Drive my Car (2021) de Ryusuke Hamaguchi
Particulièrement remarqué avec ses films "Senses" (2015) et "Asako I & II" (2018), le réalisateur Ryusuke Hamaguchi revient avec un nouveau projet qui a été salué par la critique et, plus surprenant, par le public qui s'est notamment déplacé en France pour plus de 200 000 entrées France ce qui est assez bluffant vu la singularité du film. Outre le magnifique accueil au Festival de Cannes 2021 avec le Prix du Scénario, le film est aussi lauréat du Golden Globe, de l'Oscar et du BAFTA du meilleur film étranger. Ce film est "Drive my Car", une adaptation de trois nouvelles du recueil "Des Hommes sans Femmes" (2014) de Haruki Murakami, à savoir les nouvelles "Drive my Car", "Shéhérazade" et "Le Bar de Kino". Le cinéaste a écrit ce film en parallèle du film co-signé le scénario "Les Amants Sacrifiés" (2021) de Kiyoshi Kurosawa. Ryusuke Hamaguchi a co-signé son scénario avec Takamasa Oe, réalisateur du film "Asurito : Ore ga Kare ni Oboreta Hibi" (2019) et scénariste de la série TV "The Naked Director" (2021). Le cinéaste précise sur son film : "Mon objectif était de laisser ces questions et ces réponses se dérouler à la façon d'une chaîne de "voix" apportant la vérité, comme dans la nouvelle, pour finir par la réponse de Kafuku. Il s'agissait aussi de créer pour les spectateurs une expérience qui leur permette de ressentir continuellement, intuitivement, la vérité à travers la fiction qui se joue."...
Alors qu'il doit monter la pièce "Oncle Vania" pour un festival à Hiroshima, Yusuke Kafuku doit se remettre d'un drame personnel. Alors qu'il devait jouer le rôle titre il décide de se focaliser uniquement sur le mise en scène. L'organisation lui octroie un chauffeur pour sa propre voiture, Misaki, une jeune femme discrète. D'abord désappointé par cette mesure, Yusuke finit par s'habituer à cette chauffeuse très professionnelle. Au fil des trajets un lien se crée... Le metteur en scène est incarné par Hidetoshi Nishijima remarqué dans "Dolls" (2002) de Takeshi Kitano et surtout vu chez Kiyoshi Kurosawa dans "License to Live" (1998), "Loft" (2005) et "Creepy" (2016). La chauffeuse est jouée par Toko Miura vue entre autre dans "Lesson of the Evil" (2012) de Takashi Miike, "Sakura no Ame" (2015) de Atsushi ueda et "Tsukiko" (2017) de Michio Koshikawa. L'épouse est interprétée par Reika Kirishima vue dans "Inju, la Bête dans l'Ombre" (2008) de Barbet Shroeder et "La Ballade de l'Impossible" (2011) de Tran Anh Hung. Citons ensuite Masaki Okada vu notamment dans "Villain" (2010) de Lee Sang-il, "Himitsu" (2016) de Keishi Otomo et "Jojo's Bizarre Adventure" (2017) de Hirohiko Araki, puis Perry Dizon vu dans "Norte" (2015) de Lav Diaz et "Captive" (2012) de Brillante Mendoza. Plusieurs seconds rôles sont tenus par des inconnus comme Dae-Young Jin, Yoo-Rim Park, Sonia Yuan ou Satoko Abe... Le premier soucis reste la durée du film, pas au début, on s'en rend compte au fil du récit quand arrivé à environ mi-parcours on se dit qu'on a pas encore vu la chauffeuse ! En effet, sur une durée de près de 3 heures, la chauffeuse entre dans l'histoire qu'au bout de 1h30. La première partie se focalise sur le metteur en scène et sa conjointe, le deuil et tandis qu'on attend que l'histoire prenne toute son ampleur et tienne ses promesses sur la relation entre cet artiste et la jeune femme qui va conduire son auto.
C'est long, surtout que cette première partie n'apporte pas grand chose, pour la compréhension de la suite. La durée n'est nullement nécessaire. On sort de torpeur donc avec l'arrivée de la conductrice, bout de femme qu'on sent volontaire et loin d'être fragile mais qui nous émeut aussi par son effort d'être assez bonne dans son domaine pour valoir n'importe quel homme. Néanmoins, on se dit que son arrivée ne tient pas franchement la route. En effet, elle est engagée comme chauffeuse, mais de la voiture personnelle du metteur en scène (?!) comme si le festival pouvait obliger l'artiste d'accepter aussi bien d'être conduit que de laisser le volant de sa propre voiture. Bref, un léger détail mais qui brise le vraisemblance de la rencontre. Mais la relation entre eux prend trop de temps, parasitée par de sempiternelles répétitions qui donnent la sensation de tourner à vide, c'est trop redondant, trop bavard sans que cela ait de fond. On tente de percevoir un propos ou une réflexion sur l'art mais cela s'avère pompeux et inepte. Une sensation peu intéressante tant le metteur en scène/Nishijima est peu empathique car trop mutique, trop monolithique qui se fissure bien un peu face à sa chauffeuse/Miura mais ça tarde trop à se mettre en place et surtout leur relation n'a rien de très probant et/ou de constructif au final. On aurait aimé un film plus dense, une relation entre les deux plus forte et centrale dans le récit. Bref on s'ennuie beaucoup. Il y a quelques passages réussis comme le dîner, des gros plans sur les regards qui ne manquent pas d'émotion, mais les lectures tournent à vide et le temps fini par user. Note indulgente.
Note :