Zulu (2013) de Jérôme Salle
Adapté du roman éponyme de Caryl Ferey (2008) ce film est un thriller particulièrement violent et sombre. Non sans rappeler d'autres grands films (plutôt la ségrégation américaine comme "Mississippi Burning" ou "Dans la chaleur de la nuit") Jérôme Salle signe là son meilleur film, et de loin après les "Largo Winch". Au vu du sujet Jérôme Salle et son équipe de production française se sont entourés essentiellement de sud-africains, autant devant que derrière la caméra ; notamment on remarquera Randal Majiet (le Chat) ancien membre d'un gang... On suit donc deux flics aux passés opposés mais qui sont proches sont plongés dans une enquête pour meurtre avant que cela ne dévit sur une affaire plus importante qui va replongé les enquêteurs dans les affres du passé et de l'apartheid.
Porté par un duo d'acteurs magnifiques et investis on est happé par cette enquête aussi prenante qu'effrayante. Orlando Bloom trouve enfin un rôle valable après des années de disette, Forest Withaker incarne lui un zoulou au passé très douloureux qui n'est pas sans rappeler pourtant le film belge "Bullhead" (2011) de Michael R. Roskam... Mais derrière cette enquête policière, très violente et au fond assez pessimiste, il y a surtout une réflexion sur la difficulté du pardon dans un pays qui tente encore de se reconstruire après l'espoir des Commissions Vérité et Réconciliation. Enveloppé d'une musique de Alexandre Desplat ("De rouille et d'os" ou "Zero Dark Thirty") Jérôme Salle nous plonge également dans les ghettos, dans celui de Cape Flats en particulier "où personne n'avait jamais tourné" jusqu'ici. Peut-être des seconds rôles trop peu exploités (les femmes surtout) ou, au contraire nullement indispensable. Par contre bon point pour cette fin anti-hollywoodienne, âpre et tragique. Un thriller intense, particulièrement terrible, une bonne surprise de ce réalisateur qui prend là une autre dimension.
Note :