Prometheus (2012) de Ridley Scott

 Après la déception "Robin des Bois" (2010), Ridley Scott ressort des tiroirs un projet de longue date, à savoir un prequel à son "Alien le Huitième Passager" (1979). Un serpent de mer qui date de la fin des années 90, où il avait même envisagé un projet en commun avec James Cameron, réalisateur du second opus "Aliens" (1986), mais qui tombera aux oubliettes pour le médiocre dyptique "Alien VS Predator" (2004-2007). Cette fois le 20th Century Fox ne laisse pas le choix à Ridley Scott qui ne voulait qu'être producteur. Il se lance alors dans ce projet en imaginant à la fois un prequel et un film indépendant mais dans le même univers, une sorte de "faux prequel". L'idée est surtout de revenir aux origines du "Space Jokey", l'extraterrestre fossilisé qu'on devine victime d'un "Chestburster" dans le premier "Alien". Le scénario est d'abord écrit par Jon Spaihts qui avait envoyé une ébauche qui a plu ; le scénariste persistera dans la SF avec entre autre "Doctor Strange" (2016) de Scott Derrickson et "Dune" (2020) de Denis Villeneuve. Le scénario est ensuite finalisé par Damon Lindelof qui a ainsi écrit entre "Star Trek" (2009) et "Star Trek Into Darkness" (2013) tous deux de J.J. Abrams. Le film est toujours produit par Walter Hill et David Giler qui sont depuis le début de la saga. Le film est doté d'un budget de 130 millions de dollars. Précisons que le lien avec les origines s'effectue dès la bande-annonce qui reprend la structure, le montage et la bande-son de "... le Huitième Passager"... 2085, soit 37 ans avant les événements du premier "Alien", une équipe d'explorateurs découvre un indice sur l'origine de l'humanité sur Terre. Cette découverte les pousse jusqu'à des planètes inexplorées jusque là. Quand ils arrivent sur LV-223 ils font de nouvelles découvertes inouïes mais ils découvrent aussi qu'ils ne sont pas seuls...

Ces explorateurs sont joués par Noomi Rapace auréolée du succès de la trilogie "Millenium" (2009-2010) et qui a confirmé son arrivée à Hollywood avec "Sherlock Holmes : Jeu d'Ombres" (2011) de Guy Ritchie, Michael Fassbender remarqué dans "Hunger" (2008) de Steve McQueen et "Inglourious Basterds" (2009) de Quentin Tarantino et surtout auréolé du succès de "X-Men : le Commencement" (2011) de Matthew Vaughn, Charlize Theron star de "The Yards" (2000) de James Gray et auréolé de son Oscar pour "Monster" (2003) de Parry Jenkins et encore en pleine ascension avec son entrée dans la franchise "Alien", Idris Elba qui retrouve Ridley Scott après "American Gangster" (2007) et lui aussi tout juste auréolé d'un succès mondial, celui de "Thor" (2011) de Kenneth Branagh, Guy Pearce acteur magnifique vu dans "L.A. Confidential" (1997) de Curtis Hanson, "Vorace" (1999) de Antonia Bird, "Memento" (2000) de Christopher Nolan ou encore "Animal Kingdom" (2010) de David Michôd, Rafe Spall remarqué chez les Cornetto avec la trilogie "Shaun of the Dead" (2004), "Hot Fuzz" (2007) et "Le Dernier Pub avant la Fin du Monde" (2013) tous de Edgar Wright, Sean Harris vu entre autre dans "Harry Brown" (2009) de Daniel Barber, qui retrouvera Fassbender dans "Macbeth" (2015) de Justin Kurzel et qui retrouvera plus tard dans "The Green Knight" (2021) de David Lowery sa partenaire Kate Dickie qu'on remarquera particulièrement dans les excellents "The Witch" (2015) et "The Northman" (2022) tous deux de Robert Eggers, Patrick Wilson qui est alors en pleine ascension après "Watchmen" (2009) de Zack Snyder et "Insidious" (2010) de James Wan, et qui retrouve après "Young Adult" (2011) de Jason Reitman sa partenaire Charlize Theron, Emun Elliott remarqué dans "Black Death" (2010) de Christopher Smith et qui retrouvera Ridley Scott pour "Exodus : Gods and Kings" (2014), Benedict Wong qui deviendra surtout populaire en intégrant Marvel en incarnant Wrong à partir de "Doctor Strange" (2016) de Scott Derrickson, puis citons Giannina Facio qui n'est autre que madame Ridley Scott à la ville depuis le tournage de "Gladiator" (2000) et qui jouera un petit rôle dans tous les films de son conjoint jusqu'au film "Tout l'Argent du Monde" (2017). Puis enfin n'oublions pas Ian Whyte qui incarne le Dernier Ingénieur après avoir été plusieurs Predators dans le dyptique "Alien VS Predator"... Sans aucun doute l'un des 3-4 films les plus attendus de 2012, autant dans l'attente qualitative intrinsèque à l'oeuvre que dans son rapporte avec la saga mythique de "Alien". Ridley Scott est évidemment attendu au tournant, surtout après avoir avouer qu'il voulait faire encore plus fort que "Avatar" !... Casting parfait même si Logan Marshall-Green fait trop penser à Tom Hardy. L'histoire est très dense et offre une multitude de direction et de questions qui n'ont, malheureusement, pas tous de réponses ; il est dommage que ce film ouvre une nouvelle saga. Est-ce que "Prometheus" est un prequel à "Alien" ?! Oui et non et le plus gênant est que Ridley Scott semble lui-même hésité.

L'ADN Alien est effectivement dans ce film mais tout du long l'hésitation entre prequel pur et simple clin d'oeil gêne plus ou moins la lecture du film. C'est donc au spectateur de choisir la route à prendre. Pour ma part je choisis l'option deux ; il ne s'agit pas d'un prequel mais simplement d'une nouvelle aventure spatiale dans laquelle le cinéaste n'a pas pu s'empêcher d'y mettre une filiation qu'on désire et que lui pas vraiment semble-t-il. En effet "Prometheus" est un film dont la trame principale est la recherche des origines de l'humanité, Alien est donc complètement superflu. Outre le débat Alien ou pas Alien il est de toute façon clair que Ridley Scott est un maitre de la SF et qu'il signe là un film de toute beauté. Il reste le scénario aux méandres plus sinueux  et plus métaphysiques. L'ouverture du film est en cela somptueuse. Ensuite l'histoire met un peu trop de temps à démarrer. L'histoire prend largement plus d'intérêt et d'efficacité lors du "premier contact". Le réalisateur du premier "Alien" quitte le thriller horrifique du premier pour s'enfoncer encore plus dans l'horreur avec des scènes particulièrement chocs qui font leur effet sans coup faillir. Ensuite, à l'instar du début, le film met du temps à se finir avant une dernière scène déjà culte. Au final Ridley Scott offre un premier opus d'une nouvelle saga qui tient relativement bien ses promesses mais qui n'est pas le chef d'oeuvre attendu. Si ADN Alien il y a, il aurait fallu assumer le prequel à fond plutôt que des clins d'oeil et des scènes clés. Un magnifique film, majeur sans aucun doute mais qui gagnerait à ne pas être le cul entre deux chaises. Mais attention, ce film risque de prendre de la valeur avec les années, à revoir donc... Le succès est mitigé avec moins de 1,9 millions d'entrées France et un peu plus de 400 millions de dollars au box-office Monde ce qui est relativement peu pour une telle production. 

Note :