Marius (2013) de Daniel Auteuil

Après avoir eu sa carrière exploser en interprétant Ugolin dans "Jean de Florette" et "Manon des Sources" (1986) de Claude Berri, Daniel Auteuil a prouvé tout son amour pour l'oeuvre de Marcel Pagnol en réalisant le remake "La fille du puisatier" (2011) et persiste et signe en se lançant dans le remake du monument français qu'est la trilogie "Marius-Fanny-César" dont la version des années 30 avec Raimu est à ce jour une oeuvre magnifique de notre patrimoine. Daniel Auteuil a soigné un casting populaire avec l'étoile montante Raphael Personnaz et une inconnue charmante Victoire Belezy (vu dans un truc appelé "Plus belle la vie").

Le problème de Daniel Auteuil (et de ses interprètes) est justement le poids énorme des films précédents (1932-1933 et 1936). En bonus Auteuil a évité d'être trop dans le copié-collé, moins de scènes cultes car l'acteur-réalisateur a préféré rester dans le classicisme du texte plutôt que créer cette passion latine et cette effervescence des sens que Raimu à porter au summum de son art ;  par exemple la partie de carte est moins grandiloquente, les caractères moins passionnels que dans l'oeuvre originelle. Par exemple notons un Marius moins antipathique que l'était Pierre Fresnay (En gros les défauts sont ici un peu atténués). Malheureusement le soucis d'une réalité "plus posée" est aussi trop visible dans des décors qui manquent, eux, de réalisme ça sentirait presque le studio tant ça manque de vie... Tout le problème du film de Auteuil est là. Décors statiques et des acteurs pas tous à l'aise avec le texte de Pagnol (en premier lieu Marie-Anne Chazel), c'est parfois digne du théâtre. Le soucis de Auteuil d'être fidèle au texte semble avoir pesé sur la liberté d'interprétation et bridé une certaine folie des mots. Néanmoins l'émotion est toujours présente, il faut avouer que Daniel Auteuil s'en sort bien, même si sans aucun doute il est difficile de râter son film avec un tel matériau d'origine.

Note :