Aliens (1986) de James Cameron

par Selenie  -  7 Juin 2022, 08:53  -  #Critiques de films

Quelques années après le succès mérité et le culte de "Alien, le Huitième Passager" (1979) de Ridley Scott le producteur-scénariste David Giler décide de relancer la franchise et de mettre en chantier une suite. Toujours en collaboration avec son acolyte Walter Hill sous le sigle de leur société de production Brandywine avec laquelle Hill a réalisé par exemple "Le Gang des frères James" (1980), "Sans Retour" (1981) et "48 Heures" (1982) il faut pourtant un certain temps pour les producteurs-scénaristes pour convaincre la 20th Century Fox de l'intérêt d'un tel projet. Il faut attendre un changement de direction à la Fox, et que Giler mette en avant un nouvel Alien inspiré par "Sans Retour" et "Les Sept mercenaires" (1960) de John Sturges pour valider le lancement. Au même moment, le duo Giler-Hill envisage un certain James Cameron pour prendre les commandes de la suite, une nouvelle gageure puisqu'il veulent faire confiance à un nouveau débutant après Ridley Scott puisqu'il Cameron n'a jusque là réalisé qu'un film en marge avec "Piranha 2" (1981) mais il vient de signer un scénario qui les a impressionné : "Terminator" (1984). Ca tombe bien, l'acteur de Cameron veut pour son film est pris sur "Conan le Destructeur" (1984) de Richard Fleischer et laisse donc quelques mois à Cameron de travailler sur le projet avec Giler-Hill. Le succès mondial de "Terminator" (1984) confirme ensuite tout le bien et la confiance que la production a mis en Cameron. La machine est définitivement sur de bons rails. Cameron insiste pour être fidèle au premier opus de Scott tout en marquant sa singularité, ainsi il garde toute la mythologie autour des aliens et l'importance de Ripley, et ajoute des références non feintes à la guerre du Viêtnam encore très présents dans l'inconscient collectif américain. Le film sera un succès qui relance la franchise, avec en prime 7 nominations à l'Oscar dont une pour l'actrice principale qui donne une légitimité inédite au genre de la Science-Fiction, et en parallèle un sacre de 8 récompenses au Saturn Awards. Précisons que la durée du film à sa sortie était de 2h15, mais qu'en 1992 Cameron a signé un Director's Cut rallongé de 17mn... Un vaisseau spatial est découvert par la corporation Weyland-Yutani qui s'aperçoit qu'il s'agit de la navette du Lieutenant Ellen Ripley qui a donc dérivé durant 57 ans en hibernation après les événements tragiques qui se sont déroulés sur le Nostromo. Ripley se réveille et apprend donc que l'univers a évolué sans elle durant près de 6 décennies. Mais alors qu'elle n'est pas crue sur les faits sur le Nostromo, elle apprend qu'une colonie humaine a été installée sur la planète LV-426. Très vite ce qu'elle redoutait arrive et la corporation lui demande de reprendre du service comme conseillère technique... 

