Bang Gang (2016) de Eva Husson
"Bang Gang - histoire d'amour moderne" de son titre intégral, est le premier long métrage en tant que réalisatrice pour Eva Husson après deux courts. Pour son premier film la réalisatrice a choisi une histoire sulfureuse et osée puisqu'elle choisit de filmer des ados dans leurs ébats sexuels style partouze de vacances. On pense évidemment d'emblée à ces prédecesseurs qui ont traité de "l'éveil sexuel" plus ou moins frontalement comme "Mauvaises fréquentations" (1998) de Jean-Pierre Améris, "La Crème de la crème" (2014) de Kim Chapiron et "The smell of Us" (2015) de Larry Clark... Des films qui l'ont certainement inspirée bien qu'elle annonce plutôt Paul Thomas Anderson, Wong Kar-Wai et Gus Van Sant ! Disons-le de suite Eva Husson n'a ni leur subtilité ni leur sens de l'image. Dès les premières images on pense à Larry Clark ou encore à Jean-Marc Barr, avec une importance imposée de la nudité à l'écran. Le spitch est simple, une gamine amoureuse d'un camarade qui la délaisse pour assouvir ses expériences multiples et donc, par et pour la jalousie va se lancer dans leurs après-midi partouze où tout le monde baise par et pour amitié, juste de l'amitié...
Pas franchement de profondeur là-dedans mais juste un moyen pour Eva Husson de faire parler d'elle dès son premier film. L'exploration des desideratas adolescents est une illusion, le sujet étant très récurrent au cinéma et de façon "frontale" déjà fait notamment chez Larry Clark. D'ailleurs la gratuité des scènes de nu est confirmée par le générique de fin, certe inoffensif mais complètement superflu. L'histoire a été inspirée à la réalisatrice suite à un fait divers survenu aux Etats-Unis en 1999, mais jamais le scénario ne s'intéresse franchement au pourquoi du comment. L'idylle à sens unique est un peu facile, et on se dit oui mais elle n'était pas seule à cette partouze, alors ?! Ensuite on a droit aux poncifs qui facilitent les choses, car évidemment tous ces ados sont de milieu modeste et issus de parents divorcés, ceci expliquant cela sans doute pour la réalisatrice-scénariste. Les dérives de ces jeunes existent sans doute, sans doute le porno y est pour une bonne part de responsabilité, mais force est de constater que Eva Husson n'y va pas avec le dos de la cuillère et manque totalement de finesse et de sensualité et/ou de violence. Pas de parti pris à l'exception notable de la volonté de positionner le spectateur en voyeur. Seul (gros) bonus de ce film est d'avoir su choisir un joli casting, prometteur, où on a le plaisir de revoir Finnegan Oldfield (vu dans "Geronimo" en 2014 de Tony Gatlif et surtout dans "Les Cowboys" 2015 de Thomas Bidegain), Daisy Broom (vue dans "Partir" en 2009 de Catherine Corsinin et "Bande de filles" en 2013 de Céline Sciamma) tandis que le film révèle l'incroyable magnétisme de la jeune inconnue Marylin Lima, qu'on reverra certainement dans quelques temps. Néanmoins ces jeunes, qui se donnent corps et âmes pour ce petit film, ne peuvent sauver l'ensemble qui reste un film prétentieux dans la forme et hypocrite dans le fond.
Note :