Batman (1989) de Tim Burton
On pourrait presque considéré ce film comme le premier "vrai" long métrage de cinéma sur le célèbre superhéros de chez DC Comics créé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger. En effet, malgré le culte de la bande dessinée l'homme chauve-souris avait jusqu'ici connu des adaptations surtout télévisuelle avec "Batman" (1966-1969) sans compter son prolongement sur grand écran en 1966 par Leslie H. Martinson, mais aussi la première série animée avec "Les Aventures de Batman" (1968), sans compter les serials de chez Columbia "Batman" (1943) de Lambert Hillyer et "Batman et Robin" (1949) de Spencer Gordon Bennet. Le superhéros se réveille avec une histoire signée de Sam Hamm auteur du film "Un homme parmi les loups" (1983) Carroll Ballard qui éveille l'enthousiasme de la Warner avec le soutien du "père" de Batman Bob Kane. Le succès du film "Pee-Wee Big Adventure" (1985) de Tim Burton pousse le studio à proposer le projet au cinéaste aux cheveux hirsutes dès 1986. Alors que le projet prend forme, Tim Burton réalise entre temps "Beetlejuice" (1988) co-écrit avec le scénariste Warren Skaaren, auteur également du script de "Le Flic de Beverly Hills 2" (1987) de Tony Scott. Ce second succès permet à Burton d'imposer son scénariste sur le projet et d'imposer son acteur de "Beetlejuice" Michael Keaton dans le rôle titre alors que la Warner proposait des acteurs alors plus bankable comme Mel Gibson, Kevin Costner, Tom Selleck ou encore Charlie Sheen et même Bruce Willis. Dès l'annonce de Michael Keaton dans le rôle la Warner a été submergée par plus de 50000 lettres de protestations de fans du comics, qui ne voyait par un acteur surtout connu pour ses comédies reprendre le costume du superhéros. Mais Burton alors en position de force a tenu bon sur son choix... Gotham City est plombé par un fort taux de criminalité alors qu'un mystérieux héros apparaît. La police ne semble pas savoir à quoi s'en tenir mais ce mystérieux héros qui se fait appeler Batman devient une menace sérieuse pour tous les malfrats de la ville quand un nouveau gangster, une sorte de psychopathe d'un nouveau genre relance les espoirs du monde criminel. Batman se retrouve face au premier criminel d'envergure...
Le rôle titre est donc incarné par Michael Keaton révélé notamment dans "Les Croque-Morts en Folie" (1982) de Ron Howard et dont la popularité est encore récente et fragile grâce à "Beetlejuice". Le superhéros de Gotham va donc combattre son alter ego du mal Joker incarné par la star Jack Nicholson qui tourne entre "Ironweed" (1987) de Hector Babenco et son film "The Two Jakes" (1990), tandis qu'il retrouvera Tim Burton dans "Mars Attacks !" (1996). Bruce Wayne/Batman a toujours son fidèle majordome joué par Michael Gough acteur expérimenté vu dans "Anna Karénine" (1948) de Julien Duvivier, "Le Cauchemar de Dracula" (1958) de Terence Fisher et "Out of Africa" (1985) de Sidney Pollack. La belle de l'histoire est tenue par Kim Basinger, Bond Girl dans "Jamais plus Jamais" (1983) de Irvin Kershner et surtout sex symbol des eighties depuis "9 Semaines 1/2" (1986) de Adrian Lyne. Du côté des bons citons l'inspecteur Gordon interprété par Pat Hingle surtout remarqué auprès de Clint Eastwood dans "Pendez-les Haut et Court" (1968) de Ted Post, "L'Epreuve de Force" (1977) et "Le Retour de l'Inspecteur Harry" (1983) de Eastwood, puis le procureur Harvey Dent joué par Billy Dee Williams encore auréolé des succès mondiaux de "L'Empire Contre-Attaque" (1980) de Irvin Kershner et "Le Retour du Jedi" (1983) de Richard Marquand. Puis citons l'un des seconds rôles importants du film incarné par le monstre sacré Jack Palance qui aura marqué son temps avec des prestations marquantes comme dans "L'Homme des Vallées Perdues" (1953) de George Stevens, "La Peur au Ventre" (1955) de Stuart Heisler, "Les Professionnels" (1966) de Richard Brooks et "Bagdad Café" (1987) de Percy Adlon. La musique est signée du compositeur Danny Elfman, fidèle à Tim Burton depuis les débuts et qui collabore sur cette B.O. avec la pop star Prince. L'album "Batman : Motion Picture Soundrack" (comportant les singles "Batdance", "Partyman" et "Scandalous !") sera vendu à plus de 11 millions d'exemplaires !... Le film s'ouvre sur un prologue qui renvoie judicieusement vers l'enfance de Bruce Wayne, mais surtout on est envoûté par le style graphique, notamment la ville de Gotham qui renvoie assurément au film "Metropolis" (1927) de Fritz Lang. Par là même on constate avec délectation que Tim Burton impose son côté à la fois noir et fun, gothique et fantasmagorique qui colle mine de rien à merveille à un Batman qui est plus fidèle à l'oeuvre originale qu'il n'y paraît. Ainsi Burton renoue avec un Batman sombre qui n'hésite pas à tuer de sang froid, une personnalité qui fait donc corps avec des décors et une ville de Gotham qui semble toujours plongée dans la nuit. Par contre le cinéaste impose une origine du superhéros avec un lien direct qui n'est pourtant pas la "version officielle", mais relie directement Wayne à Jack Napier, Batman au Joker presque malgré eux.
Ce choix aurait pu être un atout mais il devient un petit défaut tant il y a un décalage immense entre leurs interprètes et donc leur personnage respectif. En effet, Jack Nicholson impose un charisme et une folie à son personnage qui emporte tout face à un Michael Keaton bien lisse et sans la carrure pourtant nécessaire à un superhéros dont les mensurations sont "officiellement" 1m90 pour 95kg. cette fois, si Burton a pu imposer son acteur on ne peut que constater qu'il est un choix loin d'être probant ce qui est tout de même dommageable quand on est le superhéros. le plus gros défaut du film réside donc dans le choix de Michael Keaton. On constate plusieurs incohérences et/ou faux raccords, comme l'arrivée des hommes du Joker au sommet de la cathédrale (comment sont-ils arrivés là ?!), le fait que Batman reçoive une balle après ricochet mais sans séquelle, le fait que Napier subisse le bain d'acide mais pas le jeu de cartes, ou encore quand on distingue la main d'un cascadeur dans une batmobile normalement autoguidée par son propriétaire... etc... Par contre, entre le charme de Basinger, l'atmosphère cartoon gothique et la folie douce du Joker on pourra apprécier également quelques répliques savoureuses (du Joker essentiellement, encore !) comme "tu n'as jamais danser avec le diable au clair de lune ?" ou "Maintenant appelle-moi Joker, et comme tu vois je suis un homme comblé". Le film sera plutôt bien reçu même si le côté particulièrement sombre (et malgré la fantaisie jokerienne !) aura gêné bon nombre de spectateurs, et qu'au final le film est un gros succès amassant plus de 411 millions de dollars au box-office mondial pour un budget de 35 millions ce qui en fait à l'époque le 5ème film le plus rentable de tous les temps. Conclusion, Tim Burton aura gagné son pari malgré les critiques sur le côté trop sombre et malgré Michael Keaton. Résultat, la Warner lance aussitôt l'idée d'une franchise et propose à Tim Burton de revenir avec la suite...
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :