Salomé (1953) de William Dieterle
Après le succès de "Samson et Dalila" (1949) de Cecil B. De Mille qui relança la mode des Peplums bibliques à Hollywood le producteur Harry Cohn veut concurrencer ce dernier avec sa star Rita Hayworth et en sachant que cette même année deux grandes superproductions sont annoncées, et pas des moindres avec "La Tunique" (1953) de Henry Koster, "Quo Vadis" (1953) de Mervyn LeRoy. Ce film réalisé par William Dieterle (son meilleur film le plus souvent cité est "Le portrait de Jennie" en 1948) est officiellement une histoire des scénaristes Jesse Lasky Jr (justement déjà signataire du "Samson et Dalila") et Harry Kleiner (futur grand scénriste avec entre autres "La Maison de bambou" (1956) de Samuel Fuller et "Bulitt" (1968) de Peter Yates) mais c'est en fait inspiré très librement de la pièce éponyme "Salomé" (1893) de Oscar Wilde. Le rôle titre est évidemment dévolue au sex-symbol Rita Hayworth encore au sommet du star-system où l'ont placé les films "Gilda" (1946) de Charles Vidor et "La Dame de Shangaï" (1948) de Orson Welles.
Les autres personnages principaux sont tenus par Stewart Granger (à son apogée entre "Le Prisonnier de Zenda" en 1952 de Richard Thorpe et "La Reine Vierge" en 1953 de George Sidney), par Judith Anderson à la postérité cinéphile pour son rôle glaçant de gouvernante dans "Rebecca" (1941) de Alfred Hitchcock, et enfin par le géant Charles Laughton qui a déjà tourné avec le cinéaste dans "Quasimodo" (1939) et qui n'est pas encore le réalisateur du chef d'oeuvre "La Nuit du Chasseur" (1955)... Salomé personnage biblique ayant inspiré maints artistes est devenu une sorte de muse et d'égérie pour les arts et reste un prétexte et rien qu'un prétexte pour ce film tout entier tourné vers la beauté et les charmes de sa star Rita Hayworth.
Malgré un casting prestigieux le récit ne captive pas et reste trop sage, pas assez dense, sans panache et prend des libertés inouïes autant avec les saintes écritures qu'avec l'Histoire (pour en savoir plus c'est ICI). Magnifiée par la photographie de de Charles Lang (déjà responsable sur les films "Peter Ibbetson" en 1935 de Henry Hathaway, "L'aventure de Mme Muir" en 1947 de J.L. Mankiewicz ou encore "Certains l'aiment chaud" en 1959 de Billy Wilder) la star est éblouissante jusqu'à la mythique et hypnotisante danse des "sept Voiles". 01h40 d'une intrigue simpliste qui supporte de surcroît bien mal la comparaison avec les autres grands films contemporains du genre. Lancé à grands frais pour un budget de 2 millions de dollars il en rapportera tout de même 4,750 millions. Le Sex -appeal de Rita Hayworth est encore certain (plus pour très longtemps malheureusement). Ce peplum reste plaisant mais reste aussi un divertissement inoffensif qui n'a que les qualités de ses ambitions, exposé sa star et en faire un film à sa gloire.
Note :