Loving (2017) de Jeff Nichols
Tout de suite après le très bon "Midnight Special" (2016) le réalisateur "sudiste" Jeff Nichols retrouve son acteur Joel Edgerton pour ce nouveau film passé presque inaperçu au dernier Festival de Cannes. Par là même Nichols retrouve également son acteur fétiche Michael Shannon, ils tournent là leur 5ème film ensemble après "Shotgun Stories" (2007), "Take Shelter" (2011), "Mud" (2012) et "Midnight Special"... Le film retrace le combat d'un couple mixte, les Loving (nom prédestiné !) pour reconnaitre leur mariage dans l'état de Virginie où il y avait encore des lois racistes et notamment l'interdiction du mariage entre noir et blanc. Ce long combat amènera à un Arrêt de la Cour Suprême des Etats-Unis Loving V. Virginia du 12 juin 1967 qui déclare à l'unanimité que cette interdiction est anticonstitutionnelle...
Jeff nIchols écrit le scénario (fait rare, ce scénario est la première mouture, il n'a pas été retravaillé) en s'inspirant beaucoup du documentaire "The Loving Story" (2011) de Nancy Buirski, sur ce même sujet, et qui glana le Emmy Award du meilleur documentaire 2013. Nichols va même jusqu'à utiliser de vrais dialogues issus des images d'archives. L'histoire commence en 1958 quand Mildred, une femme noire, épouse Richard Loving, un homme blanc. Richard Loving est incarné par l'excellent Joel Edgerton, mais qui ici joue sans doute le personnage avec un peu trop de mutisme. Mildred est incarnée par la méconnue Ruth Negga (irlando-éthiopienne) qu'on a pu apercevoir dans "12 years a slave" (2013) de Steve McQueen et "Warcraft" (2016) de Duncan Jones. Si Edgerton est déjà connu, il attend encore son grand film qu'il puisse porter seul de bout en bout tandis que Ruth Negga risque fortement de voir sa carrière prendre un réel envol avec ce rôle. Le tournage s'est déroulé en grande partie sur les lieux mêmes des évènements. Jeff Nichols a voulu un film très réaliste, consciencieusement fidèle allant jusqu'à trouver des acteurs ressemblant au mieux aux vrais protagonistes.
Malgré la ségrégation de l'époque (affaire sur la période 1958-1967) le film évite les scènes habituelles de violences racistes (émeutes, Ku Klux Klan, lynchage...) pour se focaliser sur l'amour qui lie le couple et sur les difficultés à vivre leur amour dans un tel contexte. Outre les violences racistes inhérentes souvent à ce genre de film le film évite aussi les scènes de procès interminables. Jeff Nichols a donc favorisé le couple lui-même plutôt que le contexte. La vraie force du film est que le récit repose essentiellement les relations entre Mildred et Richard et comment ils ont géré leur mariage envers et contre tout, et notamment leur façon de voir les choses envers les médias et les avocats. Sans doute un peu académique dans sa mise en scène (d'où un Cannes discret ?!) le film reste une belle histoire d'amour, et non pas un simple combat juridique. Jeff Nichols nous montre une autre facette avec un 5ème film tout aussi différent queles autres. Un beau et bon film à voir et à conseiller.
Note :