The Neon Demon (2016) de Nicolas Winding Refn
20 ans que Nicolas Winding Refn est un des plus grands réalisateurs actuels si ce n'est le plus grand... trilogie "Pusher" (1996-2004-2005), "Bronson" (2008), surtout son chef d'oeuvre "Le Guerrier silencieux - Valhalla Rising" (2009), "Drive" (2011) et "Only God Forgives" (2013), que des belles et grands réussites et les critiques en majorité dithyrambiques sur ce nouveau film présenté dernièrement à Cannes laissent espérer le meilleur une fois de plus... Un esthétique stylé, toujours aussi travaillé et une BO signée Cliff Martinez (déjà à l'oeuvre sur "Drive " et "Only...") nous plongent irrémédiablement dans son monde à la fois psychédélique et terrifant. Cette fois NWR choisit le monde de la mode sur lequel il nous offre une variation sur la beauté, une thèse paradoxale où la beauté est évidemment liée à l'horreur. En effet, le monde de la mode est tout aussi une jungle impitoyable pour une jolie jeune mannequin. NWR est fasciné par la beauté et pour incarner la beauté parfaite et presque inouïe, il a choisi la jeune et mignonne Elle Fanning (petite soeur de Dakota) déjà remarquée dans "Twixt" (2012) de Coppola.
Malheureusement dès le début on a un bloquage alors même que la patronne d'agence jouée par Christina Hendricks (déjà dans "Drive") déclare qu'elle a le corps bien fait et insite sur sa beauté presque surnaturelle. Elle Fanning, joli visage mais au cou trop long qui lui donne l'air voûté et qui n'a ni hanche ni fesse ni poitrine... Elle Fanning un canon de beauté ?! Si elle est de toute évidence talentueuse, grâcieuse et dotée d'un joli minois, elle manque cruellement de sex appeal et de charme. L'identification pour croire à sa beauté dantesque est donc problématique et il faut bien avouer que c'est un soucis quand toute l'intrigue repose essentiellement sur la certitude de sa beauté universelle. Dommage, nous dirons presque une erreur de casting, presque... Néanmoins si Elle Fanning est le premier rôle, elle n'est pas obligatoirement le personnage principal. En effet, le trio Jena Malone (Rocket dans "Sucker Punch" (2011) de Zack Snyder), Bella Heathcote (vu dans "Dark Shadows" (2012) de Tim Burton) et Abbey Lee (une des 5 fiancées dans "Mad Max : Fury Road" (2015) de George Miller) forme bel et bien le trio qui vole la vedette à la jeune pucelle arriviste autant dans la présence à l'écran que dans l'évolution du récit. La première jouant une maquilleuse ambigue, les deux autres étant des mannequins déjà en déclin qui voient d'un mauvais oeil cette chair fraiche prête à les repousser encore plus loin vers la retraite. Si la beauté a une valeur marchande tout est bon pour réussir, les dents rayent le parquet même dans un milieu aussi aseptisé et superficiel que celui de la mode. NWR signe une fable aussi effrayante que fascinante, un film d'horreur de luxe dans sa forme et trash dans le fond à l'image du monde de la mode. Beauté et luxe en vitrine, coups bas et méthodes excessives en coulisses. Tourné dans l'ordre chronologique comme à son habitude le réalisateur mêle un style de l'image artistique et sublime à un univers de la mode aussi abject que radical. Envoûtant et attirant, il nous montre pourtant le pire : une fable moderne où la morale n'a pas sa place. Nicolas Winding Refn fait encore fort, très fort, malgré que ce soit peut-être son film le moins réussi à moins que le choix de Elle Fanning ne vous soit pas gênant. En tous cas un film étonnant, innovant, qui ne vous laissera de toute façon pas sans réaction.
Note :