Rock'n Roll (2017) de Guillaume Canet
Après l'échec américain (non mérité !) de "Blood Ties" (2013) l'acteur-réalisateur Guillaume Canet a eu un passage à vide et un besoin d'un retour aux sources. Il a repris l'équitation de haut niveau et a décidé de revenir à un cinéma proche de son premier film "Mon Idole" (2002), un besoin de revenir à un sujet plus ou moins léger avec une introspection en prime. Selon Les Cahiers du Cinéma Guillaume Canet a confondu "égo trip et cinéma vérité", ils n'ont rien compris il a justement signé un mixte des deux avec l'auto-dérision idéale pour faire passer la pilule que ce soit de son propre côté que celui du spectateur. Alors qu'il a écrit le scénario avec ses fidèles Philippe Lefebvre (acteur également et co-scénariste sur de "Mon Idole" et "Ne le dis à personne" en 2006) et Rodolphe Lauga (cadreur sur les précédents films de Canet) la compagne de Guillaume Canet préparait un tournage.
Il s'agit bien évidemment de Marion Cotillard préparant le film "Juste la fin du monde"( 2016) de Xavier Dolan. Résultat la préparation de Marion Cotillard a fortement enrichit le scénario et, niveau auto-dérision l'actrice n'est pas en reste puisque son conjoint a assaisonné son rôle avec autant d'envie et d'efficacité que lui ! Marion Cotillard, lors d'un interview, a même précisé que ses dialogues en québecois aurait été adapté avec l'aide de Xavier Dolan lui-même !... Si Guillaume Canet signe ce film comme une remise en question, un retour sur soi avec une réflexion non feinte sur la célébrité et ses conséquences c'est aussi, et peut-être surtout, une magnifique déclaration d'amour à Marion Cotillard.
Le film se scinde en deux, une première partie plus classique, sorte de docu-fiction sur la dépression d'une star vieillissante, une seconde plus "jusqu'au-boutiste" matérialisant un fantasme caricatural dont le côté burlesque n'échappera à personne ! Le twist permettant ce virage est à la fois radical et réaliste et si le choc est rude c'est surtout dans le style que prend l'humour du film. Mais toujours l'autodérision introspectif reste le ciment du récit. Quelques baissent de régime (une crise avec ses "producteurs" un peu surjouée, le côté garde partagée) mais une grande intelligence de fond et un humour décapant qui offre quelques rires bien sentis. Evidemment plusieurs références et clin d'oeils à ses films précédents et en prime des guests stars qui nous offrent des scènes d'anthologie particulièrement savoureuses avec Kev Adams, Johnny Hallyday, Yvan Attal, Alain Attal et Ben Foster ! Guillaume Canet fait un retour fracassant avec cette comédie à la fois acerbe et romantique, pertinente et drôle. Une jolie surprise.
Note :