Le Secret des Banquises (2016) de Marie Madinier
Premier long métrage de Marie Madinier, issue d'une promotion scénario de la Fémis, cette dernière offre un premier film original, sorte de conte moderne sur l'alchimie à l'origine de l'amour. Au centre de cette histoire il y a la PPM, protéine de pingouin appelée également sphéniscine sur laquelle il existe réellement des recherches pour ses qualités antimicrobienne puissantes... Où comment une jeune assistante décide de s'injecter la PPM pour aider le chercheur dont elle est secrètement amoureuse... Une fable surréaliste qui tente de mixer RomCom, réalisme scientifique (aidé par un chercheur du CNRS pour la plausibilité du récit) et onirisme fantastique. La réalisatrice annonce ses références avec "L'Impossible monsieur Bébé" (1946) de Howard Hawks, "La Secrétaire" (2003) de Steven Shainberg et surtout "Human Nature" (2001) de Michel Gondry.
Mais son film manque totalement de rythme (à contrario d'un Hawks justement ou d'un Capra), le côté sexy de "La Secrétaire" est clairement arasé, et la dinguerie Gondry n'est ici pas tout à fait assumée, notamment parce que Marie Madinier semble avoir souvent hésité pour choisir un genre. Car en effet, si le film est vendu comme une comédie, on est assez éloigné. Vous sourirez 2-3 fois, on est plus proche d'une comédie poético-dramatique, sorte d'anti-thèse de "La Mouche" (1986) de David Cronenberg. Cet équilibre des genres est souvent bancal. Les effets spéciaux sont médiocres, entre le bébé pingouin animatronique et le fond vert pour l'antarctique il faut oublier qu'on est en 2016. Néanmoins ces trucages involontairement désuets amènent un côté Gondryesque qui a son charme et apporte le côté fable décalée. Mais la vraie force du film repose sur son duo, Guillaume Canet en professeur obnubilé et coincé avec Charlotte Le Bon, assistante effacée mais amoureuse. La symbiose opère et permet d'offrir des scènes magiques et/ou marrantes comme l'exploration du "kamasutra". L'idée originelle est bonne, le potentiel est certain et on passe un moment léger, drôle parfois mais ça manque de rythme et de chair dans le sens gourmandise autant dans le rire que dans le propos. Un bon moment mais un petit peu frustrant tant il y avait moyen de faire mieux.
Note :