Décès de Claude Gensac
Après Zsa Zsa Gabor et Michèle Morgan voici qu'on apprend la mort de l'actrice Claude Gensac ce lundi 26 décembre 2016 à l'âge de 89 ans.
Née en 1927 dans l'Oise d'un père baryton qui quittera le foyer pour une cantatrice alors que la jeune Claude n'a que 6 ans. Son père aura une fille, Eliette Gensac, demi-sœur de Claude donc et qui sera d'ailleurs créditée sous le nom de Eliette Demay aux côté de sa demi-sœur dans le film "Hibernatus".
La jeune Claude Gensac se destine d'abord à la danse quand sa mère la pousse plutôt vers la comédie, métier dont elle a toujours rêvé elle-même. Après le lycée Racine à Paris, elle s'inscrit au Cours Simon pour y préparer le Conservatoire National supérieur d'Art Dramatique d'où elle sortira en 1947 avec un 2ème Prix de tragédie et un premier accessit de Comédie.
Elle rencontre l'acteur Pierre Mondy sur les bancs du Conservatoire et l'épouse en 1951 avant de divorcer en 1955. Si le monde du cinéma est bien représenté lors de la cérémonie de mariage, les membres du Conservatoire voient d'un mauvais œil ce mariage, comme une mésalliance entre le théâtre "intellectuel" incarné alors par Claude Gensac et le théâtre de "boulevard" incarné lui par Pierre Mondy.
Elle débute sur scène dès 1947, après plusieurs rôles au théâtre. Elle se fait remarquer et joue dans son premier long métrage dans "La vie d'un honnête homme" (1953 - ci-dessus) de Sacha Guitry où elle apparaît seins nus ! Elle y joue une femme de chambre auprès d'un certain Louis De Funès qui joue un valet. Elle retrouve l'acteur au théâtre juste après, "Sans Cérémonie" mis en scène par Pierre Mondy.
Cependant le cinéma reste discret et c'est bien au théâtre que l'actrice s'épanouie à cette époque. Outre quelques films (dont la voix de la Reine dans le film d'animation "Blanche-Neige et les sept Nains" de Disney !) et une nouvelle carrière à la télévision dans des séries comme "La caméra explore le temps" (1959-1960), il faut attendre le film "Oscar" (1967 - ci-dessus) de Edouard Molinaro avec comme partenaire Louis De Funès (qui jouait la pièce depuis 1959 !) pour voir sa carrière s'envoler. En effet, l'acteur est devenu la plus grande star française et elle est choisie (suggérée par Jeanne la "vraie épouse" de De Funès !) pour être son épouse dans cette comédie épique qui sera un énorme succès. Pour l'anecdote, Jeanne De Funès l'avait choisie pour accréditer le fait que dans "Oscar" il était question d'un couple distingué, mais aussi parce que Jeanne avait assez confiance en elle pour qu'elle ne lui vole pas son mari !
Jusqu'ici plutôt abonnée à des rôles de bourgeoise perverse, Claude Gensac est ravie de son entrée dans la comédie et en sera toujours reconnaissante au couple De Funès. L'entente entre Claude Gensac et Louis De Funès est telle qu'ils tourneront ensemble encore de nombreuses fois. L'alchimie entre les deux reposant sur deux facettes complètement antagonistes, lui étant hargneux et insupportable, elle étant toujours mesurée et adorable.
Le couple de l'écran composé ainsi de Claude Gensac et Louis De Funès enchaine alors aussitôt les films et les succès avec "Les Grandes Vacances" (1967) et "Le Gendarme se marie" (1968 - ci-dessus et ci-dessous) de Jean Girault avant de retrouver Molinaro pour "Hibernatus" (1969). Des films qui font plusieurs millions d'entrées et qui font d'elle une actrice populaire aimée du public.
Dès qu'elle tourne sans De Funès ses rôles sont moins exposés et les succès beaucoup moindres comme dans "La bal du comte d'Orgel" (1970) de Marc Allégret ou "Le chasseur de chez Maxim's" (1976) de Claude Vital.
Heureusement le public a le grand bonheur de la revoir dans de nouveaux succès avec son acolyte Louis De Funès qui ne sera pas moins de 10 fois son mari à l'écran ! Les succès s'enchainent une nouvelle fois avec "Le Gendarme en balade" (1970) et "Jo" (1971 - ci-dessus) du toujours fidèle Jean Girault. "L'Aile ou la Cuisse" (1976 - dans lequel De Funès avait dû l'imposer mais a dû accepter une perruque grise afin d'atténuer l'effet "Ma Biche !" (de Claude Zidi) sera leur dernier gros succès ensemble avant de tourner leurs derniers films.
De Funès retrouve des succès énormes avec Oury mais sans Claude Gensac. Ils tourneront ensemble encore mais dans des succès publics moindres et des critiques beaucoup plus mesurées pour ne pas dire oubliables avec "L'Avare" (1980) coréalisé par Jean Girault et De Funès, la nanar culte "La Soupe aux Choux" (1981 - ci-dessous) et leur dernier film avec le navrant "Le Gendarme et les gendarmettes" (1982 - alors qu'elle n'avait pu tourner dans "Le Gendarme et les extraterrestre en 1978 pour cause de planning incompatible) du toujours et encore Jean Girault.
Si le théâtre et la télévision sont toujours omniprésents (dont le célèbre "La Cage aux Folles" en 1978 de et avec Jean Poiret) la disparition de son partenaire fétiche (Louis De Funès meurt en 1983) donne un réel coup de frein à la carrière de l'actrice sur Grand Ecran. En effet, son nom est trop associé à l'acteur désormais, si elle lui doit d'être devenue une actrice reconnue et populaire c'est devenu tout d'un coup également un handicap.
Toujours présente sur les planches et la petit écran, le cinéma lui offrira de moins en moins de projets avec seulement 9 films entre 1985 et 2016.
Etonnamment elle revient sur le devant de la scène après les années 2000 où on la voit dans un rôle récurrent dans la série "Scènes de ménages" (2012)
On peut aussi citer "Poule et frites" (1987) de Luis Rego, "Absolument Fabuleux" (2001) de Gabriel Aghion et surtout les récents "Elle s'en va" (2013) de Emmanuelle Bercot et "Lulu femme nue" (2014 - ci-dessus) de Solveig Anspach, ce dernier film lui permet d'être nommée pour le César du meilleur second rôle en 2015.
Après son mariage avec l'acteur Pierre Mondy elle se remaria en 1958 avec Henri Chemin, ancien pilote automobile devenu directeur chez Ford et qui profitera de son réseau pour placer notamment la Ford Mustang dans plusieurs films des années 60. Ils divorceront en 1977 après avoir eu un fils, Frédéric Chemin devenu compositeur de musique de variété.
Claude Gensac publiera en 2005 son autobiographie, "Ma Biche... C'est vite dit !", faisant référence ainsi au surnom célèbre et culte donné par De Funès à son épouse de cinéma. Car oui, malgré tout, pour la postérité elle sera à jamais "Ma Biche" de De Funès pour tous les cinéphiles bercés par les comédies endiablées du duo.
Claude Gensac est décédée ce lundi 26 décembre 2016 à l'âge de 89 ans, partie de sa "belle" mort pendant son sommeil.