Au Pays de nos Frères (2025) de Raha Amirfazli et Alireza Ghazemi

par Selenie  -  9 Avril 2025, 14:24  -  #Critiques de films

Après la Plame d'Or du court métrage avec "L'Heure du Déjeuner" (2017) le réalisateur iranien Alireza Ghazemi revient avec son premier long métrage mais cette fois en duo avec Raha Amirfazli. Leur premier long métrage a été présenté au Festival de Sundance 2024 où le duo de réalisateurs-scénaristes a remporté le prix de la meilleure réalisation.

Iran, début des années 2000, dans l'ombre d'une invasion américaine, une famille élargie de réfugiés afghans tente de reconstruire sa vie dans "le pays des frères". Au sein de cette famille, on suit sur plusieurs décennies le destin de Mohammad un jeune étudiant prometteur, Leïla une femme isolée et Qasem qui porte le poids du sacrifice pour sa famille... Leïla est jouée par Hamideh Jafari pour son premier rôle au cinéma, Qasem est joué par Bashir Nikzad vu dans les films "Gorbeh Siah" (2020) de Karim Mohammad Amini et "Roohina" (2021) de Abdolreza Sadeghi Jahani tandis que Mohammad est joué par Mohammad Hosseini également dans son premier rôle à l'instar également de Marjan Khaleghi. Citons ensuite Hajeer Moradi apparu dans "A Criminal Film" (2023) de Javod Moazami et Zahra Korei, Marjan Ettefaghian vue dans "Têtes de Pioche" (2018) de Houman Seyyedi ou "Zire Hamkaf" (2021) de Mehdi Karimi, puis enfin Mehran Vosoughi aperçu dans "Bi Ameh Chiz" (2021) de Mohsen Gharaie... Le film est en fait construit comme un film à sketchs ou plutôt à segments, en trois parties distinctes mais qui créent une fresque sur deux décennies où deux familles proches sont racontées en trois époques et drames différents. Souvent ce choix narratif est assez casse-gueule car souvent inégal, car sans lien entre les différentes parties et/ou signé par différents cinéastes. Mais cette fois le duo de réalisateurs-scénaristes dirige du début à la fin gardant ainsi une cohérence visuelle, puis le fil directeur reste les mêmes 4-5 personnages principaux. La première partie se situe en 2001 en pleine guerre contre les Talibans en Afghanistan qui pousse plusieurs millions d'afghans à quitter leur pays pour atteindre tout de même 5 millions de migrants à venir dans le "pays des frères", l'Iran qui malgré tout s'avère légèrement plus "sécurisé" que le pays des Talibans. On rencontre alors le jeune Qasem et la jeune Leïla qui semblent s'aimer ou sont-ils simplement amis, le premier est un lycéen qui va être harcelé par un policier afghan, la seconde est est promise à un autre, et ils vivent au sein d'une petite communauté qui tente de se faire discrète dans un "pays frère" mais qui n'est pas le leur. Cette partie est touchante et triste, et démontre la fragilité sociétale dans laquelle se trouve les migrants afghans, et cela même s'ils sont des "frères".

La seconde partie se situe en 2010, Leïla travaille avec son époux comme gardien d'une maison secondaire. Mais alors que les propriétaires reviennent avec des amis pour quelques jours un drame va pousser Leïla au mensonge. Le situation des migrants est toujours aussi soumises au desiderata des "frères iraniens", même si l'empathie et la bienveillance existent. Sur cette partie on ne comprend pas toujours les décisions de Leïla, car A ou B le choix ne changent pas les éventuelles conséquences et donc mensonge devient inutiles ou incompréhensibles. Puis arrivent la troisième partie, on est en 2021, on est le père apprend une nouvelle terrible alors qu'à la maison Leïla et son fils rendent une visite à la famille de Qasem qui semble absent. Il est encore question de mensonge, où plutôt d'apprendre à savoir dire la vérité ou les choses. Le plus décevant peut-être reste la mise en scène, pas catastrophiques ou gênantes, mais les réalisateurs usent de nombreux longs plans fixes sans que ce soit utiles, jouant les codes du mode contemplatif sans pourtant mettre en valeur l'environnement, les paysages ou la simple beauté malgré quelques jolis plans. Mais cela reste un très beau et très bon film, un film qui se lit sur deux niveaux, la plus évidentes est évidemment la situation litigieuses des migrants afghans, mais finalement, en filigrane, celle qui s'avère la plus pregnante et la plus intéressante car la moins galvaudée reste la question du mensonge et ses nuances. A voir à conseiller.

 

Note :                 

15/20
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D
Bonsoir Selenie, un film que je vais chroniquer prochainement. Très bien et j'ai donc appris qu'il y avait 5 millions d'Afghans qui vivaient en Iran. Bonne soirée.
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