Crimson Peak (2015) de Guillermo Del Toro
Après le mastodonte "Pacific Rim" (2013) Guillermo Del Toro a enfin accouché d'un film dans le marasme de son inspiration dont plusieurs projets avortés ou repoussés. Cette fois il annonce un film d'horreur avec moult inspiration en annonçant d'emblée qu'il voulait rendre un hommage aux Productions Hammer dont les Mario Bava ("Le Masque du Démon en 1960 ou "Danger Diabolique" en 1968) mais aussi en s'inspirant fortement des romans "Jane Eyre" de Charlotte Brontë et "Rebecca" de Daphné du Maurier dont on pourrait citer les adaptations "Rebecca" (1940) de Alfred Hitchcock et "Jane Eyre" (2012) de Cary Fukunaga... Ce dernier film étant déjà avec l'actrice Mia Wasikowska qui, pour l'anecdote, jouait également dans "Alice au Pays des Merveilles" (2010) de Tim Burton. On pense à Burton car Del Toro signe là un film dit gothique, un genre burtonien par excellence.
"Crimson Peak" est en quelque sorte un "Rebecca" par un Tim Burton très dépressif... Ajoutons encore que Mia Wasikowska retrouve son partenaire Tom Hiddleston après le très bon et gothique "Only Lovers Left Alive" (2014) de Jim Jarmush... Une actrice qui semble prendre un abonnement... Nul doute que Del Toro y a pensé, poussant même à nommer l'héroïne du patronyme Cushing, clin d'oeil évident à Peter Cushing, acteur culte des productions Hammer à l'instar d'un Christopher Lee. Bref, le réalisateur assume de pleine foi le genre dans lequel il veut nous emmener. Première chose appréciable, Del Toro offre un film "adulte", c'est-à-dire qu'il ne formate pas son scénario au public au combien omniprésent des ados, d'où une interdicton au moins de 12 ans en France (au moins de 17 non accompagné aux Etats-Unis). Aux vues de ses précédents films on ne sera pas surpris du travail magnifique sur les décors (le manoir a été construit réellement), de vrais tableaux qui auraient pu toutefois être, parfois, mieux utilisés. Par exemple le réalisateur a prévu de rendre le manoir plus organique (taille des meubles qui change vis à vis de l'état de faiblesse de Edith) ce qui n'est que trop peu discret pour vraiment exercer un effet émotionnel. Les acteurs sont tous impeccables, entre peur et émoi amoureux ils offrent tous des performances sublimes. Le scénario est fluide, sans baisse de régime et sans sur place, on avance. Sur la peur si quelques scènes fonctionnent, on est plus déçu sur d'autres notamment à cause des fantômes parfois trop "rouge plastique", qui manquent de "chair". Néanmoins ça reste un film esthétiquement magnifique, assez envoûtant pour nous tenir en haleine. Il manque sans doute un frisson plus fort pour atteindre un autre niveau.
Note :