Kingsman : services secrets (2015) de Matthew Vaughn
Avec la sortie du prélude de "The King's Man: première mission", revenons sur le premier volet sorti en 2015. Matthew Vaughn signait alors son 5ème film après Stardust, Kick-Ass ou encore "X-Men : le commencement" mais cette fois dans un film d’action mélangeant les genres action BCBG avec un personnage central banlieusard au langage ayant quelques défauts.
Eggsy est le fils d'un homme mort pendant une mission de recrutement pour les services Kingsman. Des années plus tard, fort intelligent, parti de l'armée, sans emploi, Eggsy vit dans la banlieue en compagnie de sa mère, sa petite sœur et son beau-père violent et ne sait pas comment sortir de cette situation. Il rencontre alors l'espion Harry Hart qui lui donne une chance d'intégrer le service secret.
Si le scénario reste banal du jeune de la rue qui accède à quelque chose dont il ne pouvait rêver, le synopsis y intègre des éléments d’une actualité brulante (écologie, monde numérique, effet de masse etc.), en les abordant via une touche d’humour poussé à un second degré. Ainsi, le philanthrope est un milliardaire richissime avec un look loin des stéréotypes et parlant avec un cheveu sur la langue, génie écouté alors qu’il n’a rien sur lui qui pourrait apporter de la crédibilité. On a, sous-jacent au film d’action, l’évocation de différents problèmes (aucun questionnement n’est posé par la population sur un don qui parait invraisemblable, la question de la femme bien sous tout rapport qui finit coincée dans une relation toxique, la possibilité des jeunes de la rue à intégrer des bonnes écoles et leur intégration etc.).
Il faut avouer une chose, tout le film est absolument porté par Colin Firth qui signe un rôle sur mesure. Le genre cravatée jusqu’au col lors de ces apparitions diverses, il se transforme sans (quasiment) se décoiffer en un redoutable espion équipé de gadget à la James Bond. On s’amuse des différents personnages bien sous tout rapports avec les touches d'humour et de flegme britannique qui se confrontent à ce jeune de la rue Eggsy (Taron Egerton). Là encore, on ne tombe pas dans le cliché du jeune bouc-émissaire qui va devenir un héros mais au contraire, lui aussi apprends à ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Jolie morale que chacun a sa place à partir du moment où l’on met son égo et ses aprioris au placard. L’acteur offre une belle palette d’évolution au personnage, lui donnant un peu plus de consistance et son duo avec Colin Firth est impeccable. Si le couple fonctionne bien, il met aussi en lumière les défauts d’autres acteurs Roxie/Sophie Cookson qui est complètement fade voire effacée dans le film et de Samuel L. Jackson qui dans ses mimiques fait passer son personnage de protagoniste à prendre au second degré à protagoniste frôlant avec l’absurde, ça manque de finesse, le personnage n’avait pas besoin qu’on en rajoute. Enfin, le rôle de Merlin/Mark Strong est surfait dans un mélange entre Money Penny (007) et Alfred (Batman), un peu plus de développement n’aurait pas fait de mal et le personnage d’Arthur/Michael Caine, tout comme son dénouement est trop attendu.
Un réel point d’orgue aussi dans le film, ce sont les scènes d’action et particulièrement celle de l’église qui sous une démonstration de violence inouïe, montre un talent de réalisation. Caméra à l’épaule, les plans séquences se fondent en une seule scène où le téléspectateur reste en apnée du début à la fin. Magique.
Un film qui surprend, une bonne surprise, un film divertissant à prendre avec beaucoup d'humour.
Note :