Bienvenue à Suburbicon (2017) de George Clooney.

par Selenie  -  7 Décembre 2017, 08:32  -  #Critiques de films

6ème long métrage en tant que réalisateur pour l'acteur George Clooney dont le meilleur reste le sublime "Good Night and Good Luck" (2005). Et pour ce projet Clooney s'approprie un projet de longue date des frères Coen, à savoir un scénario que les frangins avaient dans leur tiroir depuis des années. Clooney s'est investi en travaillant main dans la main avec les Coen sur le scénario en association également avec Grant Heslov, auteur avec qui Clonney avait tourné dans "Les Chèvres du Pentagone" (2010). L'équipe se connait donc bien, notamment Clooney a déjà fait l'acteur pour les Coen dans plusieurs films dont le récent "Ave César !".

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Pas étonnant donc que le casting soit tout aussi familier. On retrouve donc en tête d'affiche Matt Damon pour son 7ème film ensemble et le 3ème sous la direction de Clooney, mais Damon a aussi tourné pour les Coen dans  "True Grit" (2011). Les Coen retrouvent aussi Julianne Moore qui a était de l'aventure "The Big Lebowski" (1998), comme Oscar Isaac qui jouait dans "Inside Llewyn Davis" (2013) et, pour l'anecdote, ce dernier a joué dans "Jason Bourne : l'héritage" (2012) de Tony Gilroy, seul film de la saga sans Matt Damon (rôle titre sur les autres opus de 2002 à 2016). Outre le stars, il faut noter le joli jeu du jeune Noah Jupe, déjà aperçu dans "HhHH" (2017) de Cédric Jimenez... S'il s'agit d'une histoire policière, une comédie grinçante à humour noir, en arrière-plan il s'agit d'un contexte ségrégationniste bien connu avec en toile de fond l'instauration du G.I. Bill qui permettait aux vétérans de 39-45 d'obtenir des aides financières à la réinsertion civile, à la formation et autres études universitaires. Cette aide permit entre autres à la communauté noire de pénétrer des secteurs résidentiels habités d'abord par les blancs.

Mais, malheureusement, toute cette partie "ségrégationniste" reste très superficiellement traitée et finalement devient un peu superflue. En effet, l'intrigue reste focalisée sur la famille blanche dont le patriarche joué par Matt Damon perd un peu pied à l'insu de son plein gré. Dans le genre on est clairement dans la lignée d'un "Burn After Reading", avec sans doute un humour encore plus sombre. Mais on retrouve ce qui fait souvent le sel du style Coen, des protagonistes qui se croient plus malins que les autres mais qui se retrouvent dans les problèmes par malchance ou simple stupidité. Résultat une comédie noire, grinçante, sanglante et particulièrement cynique mais qui donne des nombreuses séquences particulièrement savoureuses. Clooney n'étant pas Coen, la grande différence c'est que Clooney appuie un peu moins le décalage noirceur-humour, il en fait certainement un film un chouïa plus sérieux que ce qu'aurait fait les Coen. Il y a aussi un soucis de rythme, un peu trop monocorde sur la durée. Néanmoins, le matériau de base et l'osmose entre les acteurs offrent une comédie réjouissante qui surfe magnifiquement bien entre moralité (pauvre famille afro-américaine) et immoralité (le père !). Un bon moment à défaut d'être un film majeur, aussi bien pour Clooney que pour les Coen.

 

Note :           

14/20

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S
À aucun moment je n'ai pu adhérer pour un détail tout bête, je trouve que les acteurs sont bien trop âgés pour rendre l'histoire crédible, ça donne un air bizarre à l'ensemble, le motif de l'intrigue en devient un peu inconcevable il me semble.
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S
Si tu parles de la chronologie, j'ai effectivement vérifié mais l'âge des personnages/acteurs peut aisément correspondre entre l'histoire (1959) et la guerre 39-45... Par exemple Matt Damon à 47 ans... Il pouvait largement être en kaki dès 39...