L'Echappée Belle (2018) de Paolo Virzi.
A ne pas confondre avec le récent "L'Echappée Belle" (2015) de Emile Cherpitel. Il s'agit d'un premier film américain pour le réalisateur italien Paolo Virzi qui s'était fait connaître en France avec "Napoléon et moi" (2006), avant de se faire connaître ensuite outre-Atlantique (en co-production franco-italienne) avec le réussi "Les Opportunistes" (2014). On lui a alors proposé d'adapter le roman "The Leisure Seeker" (2009) de Michael Zadoorian sur l'ultime voyage en amoureux d'un couple de retraités malades. Ainsi, le cinéaste renoue avec le road-movie après son dernier film "Folles de Joie" (2016). L'italien accepta à plusieurs conditions, entre autres de travailler avec ses techniciens habituels italiens et surtout en désirant pour les deux rôles principaux les sublimes Helen Mirren et Donald Sutherland.
Si ces deux acteurs grandioses n'ont jamais tourné ensemble jusqu'ici, ils ont débuté à la même période (1964-1965) et, pour l'anecdote, ont un lien inattendu avec Dalton Trumbo ; lui en apparaissant dans le documentaire sur l'auteur "Trumbo" (2007) de Peter Askin, elle en jouant Hedda Hopper dans le film "Dalton Trumbo" (2016) de Jay Roach... Paolo Virzi co-signe le scénario avec ses collaborateurs habituels sur ses autres films. Ils ont décidé de modifier quelques éléments du récit, à savoir qu'il s'agissait normalement de retraités de Detroit qui partaient pour se rendre en Californie via la célèbre Route 66. Pour les besoins (besoins ?!) du film ces retraités changent de noms et ne vont plus à Disneyland mais ils partent pour la Floride et la maison de Ernest Hemingway. Si cette dernière aventure est une sorte d'adieu prématuré (madame a un cancer en stade terminal, monsieur a Alzheimer) le style et le genre penchent plutôt du côté doux-amer d'un Alexander Payne. On pense d'ailleurs à son film "Monsieur Schmidt" (2003) et "Nebraska" (2014) mais on peut penser aussi à des films comme "Une Histoire Vraie" (1999) de David Lynch et "Into the Wild" (2008) de Sean Penn avec surtout un résultat qui donne et offre l'anti-thèse à un "Amour" (2012) de Michael Haneke... Sentant la fin arriver, Ella décide de partir avec son époux dont l'Alzheimer empire, pour un dernier voyage en tête à tête afin de se remémorer leur vie de bonheur, une dernière fois alors que leurs deux enfants s'inquiètent... Le récit oscille constamment entre douce mélancolie teintée de nostalgie avec le drame sous-jacent et un road-movie genre RomCom gériatro-buddy-movie. Un mélange étonnant entre sourire et pleur, entre joie et tristesse sans que jamais l'un ne quitte l'autre.
Sans être purement une comédie, le drame se dessine avec une légèreté qui n'omet pourtant jamais le drame que vit ce couple toujours aussi amoureux après un demi-siècle. On peut regretter une caricature peu inspirée des enfants qui, heureusement, ne tombent pourtant pas dans l'écueil facile de la guéguerre fraternelle. Paolo Virzi avait peur de tomber dans la carte postale du sud des Etats-Unis, il évite idéalement les images d'Epinal mais dans le même temps on peut regretter l'absence trop importante des paysages. Dommage, paysage rime avec voyage. Mais le cinéaste aborde la décrépitude des corps et des âmes avec un ton juste, à la fois terrible et touchant. En prime, évidemment, les performances absolument merveilleuses du couple Mirren-Sutherland qui forme d'ores et déjà un des plus beaux couples 2018. Un beau film qui offre des larmes purificatrices de liberté...
Note :