Bienvenue à Marly-Gomont (2016) de Julien Rambaldi
On se souvient du tube "Marly Gomont" de Kamini, sorte de rap humoristique qui a été l'un des premiers buzz internet en 2006... "Marly Gomont" racontait le destin de sa famille à leur arrivée dans cette petite commune dans les années 70 alors que son père était médecin. Kamini est depuis tombé dans les oubliettes mais c'était sans compter sur son idée d'en faire une sitcom. Idée qui se transforma en projet de film après le décès du paternel en 2009. Kamini va pouvoir rebondir... Prenant comme base la chanson Kamini va co-écrire le scénario avec Benoit Graffin et Julien Rambaldi. Graffin ayant oeuvré notamment sur "Hors de prix" (2006) et "De vrais mensonges" (2010) de Pierre Salvatori, Rambaldi ayant signé son seul film avec le médiocre "Les meilleurs amis du monde" (2009) avec Marc Lavoine et Pierre-Martin Laval. Un comique issu de l'immigration qui veut réaliser un film sur l'histoire de sa famille nous rappelle évidemment un autre film sorti récemment, le très bon "Nous trois ou rien" (2015) de Kheiron où ce dernier racontait la même chose, à savoir l'arrivée de ses parents en France.
A la différence près que Kheiron écrit et réalise lui-même son film. Petite déception, un détail mais presque navrant, c'est que Marly-Gomont petit bourg de 500 habitants n'a pas accueilli le tournage puisque le film a été tourné dans le village de Steenkerque en Belgique ! (?!). Pour jouer les parents de Kamini on trouve le papa Marc Zinga remarqué dans "Qu'Allah bénisse la France" (2014) de Abd Al Malik et vu dans "Dheepan" (2015) de Jacques Audiard et la belle Aïssa Maïga qu'on n'avait pas vue depuis "L'Ecume des jours" (2013) de Michel Gondry. Outre ces choix parfaits on reconnaitra le comique Jonathan Lambert et une gueule bien connue, Rufus. Le scénario est cousu de fil blanc et insiste particulièrement sur le racisme des villageois, sorte d'arriérés incultes ayant peur de la simple couleur noire. Très caricatural (jusqu'à la maman qui rêve de Paris et de magasins de luxe ?!) et à l'humour tirant sur les grosses ficelles (le silence grotesque des clients au bar quand le médecin entre par exemple) il n'en demeure pas moins qu'on imagine bien certaines réactions devant l'inconnu. Le vrai soucis du film c'est que justement le récit se focalise sur le racisme des villageois et la pugnacité du médecin à se faire accepter. C'est d'ailleurs ce second paramètre qui sauve le film tant Marc Zinga incarne un médecin honnête et croyant dur comme fer que la patience et la gentillesse ouvriront les portes. "Bienvenue à Marly Gomont" manque lui même d'ouverture d'esprit en ne cherchant jamais à comprendre les villageois, à contrario de l'excellent "Nous trois ou rien" entre autre ; Kheiron évitant les clichés à répétition pour se montrer avant tout le cheminement vers l'intégration de ses parents. Kamini offre un joli hommage à ses parents, et surtout à son père mais il raconte surtout ses souvenirs d'enfant victime de la cour de récré, comme parfois les roux ou les gros. Ca reste une comédie bien sympathique grâce surtout au couple Aïssa Maïga-Marc Zinga vraiment excellent. Mais à comparer, allez plutôt revoir "Nous trois ou rien" plus profond et à la mise en scène plus inventive...
Note :