Timbuktu (2014) de Abderrahmane Sissako
Quelle déception !... Tant de critiques dithyrambiques, tant de d'espoir dans le bouce à oreille et tant de bruit depuis le Festival de Cannes 2014... Tant de bien entendu et diffusé pour ce film pour au final n'être qu'un film qui sort au bon moment. Brûlant d'actualité, emplit de tolérance et dénonciateur de la terrible bêtise de La Charia le film touche les gens simplement par le fond... Qui ne serais pas touché par le message du film ?! Néanmoins ça ne fait pas toute la qualité d'un oeuvre cinématographique, loin de là. Le réalisateur mauritanien s'inspire de faits réels (pour la plupart qui se serait déroules en 2012), ayant eu l'idée notamment suite à la lapidation d'un couple en juillet 2012 dans la ville de Aguelhok et qui passé complètement sous silence.
1er problème, symptomatique du film, cette lapidation est présente dans le film mais sans aucune force et sans contexte (d'ailleurs une lapidation ne semble pas abimer les êtres plus que ça). A vouloir montrer divers exemples de la cruauté des djihadistes Sissako ne fait que montrer des scènes successives comme autant de tableaux témoins ; le montage est en cela d'une piètre réflexion. On notera quelques maladresses qui en découlent, comme le résultat "sage" d'une lapidation ou le fait qu'une vache manquante ne change en rien au nombre du troupeau. Des détails mais qui s'ajoutent... Ce film veut dénoncer, être témoin de son temps mais malheureusement Sissako ne réalise qu'un petit film, dans sa forme, techniquement il reste un film où l'impact désiré est à l'inverse de sa conviction. Le pire est sans doute l'absence d'émotion, on passe trop vite sur les faits et les acteurs sont trop médiocres ; par exemple on reste trop longtemps sur le personnage de Satima, cette dernière interprétée par une femme sans le moindre talent, sans le moindre sentiment sur son visage. Heureusement tout n'est pas râté. Une belle place faite aux femmes surtout avec l'excellente présence du personnage de Zabou (qui existe vraiment) qui devient à elle seule le symbole de la bêtise djihadiste. On s'interroge sur le peu de place de la ville de Tombouctou, une ville d'environ 50000 habitants (surnommée la "Perle du désert" ou la "ville aux 333 saints") qui est montré ici comme un village quelconque. Contre l'Islam radical on conseille plus vivement d'autres films comme le petit chefs d'oeuvre "Osama" (2004) de Sedigh Barmak... "Timbuktuk" passe le message dans une période propice, les spectateurs seront comblés car réceptifs mais la qualité intrinsèque de l 'oeuvre reste bien en-deça de ce qu'il colporte. Sans ce fond humaniste le film n'aurait pas la moyenne.
Note :