Mort du réalisateur Bob Rafelson

par Selenie  -  25 Juillet 2022, 14:06  -  #Décès de star - Bio

Un des chefs de file du New Hollywood, le réalisateur Bob Rafelson est mort ce samedi 23 juillet à l'âge de 89 ans.

Né en 1933 à New-York au sein d'une famille juive aisée, le père est fabricant de chapeau tandis qu'il aura une relation difficile avec sa mère alcoolique qui a une tendance à être manipulatrice. Il a un frère et un cousin qui n'est autre que le dramaturge Samson Raphaelson qui fut scénariste à nombreuses reprises du réalisateur Ernts Lubitsch. Des années plus tard, Bob Rafelson dira de lui : "S'il aimait une photo, alors j'étais son neveu préféré. Mais s'il ne l'aimait pas, j'étais un cousin éloigné !" Malgré une scolarité assez normale dans des écoles privées et en pensionnat, diplômé en 1950 il prit aussi l'habitude de fuguer allant à l'aventure ce qui le poussa jusqu'à participer à un rodéo en Aizona ou à jouer dans un groupe de jazz à Acapulco. Il étudie un temps la philosophie puis est enrôlé par l'armée où il est stationné au Japon. Un tournant, puisque c'est là-bas qu'il commence à se passionner pour le cinéma notamment et surtout via les films de Yasujiro Ozu : "Vous devriez regarder un film d'Ozu plus d'une fois - disons Tokyo Story - j'ai été hypnotisé par l'immobilité de ses cadres, sa sûreté de composition."

 

Il revient aux Etats-Unis, où normalement il doit reprendre l'entreprise familiale mais il réussira à imposer ses choix. Il épouse sa première épouse en 1955, Toby Carr qui est son premier amour d'adolescence et qui sera Chef décoratrice notamment pour les films de son époux. Installé à New-York il commence à travailler pour la télévision dès 1959. Le couple part s'installer à Los Angeles en 1962.

 

Il travaille alors comme scénariste pour la filiale télévision de Universal entre autre pour les séries TV "Play of the Week" (1960) ou "Witness" (1961).Ami avec Bert Schneider qui travaille chez Columbia, ce dernier le convainc de démissionner de Universal pour créer avec lui la société de production Raybert Productions et qui deviendra, avec l'arrivée d'un troisième associé Steve Blauner, la BBS une des sociétés les plus influentes du cinéma américain des années 70. Ils montent alors en 1967 une émission fortement inspiré des Beatles, recrutant ainsi un groupe ersatz des stars britanniques, The Monkees, avec lesquels il crée une série TV musicale qui connaît un grand succès. Rafelson apprend la mise en scène sur le tas durant cette émission.

Trouvant cette émission trop commerciale, Bob Rafelson s'en détache et cherche un projet "qui montre le côté farce, escroquerie de ce groupe". Il réalise ainsi son premier long métrage avec "Head" (1968 - ci-dessus) inspiré par la Nouvelle Vague et par le film "Huit et Demi" (1963) de Federico Fellini et surtout co-écrit avec son ami Jack Nicholson (ensemble en 1969 ci-dessous), mais les fans des Monkees trouvent le film trop "pointus" et les cinéphiles n'ont que faire d'un ersatz des Beatles. Le film est un échec.

Il persévère, et retrouve Jack Nicholson pour le premier rôle du film "Cinq Pièces Faciles" (1970 - ci-dessous), cette fois le succès est au rendez-vous avec des critiques dithyrambiques en prime dont des nominations aux Oscars pour les deux acteurs principaux.

Il enchaîne avec un tout autre genre pour le film "The King of Marvin Gardens" (1972 - ci-dessous) toujours avec Jack Nicholson entouré cette fois de Bruce Dern et Ellen Burstyn. Puis poursuit sa collaboration avec Nicholson pour "Stay Hungry" (1976) où il joue aux côtés d"un certain Arnold Schwarzenegger qui gagna pour ce film le Golden Globe de la meilleure révélation. Ces deux films ne rencontreront pourtant pas le même succès malgré que Jack Nicholson soit devenue une des plus grandes stars mondiales entre temps.

Ensuite, le réalisateur s'attaque à un monument en adaptant un roman de James M. Cain, qui fut déjà porté à l'écran puisqu'il s'agit de "Le Facteur sonne Toujours Deux Fois" (1946) de Tay Garnett qui est un des Films Noirs majeurs de l'Âge d'Or de Hollywood. Pour cette seconde adaptation "Le Facteur sonne Toujours Deux Fois" (1990 - ci-dessous) Nicholson forme un couple sulfureux avec Jessica Lange. Cette fois le succès est au rendez-vous.

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Le réalisateur signe ensuite son premier film sans collaboration avec son ami Jack Nicholson. Il s'agit du thriller "La Veuve Noire" (1987) avec Debra Winger, Theresa Russell et le frenchy Sami Frey. Il réalise ensuite son chef d'oeuvre avec le film historique "Aux Sources du Nil" (1990) avec Patrick Bergin et Iain Glen sur les aventures des explorateurs Richard Burton et John Hanning Speke qui sont à l'origine de la découverte de la source du Nil au 19ème siècle. Le film est nettement le meilleur film du cinéaste qui est alors au sommet de son art.

Après cette belle réussite, le réalisateur retrouve Jack Nicholson pour un projet qui avait été écrit dans les années 70 et pour lequel Nicholson devait partager l'affiche avec Jeanne Moreau. Deux décennies après la star fait finalement duo avec Ellen Barkin pour le film "Man Trouble" (1992 - ci-dessous) qui reste un gros et grand échec aussi bien public que critique. Le film ne récolte moins de 1/5ème du budget et même Nicholson a droit à sa nomination au Razzie Award du pire acteur !

Qu'importe, le duo Rafelson-Nicholson se reforme une 6ème et ultime fois pour "Blood and Wine" (1996 - ci-dessous), comédie noire et policière avec Stephen Dorff, Michael Caine et Jennifer Lopez. Pas catastrophique, mais le film n'est pas non plus entré dans les mémoires.

Après un court métrage "Tales of Erotica" (1995), un téléfilm "Embrouille à Poodle Springs" (1998), il faut attendre quelques années avant le retour au cinéma du réalisateur avec le polar "Sans Motif Apparent" (2002) avec Samuel L. Jackson et Milla Jovovich. Ce dernier film reste un polar de bonne facture mais le succès reste trop mitigé pour satisfaire le cinéaste qui ne reviendra plus derrière la caméra.

Pourtant il réapparaîtra, mais devant la caméra pour le documentaire "We Blew It" (2017) de Jean-Baptiste Thoret.

 

Bob Rafelson aura deux enfants de sa première épouse Toby Carr (1955-1977) deux enfants, Peter né en 1960 à New-York et Julie née en 1962 à Los Angeles. Le cinéaste se remaria en 1999.

 

Bob Rafelson est mort ce samedi 23 juillet 2022 chez lui à Aspen à l'âge de 89 ans.

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T
Ah tiens, je croyais qu'il avait eu deux enfants... ;-)
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S
Effectivement ça fait bizarre ;)