Alors que Sigourney Weaver n'est plus la débutante de "Alien le Huitième Passager", elle a d'abord été réticente à cette suite avant que Cameron la convainc notamment sur un rôle étoffé et son lien avec une enfant, puis ayant la certitude que cette suite ne nuirait pas au film original. Ainsi l'actrice reprend donc son rôle icônique de Ellen Ripley après avoir assis son nouveau statut avec des films comme "L'Année de tous les Dangers" (1982) de Peter Weir, "S.O.S. Fantômes" (1984) de Ivan Reitman ou "Escort Girl" (1986) de Bob Swaim. Pour la plupart des rôles importants James Cameron fait appel à des fidèles, trois acteurs qui viennent de jouer dans "Terminator", Michael Biehn qui retrouvera le réalisateur encore sur "Abyss" (1989), Lance Henrikssen qui était aussi dans "Piranha 2", et qui retrouveront le troisième partenaire Bill Paxton respectivement dans "Tombstone" (1993) de George Pan Cosmatos et "Aux Frontières de l'Aube" (1987) de Kathryn Bigelow, future épouse de Cameron, Paxton retrouvera plusieurs fois encore le réalisateur devenu un proche, avec les futurs "True Lies" (1994), "Titanic" (1997) et même le documentaire "Les Fantômes du Titanic" (2003). Henrikssen et Paxton retrouveront après "Aux Frontières de l'Aube" également leur partenaire Jenette Goldstein qui retrouvera aussi Cameron pour "Terminator 2 : le Jugement Dernier" (1992), ainsi que dans "L'Arme Fatale 2" (1989) de Richard Donner son partenaire Mark Rolston vu notamment dans "Robocop 2" (1990) de Irvin Kershner et plus récemment dans "Midway" (2019) de Roland Emmerich. Parmi les membres de l'escouade citons encore William Hope aperçu dans de nombreux films entre "Scanners" (1981) de David Cronenberg à "Massacre à la Tronçonneuse" (2022) de David Blue Garcia, Al Matthews remarqué dans les films "Le Lion sort ses Griffes" (1980) de Richard Attenborough et "Ragtime" (1981) de Milos Forman, puis Ricco Ross aperçu plus tard dans "Mission Impossible" (1996) de Brian De Palma et "Wishmaster" (1997) de Robert Kurtzman. Et pour finir citons le responsable de l'opération interprété par Paul Reiser remarqué dans le dyptique "le Flic de Beverly Hills" (1984) de Martin Brest et "le Flic de Beverly Hills 2" (1987) de Tony Scott mais qui sera surtout populaire à la télévision, puis la toute jeune Carrie Henn qui joue là dans son unique film mais qui participera à la postérité du film dans des documentaires et autres conventions spécialisées... La première chose qu'on remarque est que James Cameron a tout fait pour rester cohérent avec le film de Ridley Scott, par des détails d'abord puis par un visuel esthétique. Ainsi le vaisseau s'appelle Sulaco qui renvoie aussi à l'hommage au roman "Nostromo" (1904) de Joseph Conrad, Cameron est resté logique à la dimension "camionneurs de l'espace" du "... Huitième Passager" en choisissant des soldats débraillés et rebelles qui permet aussi de renvoyer à l'imagerie autour du Viêtnam et surtout de rester éloigné des canons habituels de la SF façon "Star Wars" qui veut des armures ou combinaisons forcément futuristes. Voulant un minimum de véracité les acteurs soldats ont dû effectuer un stage chez les S.A.S. la force d'élite de l'armée britannique, mais aussi lire le roman "Starship Troopers" (1959) de Robert A. Heinlein qui sera d'ailleurs adapté au cinéma dans le film éponyme (1997) de Paul Verhoeven.

Pour se démarquer du opus précédent James Cameron dessine lui-même la Reine des Aliens tout en prenant comme base le xénomorphe originel créé par H.R. Giger, mais qui est cette fois élaboré ensuite par Stan Winston, autre légende des Effets Spéciaux remarqué d'abord avec les films "La Main du Cauchemar" (1981) de Oliver Stone et "The Thing" (1982) de John Carpenter. la plupart des effets visuels et spéciaux reprennent des techniques déjà éprouvées en 1979, avec peut-être une importance non négligeable des animatroniques pour les facehuggers notamment. Pour l'anecdote, une partie des décors de l'intérieur de l'usine a servi ensuite au "Batman" (1989) de Tim Burton. Alors que "Alien le Huitième Passager" était plus un thriller horrifique et psychologique, James Cameron entre déjà plus dans une version film de guerre façon mission suicide qu'il compense par une relation filiale entre Ripley et une orpheline et la première inclination de Ripley pour un homme (oui  ça fait près de 6 décennies qu'elle est partie !), mais aussi on voit Ripley devenir une guerrière bien malgré elle. L'angoisse est toujours présente mais moins pregnante car notre attention est aussi pris par les paramètres guerriers qui ajoute une dose d'action pyrotechnique non négligeable. Mais on décèle aussi quelques incohérences plus gênantes cette fois. La plus problématique réside dans cette colonie, présente sur LV-426 depuis plus de 20 ans et comme de par hasard pas un soucis avant le retour de Ripley ?! Et à l'instar de la fin du "... Huitième Passager" on s'étonne qu'un alien écrasé n'ait pas son acide qui agisse ou comment les humains survivent à une dépressurisation entre un sas et l'espace ?! Ca coûte un peu et ne permet pas à ce film de se hisser au niveau de l'original. Néanmoins, on notera que les Director's Cut enrichit le récit, entre autre du côté psychologique grâce à l'enfant Newt, avec des premières minutes qui ajoutent au drame intime, et on notera les fameuses mitrailleuses anti-Aliens qui offrent un peu de temps. En prime une petite scène en forme de clin d'oeil où un enfant fait du tricycle dans les méandres du vaisseau renvoyant forcément au petit Dany dans "Shining" (1980) de Stanley Kubrick. Le film est un énorme succès amassant plus de 131 millions de dollars au box-office Monde pour un budget de 18,5, qui outre ses nominations et prix, confirment l'intérêt certain du public pour la franchise. À l'instar du film original "Aliens le Retour" devient un classique culte qui apparaît dans la plupart des classements des meilleurs films du genre.

 

Note :      

 

18/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

12/20
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