Mort de Peter Bogdanovich

par Selenie  -  7 Janvier 2022, 14:44  -  #Décès de star - Bio

2022 et premier grand départ avec la mort du critique, acteur et réalisateur Peter Bogdanovich survenue ce 6 janvier à l'âge de 82 ans.

Né en 1939 dans l'état de New-York, Petar Bogdanovic est le fils d'un artiste serbe orthodoxe et d'une mère juive qui ont fui l'Europe nazie et qui arrive aux Etats-Unis peu de temps avant la naissance de leur fils.

 

À 15 ans, il participe à un stage d'été de l'Académie américaine d'Art Dramatique dans le Michigan ce qui lui ouvre soudain des perspective et le pousse à poursuivre dans cette voie. Il reçoit d'abord un enseignement de l'actrice Eleanor Gould puis surtout il est formé par Stella Adler, elle-même issu de l'Actor de Lee Strasberg. Un élève doué puisqu'il monte sa première pièce de théâtre dès 1959 avec "Le Grand Couteau" (1949) de Clifford Odets, pièce adaptée au cinéma peu de temps avant avec le film éponyme (1955)  de Robert Aldrich.

 

Cinéphile et cinéphage il voit alors plus de 400 fils par an et devient critique de cinéma, en écrivant entre autre pour le magazine Esquire (qui seront rassemblés dans le livre "Pieces of Time" en 1973), mais il devient aussi programmateur de films au Museum of Modern Art de New-York mais, surtout, influencé notamment par un certain François Truffaut des Cahiers du Cinéma devenu réalisateur, il écrit son premier livre avec "The Cinema of Orson Welles" (1961) qui sera suivi de Howard Hawks (1962) et de Alfred Hitchcock (1963).

 

En 1966 il déménage et quitte New-York pour Los Angeles où il commence au cinéma comme acteur en tournant coup sur coup "Are You Here" (1966), "Les Anges Sauvages" (1966 - ci-dessous) avec Peter Fonda en pré-"Easy Rider" (1969) et "The Trip" (1967) tous trois de Roger Corman. 

Il sort encore deux livres, "John Ford" (1967 - augmenté en 1978) et "Fritz Lang in America" (1967) puis réalise sa première oeuvre pour la télévision avec le documentaire sur un grand du cinéma, "The Great Professional : Howard Hawks" (1967).

 

Il fait l'acteur pour le court métrage "Vienna" (1968) de Orson Welles puis enfin il réalise son premier long métrage de fiction avec "Voyage to the Planet of Préhistoric Women" (1968) où il offre le rôle principal à la pin-up icônique Mamie Van Doren, puis enchaîne aussitôt avec le film "La Cible" (1968 - ci-dessous l'acteur-réalisateur Bogdanovich avec Boris Karloff) où il offre le rôle principal au monstre sacré alors en fin de carrière Boris Karloff.

Il retourne devant la caméra pour "Lions Love" (1969) de Agnès Varda alors qu'elle effectue une séjour outre-Atlantique. Il continue  également à écrire et sort le livre "Allan Dwan : the Last Pioneer" (1970) puis signe dans la foulée le documentaire "Réalisé par John Ford" (1971). Il écrit et réalise le film "La Dernière Séance" (1971 - ci-dessous) avec Jeff Bridges, Ben Johnson, Ellen Burstyn et Cybill Sheperd qui devient sa compagne. Le film est un triomphe critique et public. Bogdanovich, déjà critique réputé devient enfin un réalisateur reconnu.

Il est acteur une nouvelle fois pour son ami dans "De l'Autre Côté du Vent" (1972) de Orson Welles, et tourne la même année son 4ème long métrage de fiction avec la comédie "On s'fait la Valise, Docteur ?" (1972 - ci-dessous) avec le duo Barbara Streisand et Ryan O'Neal qui remporte un énorme succès. 

Il retrouve la star Ryan O'Neal qu'il fait jouer en duo avec sa propre fille Tatum O'Neal dans l'excellent "La Barbe à Papa" (1973 - ci-dessous) qui est un nouveau succès avec en prime l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour Tatum qui a alors seulement 10 ans !

La Barbe à Papa (Paper Moon) (1973) de Peter Bogdanovich - Shangols

Il offre ensuite deux films à sa compagne Cybill Sheperd (ci-dessous), la drame "Daisy Miller" (1974) qui est un échec, puis la comédie musicale "Entre l'Amour" (1975) avec aussi Burt Reynolds mais c'est une second échec. Deux déceptions qui vont amener à leur séparation tandis que l'actrice aura des difficultés à poursuivre une carrière digne de son talent.

Bogdanovich rappelle alors son duo "porte-bonheur" père-fille avec Ryan et tatum O'Neal pour le film "Nickelodeon" (1976 - ci-dessous) une évocation de l'ancêtre du cinéma. Entre temps il apparaît devant la caméra dans le film "Opening Night" (1977) de John Cassavetes, puis il rencontre malheureusement à nouveau deux échecs avec le suivants "Jack le Magnifique" (1979) avec Ben Gazzara qu'il retrouve sur "Et tout le Monde Riait" (1981) avec aussi Audrey Hepburn.

Il retrouve le succès avec le drame "Mask" (1985 - ci-dessous entre deux prises), histoire vraie où un ado incarné par Eric Stoltz est atteint de dysplasie craniométaphysaire et dont la mère est joué par Cher qui reçoit le Prix d'interprétation au Festival de Cannes 1985.

