La Nouvelle Vie de Paul Sneijder (2016) de Thomas Vincent
Adapté du roman "Le cas Sneijder" (2011) de Jean-Paul Dubois, ce film y est fidèle notamment et surtout dans l'ironie et la bêtise humaine. On peut pourtant être surpris que la mise en scène soit de Thomas Vincent, s'il est le fils de l'actrice Hélène Vincent (magnifique dans "Quelques heures de printemps" de Stephane Brizé) il a aussi signé des films plutôt oubliables jusque là comme "Karnaval" (1998) avec Sylvie Testud, "Je suis un assassin" (2003) où "Le nouveau protocole" (2008). Il nous surprend avec ce film où il adopte un style qu'on ne lui connaissait pas, subtil et judicieux. On suit donc Paul Sneijder en plein deuil après avoir perdu sa fille, qu'il ne voyait plus vraiment, dans un accident d'ascenseur dans lequel lui-même a miraculeusement survécu. Sa femme désire un procès pour récolter des dommages et intérêts nécessaires à ses ambitions tandis que Paul, lui, désire avant tout vivre et survivre, respirer et se pardonner...
Paul Sneijder est interprété par un Thierry Lhermitte épatant, à la fois sobre et magnétique en bourgeois qui veut revenir à ce qui est important et nécessaire plus que ce monde aseptisé et matériel auquel sa femme a particulièrement pris goût. Thierry Lhermitte offre une performance magnifique pour ce qui est sans aucun doute un de ses meilleurs rôles. A ses côtés son épouse est jouée par la très belle Géraldine Pailhas dans un rôle particulièrement ingrat, pour ne pas dire pire dans lequel elle est formidable. On notera que leurs enfants sont interprétés par Aliocha et Vassili Schneider, frères jumeaux de l'acteur Niels Schneider vu dans "J'ai tué ma mère" en 2009 et "Les Amours imaginaires" en 2010 de Xavier Dolan. Des acteurs québécois connus comme Guillaume Cyr et Pierre Curzi (vus notamment dans les films de Denys Arcand) complètent le casting. La neige environnante et les décors glacés des beaux quartiers de Montréal font écho à la dépression de Paul Sneijder qui n'a plus goût à grand chose d'autre qu'à tourner une page importante de sa vie et d'assumer son chagrin. En prime une musique particulièrement adéquate et idéale, genre thriller psychologique qui dénote avec le semblant de comédie pour un humour décalé et cynique qui ne cache en rien les déboires de cet homme et la tragédie sous-jacente. La musique est signée du groupe Timber Timbre et aussi de Hit'n Run qui avait déjà signé la BO détonnante de l'excellent "Les Combattants" (2014) de Thomas Cailley. Leur musique sied au film alliant poésie ironique, fable cruelle et drame touchant. Ce délicat mélange des genres fonctionne parfaitement jusqu'à cette dernière partie un peu plus lourde (la comédie passe du côté obscur) et surtout un peu trop longue (après la visite du psy de l'épouse au domicile). Dommage cette épilogue aurait gagné à être plus écourté. Au final Thomas Vincent signe son meilleur film, et de loin, parfois drôle souvent touchant et toujours pertinent.
Note :