Ça (2017) de Andy Muschietti
Le romancier Stephen King toujours aussi présent sur les écrans, cette fois avec une nouvelle version de son roman phare "Ça" (1986) après le célèbre téléfilm ""Il" est revenu" ou "Ça" (1990) de Tommy Lee Wallace avec Tim Curry dans le rôle du Clown nommé "Grippe-Sou". Au début c'est le réalisateur de "Sin Nombre" (2009) et "Jane Eyre" (2011), Cary Fukunaga, qui avait le projet en main mais après des différends artistiques les producteurs ont choisi Andy Muschietti, réalisateur du remarqué "Mamà" (2013). Si Fukunaga est toujours crédité en tant que co-scénariste le film a été repris par d'autres scénaristes dont Gary Dauberman qui a œuvré sur le célèbre diptyque "Annabelle 1 et 2" (2014-2017) respectivement de John R. Leonetti et David F. Sandberg. Au casting le méchant Pennywise ou Grippe-Sou en VF est incarné par Bill Skarsgard (fils de Stellan et frère de Alexander) tandis que le reste des personnages sont en majorité joués par des enfants peu connus mais déjà aperçus dans des séries TV ou quelques films dont Ncholas Hamilton qui a l'honneur d'être aussi dans une autre adaptation de Stephen King, "La Tour Sombre" (2017) de Nikolaj Arcel. On citera également la jeune Sophia Lillis qui interprète la seule fille de la bande et qu'on risque fort de revoir bientôt...
Il est d'ores et déjà acquis que ce film n'est qu'un premier opus, la suite est déjà annoncée pour 2018. Rien de plus normal tant le roman est un pavé dense. Par contre on peut lire par-ci par-là que le film est fidèle au roman, on peut tout de même s'interroger sur bien des changements et modifications. Par exemple les époques. Normalement une partie se déroule en 1957-1958 et l'autre en 1984-1985 (27 ans après...) mais Andy Muschietti transpose ses deux parties en 1988-1989 et la seconde aura lieu en 2015-2016 ! Le cinéaste s'explique par le fait que Stephen King avait lui-même 11 ans en 1957-1958 et qu'à l'époque les enfants étaient surtout hantés par des monstres tels que la Momie, le Loup-Garou et autre créatures mais, Muschietti lui, n'a plus les mêmes références... Et pourquoi le pense-t-il pour tous ses futurs spectateurs ?! Cette explication ne tient pas franchement la route en témoignent d'ailleurs tous les films récents qui ont encore ces mêmes monstres comme protagonistes ("Twilight", "Underworld" et dernièrement "La Momie" de Alex Kurtzman...). Excuse et explication bidon dans la même veine de toutes les modifications du film vis à vis du roman.
La plupart sont incompréhensibles et/où sont des modifications inutiles et gratuites puisqu'elles ne changent en rien le fond de l'histoire comme le fait que l'enfant juif a soudain un père rabbin, le "guide" sur le passé de Derry n'est plus le même enfant, et même la mythologie autour de "Grippe-Sou" est sévèrement simplifiée. Le cinéaste déclare qu'il a le droit de trahir "un peu" Stephen King en tant qu'artiste, pourquoi pas ?! Mais pourquoi si ça n'apporte rien de probant ?! On constate surtout que cette nouvelle version est édulcorée à la hollywoodienne avec la perversité en moins et l'effroi quasi inexistant. Andy Muschietti avait sur ce point, fait bien mieux avec "Mamà" ! Ce film est une vraie déception. Muschietti a occulté ou arasé tout ce qui fait la profondeur du roman notamment sur la question des peurs enfantines pour une chronique adolescente sympathique et plutôt bien croquée. De surcroît, faut-il rappeler qu'il s'agit aussi et avant tout d'un film d'horreur ?! Niveau frisson et épouvante c'est d'un ennui profond. Le film surnage que parce qu'il s'appuie sur un matériau d'origine riche et passionnant, il est dommage que cette adaptation manque cruellement d'incarnation autant dans la forme que dans le fond.
Note :