Eric Stoltz & Cher + Al Pacino & Catherine O'Hara: Biggest Oscar Snubs

Il réalise ensuite "Illégalement Votre" (1988) avec la jeune star Rob Lowe membre d'un jury et qui tente d'innocenter sa première petite amie, un film qui passe relativement inaperçu. Il signe ensuite "Texasville" (1990 - ci-dessous sur le tournage) pour lequel il retrouve Jeff Bridges et Cybill Sheperd pour ce qui est la suite de son film culte "La Dernière Séance" ce qui attire un certain intérêt du public comme de la critique.

Il réalise "Bruits de Coulisses" (1992) avec Michael Caine qui a des difficultés à monter une pièce de théâtre, puis réalise "Nashville Blues" (1993) sur un couple de chanteur de country avec River Phoenix et une Sandra Bullock alors encore inconnue.

 

Il signe aussi des livres avec "This is Orson Welles" (1992 - ci-dessous) et "A Moment with Miss Gish" (1995) tandis qu'il revient à la télévision en commençant à réaliser des épisodes de séries TV comme "Fallen Angels" (1995) puis en jouant l'acteur dans le court métrage "Never Say Goodbye Aids Benefit" (1995) de Yoko Ono.

This Is Orson Welles by Orson WellesW for Welles – Io, Orson Welles, di Peter Bogdanovich, tracce evidenti di  genialità - SentieriSelvaggi

Il délaisse un peu la réalisation, poursuit l'écriture avec "Who the Devil Made It : Conversation with Legendary Film Directors" (1997) et "Peter Bogdanovich's Movie of the Week" (1999) et entre temps il multiplie l'actorat pour les autres. On le voit ainsi dans les films "Highball" (1997) et "Mr. Jealousy" (1997) tous deu de Noah Baumbach, "Studio 54" (1998) de Mark Christopher et le court métrage "Lick the Star" (1998) de Sofia Coppola.

 

Le cinéaste revient derrière la caméra avec "Un Parfum de Meurtre" (2001 - ci-dessous) avec Kirsten Dunst incarnant la star Marion Davies qui relate la croisière durant laquelle l'acteur Thomas H. Ince est mort de façon mystérieuse alors que se trouvaient à bord le milliardaire William R. Hearts, sa compagne Marion Davies, Charles Chaplin et la journaliste mondaine Louella Parsons. 

Il signe ensuite pour la télévision le téléfilm "Nathalie Wood : le Prix de la Gloire" (2004), joue pour la série TV "Les Soprano" (2004) en profitant pour réaliser l'épisode "Sentimental Education". Il écrit aussi la suite de son livre d'entretiens "Who the Hell's in It : Conversation with Hollywood's Legendary Actors" (2004).

 

Il signe le documentaire "Tom Pretty and the Heartbreakers : Runnin'Down a Dream" (2007), entre temps il continue à faire l'acteur souvent pour un simple épisode dans des séries TV comme "New-York, Section Criminelle" (2005-2007), "How I Met Your Mother" (2010) ou "The Good Wife" (2014). Mais il apparaît aussi dans les films "Scandaleusement Votre" (2006 - ci-dessous au côté de Isabella Rossellini) de Douglas McGrath et "Amis pour la Vie" (2013) de Matthew Weiner.

Son dernier long métrage de fiction est "Broadway Therapy" (2014 - ci-dessous) pour lequel il retrouve son ex Cybill Sheperd accompagnée de Jennifer Aniston et Owen Wilson.

Mais finalement assez logiquement sa dernière oeuvre est un documentaire cinéphile avec "The Great Buster" (2018), qui sort la même année qu'un nouveau livre, mais cette fois c'est lui le sujet dans "Le Cinéma comme Elégie : Conversation avec Peter Bogdanovich" (2018) de Jean-Baptiste Thoret. 

Peter Bogdanovich aura été aussi un grand séducteur. Il épouse à 23 ans la directrice artistique Polly Platt avec qui il a deux filles. Il la quitte en 1971 pour la mannequin Cybill Sheperd, qu'il quitte à son tour en 1979 pour la playmate Dorothy Stratten mais cette dernière est assassinée dès 1980 par l'ex éconduit. Bogdanovich écrira sur elle le livre "The Killing of the Unicorn - Dorothy Stratten" (1984). Il se remarie ensuite avec la petite soeur Louise Stratten en 1988 dont il divorce en 2001 tout en continuant à vivre avec elle dans sa propriété de la vallée de San Fernando.

 

Peter Bogdanovich restera dans les mémoires cinéphiles comme un Bertrand Tavernier à l'américaine, à la fois cinévore, critique, écrivain puis également acteur devant et derrière la caméra des autres et la sienne, réalisateur de quelques films cultes des seventies.

 

Peter Bogdanovich est mort ce jeudi 6 janvier 2022 à l'âge de 82 ans et est parti rejoindre ses idoles et amis comme Orson Welles et John Ford au Panthéon du Septième Art.

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Oui, la comparaison avec Tavernier (comme cinéphile et écrivain) est très pertinente. Je ne suis pas sûr d'avoir vu ses films, mais j'ai lu (grâce à dasola) les deux tomes d'entretiens titrés "Les maîtres d'Hollywood" (éd. Capricci, 2018, trad. Julien Marsa, Mathilde Trichet & Charles Villalon).<br /> Encore toute une mémoire qui disparaît...
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