Wilson (2017) de Craig Johnson
Adapté d'un roman graphique (2010) de Daniel Clowes (considéré comme un maitre en son domaine), ce dernier signe également le scénario (normalement grand gage de fidélité) de ce Feel-Good Movie socialo-loufoque qui, dans le genre, s'aligne avec des chroniques familiales comme "Little Miss Sunshine" (2006) de Jonathan Dayton et Valerie Faris ou "Juno" (2008) de Jason Reitman, "The Descendants" (2011) de Alexander Payne voir "Happiness Therapy" (2013) de David O. Russell. Précisons que l'auteur a déjà été scénariste notamment sur "Ghost World" (2002) de Terry Zwigoff. Aux commandes, justement, c'est Alexander Payne qui était normalement envisagé avant que ce soit Derek Cianfrance ("Blue Valentine" en 2010). Mais au final c'est un jeune réalisateur inconnu, Craig Johnson, dont le titre de gloire reste d'avoir eu un petit rôle dans le film "Le Cercle des Poètes Disparus" (1989) de Peter Weir, qui reprend le projet...
Au casting on a le plaisir de revoir l'excellent Woody Harrelson qui délaisse enfin les grosses franchises comme "Hunger Games" (2012-2015) et "Insaisissable 1 et 2" (2013-2016) pour revenir à des projets moins consensuels. A ses côtés on a également le plaisir de revoir Laura Dern après des années bien discrètes et peu de temps après "Certaines Femmes" (2017) de Kelly Reichardt. Woody Harrelson retrouve l'actrice Judy Greer après une première dans "The Grand" (2007) de Zac Penn tandis qu'ils se retrouveront aussitôt dans "La Planète des Singes : Suprématie" (2017) de Matt Reeves sorti récemment. On suit donc Wilson, jeune quinqua célibataire aigri, cynique et misanthrope mais qui cherche à s'améliorer, doucement, très doucement mais sûrement. D'autant plus sûrement quand il apprend que son ex et grand amour a eu un enfant de lui il y a 17 ans. Il va alors tout faire pour tenter de reconstituer sa famille... Woody Harrelson est épatant en vieux célibataire endurci genre version cool attitude de "Tatie Danielle".
A la fois infect et attendrissant, il part en quête d'amour, d'abord avec son ex avec qui il veut se construire même 17 ans après et enfin avec sa fille adoptée qu'il retrouve en forçant la main de la maman. Alors qu'il est paumé depuis son départ, (on sent qu'il est peut-être devenu comme ça par détresse amoureuse) son ex,elle, s'est reconstruite une vie plus saine et semble emportée par la folie de Wilson à l'insu de son plein gré. L'ado, qui apprend la vérité accepte d'autant plus la rencontre qu'elle ne semble pas être en plein bonheur avec ses parents adoptifs. Entre road movie et chronique familiale, le pauvre Wilson cherche à forcer le destin qui l'a abandonné il y a 17 ans. C'est bel et bien l'espoir d'un sursaut dans sa vie, d'un signe du destin qui redonne le goût de vivre à Wilson qui reste pourtant un peu prisonnier de ces années anti-sociables et anti-sociales. Wilson par Woody Harrelson serait un merveilleux personnage chez Woody Allen ! A la fois touchant et cinglé, Wilson reste un personnage qui aurait mérité un film un tout petit peu plus fou. En effet, Craig Johnson signe une mise en scène beaucoup trop académique pour survolter un peu ce récit. On sourit beaucoup, on rit un peu, on est attendri souvent mais il manque une réalisation plus inspirée pour transcender un peu le tout. Un peu plus d'audace (dans la folie et/ou simplement dans la misanthropie) pour que ce film fasse mouche plus sûrement. Malgré tout ça reste un très bon moment avec un couple Harrelson-Dern savoureux.
Note :