec justesse, entre l’homme de lettres qui sait faire des répliques pour combler sa difformité tout en la défendant d’une rapière qu’il maîtrise finement. On s’amuse par les vers mais aussi par le plaisir évident que prend l’acteur à jouer ce personnage, il le transcende et donne son charisme exubérant à un personnage déjà extraordinaire. Jacques Weber qui interprète De Guiche est un habitué de cette pièce, grand amateur de Rostand, il a interprété plusieurs fois l’homme au nez sur les planches et livre cette fois à l’écran un Guiche aussi détestable que pion maître pour le déroulement de l’histoire. Vincent Pérez, signe son 4ème rôle au cinéma avec ce personnage phare qu’est Christian, en apportant la touche de jeunesse naïve. Enfin, la figure féminine se fait sous les traits d’Anne Brochet apporte la douceur dans ce monde d'homme, si un défaut devait être nommé, elle donne une prestation un peu fade au départ avant de s'éveiller au fur et à mesure du film.
Un réel moment de plaisir qui ne souffre d'aucun défaut de temps, on se plonge dans cette œuvre avec volupté. On ne voit pas le temps passer, on s'amuse des jeux linguistiques et on s'offre un grand moment de cinéma.
Note :