Suzanne (2013) de Katell Quillévéré
Après un petit film remarqué "Un poison violent" (2010) où une ado s'éveillait à la sexualité la réalisatrice Katell Quillévéré revient avec un film qui a fait l'ouverture de la 52ème semaine de la Critique à Cannes 2013. On y suit sur 25 ans le destin de Suzanne, de son enfance avec sa soeur et son père veuf. Le style de la mise en scène est clairement dans le film vérité, un réalisme social dans la veine du cinéma d'auteur façon "Louise Wimmer" (2012) de Cyril Mennegun. La critique pro a salué l'interprétation du trio d'acteur et, effectivement, il suffit de voir le film pour être happé par la performance de Adèle Haendel et surtout Sara Forestier ; on sera plus mitigé pour le grand François Damiens pas toujours à l'aise avec le drame pur.
Mais c'est bien Sara Forestier qui vampirise l'écran et qui offre une interprétation éblouissante, d'autant plus salutaire qu'elle incarne un personnage peu attachant. Et c'est bien là le soucis de ce film... Jamais on nous offre de quoi avoir un temps soit peu d'empathie pour cette paumée. De l'adolescence à l'âge adulte elle reste une fille immature, naïve pour ne pas dire idiote. A l'adolescence ok, mais 15 ans après, mère de famille et un tour en prison ne permettent jamais à Suzanne d'avancer. Le soucis est donc qu'il n'y a jamais d'évolution dans un sens ou dans l'autre... Et ça commence par des détails, comment s'étonner d'être une fille facile quand on s'habille comme une allumeuse, qu'on risque la vie de son enfant à chaque fois qu'on grimpe en voiture, d'être aussi égoïste que stupide. Elle n'apprend jamais rien de ses erreurs, au contraire semble-t-il... Malgré une fin qui ose la note optimiste on y croit pas, de toute façon elle ne peut plus changer... Le film surnage donc grâce aux acteurs, il est dommage qu'il n'y a pas un minimum d'évolution réelle, d'un travail sur au moins une chose qui pourrait nous attacher à cette jeune femme perdue. Surtout qu'à l'inverse on ne peut que plaindre le père et la soeur comme admirer leur courage.
Note :