La guerres des guerres des boutons...
Pour commencer rappelons que les trois films (la version culte de Yves Robert et les deux nouvelles 2011) sont des adaptations d'un roman ; les films de Christophe Barratier et de Yann Samuel ne sont en rien des remakes du film de Yves Robert mais bien deux nouveaux films, deux nouvelles adaptations du roman de Louis Pergaud écrit en 1912.
Si on part de l'adaptation le plus fidèle reste "La guerre des boutons" (1962) de Yves Robert malgré quelques changements comme la célèbre réplique "Si j'avais su j'aurais pas venu" de Tigibus... Toute adaptation réécrit l'histoire pour que le scénario soit cohérent dans 1h30 de film donc passons sur ce débat qui n'est pas ici le sujet.
La version de Yves Robert a tellement marqué les générations que les deux nouveaux films sont évidemment attendus au tournant... Par moi le premier !
Le livre est écrit en 1912 et l'histoire est contemporaine à cet époque post-guerre mondiale... Yves Robert transpose le récit en 1962 (année de réalisation) en restant focalisé sur la guerre des enfants. Ce n'est pas le cas des deux versions 2011... Est-ce le lancement quasi simultanée des deux productions qui a forcé les scénaristes à ajouter un paramètre historique ?!
Car la grosse différence reste le choix d'époque... "La guerre des boutons" (2011) de Yann Samuel se déroule en 1960, pendant le guerre d'Algérie tandis que "La nouvelle guerre des boutons" (2011) de Christophe Barratier se déroule vers 1943 en pleine occupation.
On tente de nous faire croire qu'un tel ajout est pour enrichir l'histoire en créant un parallèle avec le monde des enfants et celui des adultes mais il est claire que le vrai but, pour les producteurs, est de se différencier du concurrent gênant !
Ces deux paramètres importants ne doivent pas pour autant interférer dans ce qui se doit de rester la guerre des enfants, la guerre des boutons...
A ce petit jeu Christophe Barratier impose une présence de la guerre, de l'occupation surtout, sur toute la longueur du film et céer un parallèle fort mais jamais assumé ; en effet le parallèle est entre enfants et adultes il aurait du aussi se jouer sur la différence des conséquences et donc sur la réalité : comment croire, par exemple, à un dénouement aussi facile avec le milicien ?! Barratier, réalisateur de "Les choristes", ne change rien à son style en réalisant un film du terroir avec des tonnes de bons sentiments, où le tragique est arasé au profit d'une comédie familiale acidulé et béate.
Yann Samuel, lui, évite cet écueil tout en passant le message. On est en pleine guerre d'Algérie mais au lieu de tambouriner un message lourd tout du long il insère une petite scène avec un soldat du retour du front ; juste assez pour ancrer l'actualité et éviter de s'éparpiller. Il ne faut pas oublier que les enfants des 7-14 ans sont bien loin des considérations adultes sur une guerre très éloigné de leur quotidien. Samuel place donc son parallèle enfants-adultes par le biais d'adultes qui sont aussi des exemples (normalement !), à savoir les profs ! Interprétés par le duo Eric Elmosnino et Alain Chabat les profs sont, au final, pas mieux que les enfants... Savoureux...
En ce qui concerne la guerre qui nous intéresse, celle des boutons, et donc les enfants...
Le film "La nouvelle guerre des Boutons" de Christophe Barratier déçoit sur plusieurs points... La scène culte de la cuite de Tigibus est gâché par un Gérard Jugnot incapable d'être crédible en ex-légionnaire assez saoul pour confondre un gamin haut comme 3 pommes avec son ex-compagnon d'infortune. L'autre scène culte et en plus indispensable reste la bataille tout nu... Là pas de nu ! Même en 62 il tombait la chemise ! Et non apparemment un certain puritanisme (en 2011 !!!) fait se battre les enfants en culottes et maillots. Sans être scandaleux l'esprit du livre s'est clairement évaporé.
A part que la bataille à poils assumé et assuré "La guerre des boutons" de Yann Samuel prend plus de liberté et ose réécrire une bonne partie... Lebrac n'est plus un cancre, une fille se fait guerrière, pas d'ivresse de Tigibus... On peut noter également des rôles féminins plus étoffés que dans la version Barratier.
Le casting est d'une certaine manière assez surprenant... En effet il semble que Christophe Barratier ne se soit pas affranchit du film de Yves Robert. C'est assez incroyable de voir de tels ressemblance entre son casting 2011 et celui de 1962. Outre un Jugnot peu créatif on peut saluer un excellent Kad Merad. Tous les enfants ne sont pas justes, pleurer n'est pas donner à tout le monde...
Yann Samuel lui prouve qu'il a moins été obnubilé par Yves Robert. Outre une réécriture franchement différente son casting prouve qu'il n'a pas cherché obligatoirement à copier. Les enfants sont un cran au-dessus de ceux de Barratier.
"La nouvelle guerre des boutons" s'offre une BO inadéquate avec une musique aux envolées lyriques qui irait beaucoup plus à "Braveheart" (d'où aussi un clin d'oeil) qu'à une guerre des boutons. Les dialogues sont peu marquants et les parents restent tous des bonnes pâtes... Walt Disney aurait pu produire ce film tant Thomas Langmann a oublié le certain réalisme du livre dans la descritption des liens enfants-parents et de l'éducation dans les générations précédentes.
"La guerre des boutons" de Samuel a une BO plus en adéquation avec son thème. Les parents, comme pour Barratier, restent un peu trop parfaits. Un vrai bonus pour les dialogues, plus inventifs et percutants, usant de jeux de mots et d'insultes joyeuses... Ma préférée : "Si dieu existe il a intérêt d'avoir un mot d'absence de ses deux parents !"...
CONCLUSION
Un des films que j'ai le plus vu surtout dans mon enfance mais j'ai toujours le même plaisir. Comme un film d'animation ce film ne peut être vraiment apprécier que si on le regarde avec son âme innocente de bambin. Pas d'ennui, de l'humour et de l'action ! Une action qui nous ramène à une époque où mes guerres ressemblaient étrangement à celles du film. La force du film est aussi de faire un juste parallèle avec l'éducation de cette époque qui était surement plus violente que la guerre des boutons. Pas de défauts, scénario parfaitement écrit et un film sur l'innocence des enfants, sur le trop dure et trop rapide passage aux responsabilité et un jugement sans concession : on ne veux pas grandir !
39/45 mal assumé (jusqu'à ce un grain jaunit spécial Barratier depuis "Les choristes"), aucun drame dans ce film et donc aucune émotion réelle tant tout se passe bien. Casting trop copié sur la version culte de Yves Robert ce qui fait qu'on ne plonge pas assez dans le film. La BO est aussi très gênante.
Beaucoup plus de liberté, on moins mais aussi un plus car Yann samuel offre un film plus audacieux qui se démarque plus fortement du classique de Yves Robert. La morale est plus subtile et donnée avec plus d'humour grâce aux deux profs et aussi à un curé bien impulsif ! Des dialogues plus savoureux et une très jolie fin pleine d'espoir font de ce film le meilleur sur tous les points vis à vis du film de Barratier. Bonus pour la très jolie fin...