Le Pigeon (1958) de Mario Monicelli
Film mythique qui annonce l'Âge d'Or de la comédie à l'italienne et qui va porter aux nues une génération entière de talents qui vont internationaliser le cinéma italien. Derrière ce film il y a un producteur encore jeune, Franco Cristaldi qui produira entre autre des films comme "Kapo" (1959) de Gillo Pontecorvo, "Sandra" (1965) de Luchino Visconti, "Amarcord" (1973) de Federico Fellini ou "Le Nom de la Rose" (1986) de jean-Jacques Annaud. Ce projet permet au réalisateur Mario Monicelli de collaborer à nouveau avec une équipe de scénaristes parmi les plus fameux du cinéma italien, Agenore Incrocci, Furio Scarpelli et Suso Cecchi d'Amico qui retrouveront encore Monicelli par la suite comme sur "La Grande Guerre" (1959), "Les Camarades" (1963) ou "L'Armée Brancaleone" (1966). En V.O. le titre "I Soliti Ignoti" signfie "Les Inconnus habituels", mais le film est surtout adapté de la nouvelle "Furto in una pasticceria" ("Vol dans une pâtisserie") (1949) de Italo Calvino... Alors que Cosimo est incarcéré pour une tentative de vol, il demande à ses complices de lui trouver un "pigeon" qui se dénoncera à sa place mais le juge pas dupe les fait emprisonner tous les deux. Derrière les barreaux Cosimo indique à Pepe, son nouveau compagnon de détention, le plan qu'il se garde pour sa sortie de prison. Malheureusement pour Cosimo, Pepe est libéré plus tôt que prévu et retrouve la bande de Cosimo où il s'impose comme le nouveau stratège et organise le plan de Cosimo. Mais rien ne va se passer comme prévu et notamment le retour de Cosimo...
On trouve au casting quelques uns de splus grands acteurs italiens de leur génération, et s'ils sont déjà connus ce film marque un nouvel élan vers les sommets et vers leur apogée future. Chez les hommes : Vittorio Gassman vu dans "Riz Amer" (1948) de Guiseppe De Santis, "Le Fanfaron" (1962) de Dino Risi ou encore "Le Désert des Tartares" (1976) de Valerio Zurlini, Marcello Mastroianni vu dans "Dommage que tu sois une Canaille" (1955) de Alessandro Blasetti, "La Dolce Vita" (1960) de Federico Fellini ou "Une Journée Particulière" (1977) de Ettore Scola, Renato Salvadori vu dans "Rocco et ses Frères" (1960) de Luchino Visconti, "La Ciociara" (1960) de Vittorio De Sica ou "Z" (1969) de Costa Gravas, Memmo Carotenuto vu dans "Umberto D." (1952) de Vittorio De Sica et le dyptique "Pain, Amour et..." (1953-1954) de Luigi Comencini, Tiberio Murgia dans son premier rôle qui croisera notamment un certain Louis De Funès dans "Le Gendarme à New-York" (1965) de Jean Girault et "L'Homme Orchestre" (1970) de Serge Korber, Carlo Pisacane vu dans "La Belle et le Cavalier" (1967) de Francesco Rosi, puis enfin Toto, star parmi les stars à l'époque qui tourna plusieurs fois avec Mario Monicelli assoxié à Steno comme sur "Toto cherche un Appartement" (1949) ou "Toto et les Femmes" (1952). Ces grands acteurs sont évidemment magnifiquement entouré avec les bella donna : Rosana Rory vue dans "Europe 51" (1952) de Roberto Rosselini et "L'Eclipse" (1962) de Michelangelo Antonioni, Carla Gravina vue dans "Cinq Femmes Marquées" (1960) de Martin Ritt et "Toute une Vie" (1974) de Claude Lelouch, Gina Rovere vue dans "L'Enfer dans la Ville" (1959) de Renato Castellani et "Dieu Pardonne... Moi Pas !" (1967) de Giuseppe Colizzi, et une toute jeune Claudia Cardinale future étoile du 7ème Art notamment grâce à Luchino Visconti avec "Rocco et ses frères" (1960) et surtout "Le Guépard" (1963). Tous ces acteurs se retrouverotn sur d'autres films, ainsi qu'avec Monicelli pour la plupart... Lors de ce film le réalisateur a déjà plus de 20 ans de carrière mais c'est avec cette comédie qu'il entre définitivement au Panthéon des grands réalisateurs italiens.
Le film marque donc l'émergence de la comédie à l'italienne avec un dosage savoureux dans la tragi-comique. Ainsi dans une Italie encore exsangue par les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale est encore en pleine reconstruction comme on le vot en arrière-plan avec les bidonvilles et ses ouvriers qui font la queue à l'entrée des usines pour obtenir un travail. Héritier tout de même du néo-réalisme le film s'il reste avant tout une comédie il n'omet pas une réalité sociale difficile. Monicelli signe une comédie à l'italienne typique, une comédie qui n'occulte pas pour autant les problèmes sociaux, mais avec une belle équipe de pieds nickelés qui se lancent dans un cambriolage qui ne va pas s'avérer de tout repos. Quiproquos, malentendus, maladresses, disputes... etc... Tout y est servi par un scénario aux petits oignons, fluide comme une bonne partition même si on s'étonne à quelques instants d'un manque de conséquence peu logique (la verrière qui casse sans que personne ne réagisse ?!). Les acteurs s'en donnent à coeur joie dans cette aventure à la conclusion qui nous rappelle que le travail est sans doute pas si mal. Le titre original "I soliti ignoti" signifie "Les inconnus habituels", référence à un gros plan sur un article de journal : "Les inconnus habituels entrent par effraction dans un appartement et volent des pois chiches !" ... Le film connaitra deux suites plus confidentielles, "Hold-up à la milanaise" (1959) de Nanni Loy et "Le Pigeon 20 ans après" (1985) de Amanzio Todoni. Le film connaitra également deux remakes, "Crackers" (1984) de Louis Malle et "Welcome to collinwood" (2002) de Anthony et Joe Russo. "Le Pigeon" reste un must précurseur dans ce qui est devenu un sous-genre, les braqueurs bras cassés !
Note :