Le Collier Rouge (2018) de Jean Becker.
A bientôt 80 ans, le réalisateur Jean Becker qui signa son premier film avec l'excellent "Un Nommé La Rocca" (1960) avec Jean-Paul Belmondo revient avec un drame après 20 années quasiment dédiées aux comédies à l'exception notable du déchirant "Deux Jours à Tuer" (2008). Cette fois, sur une idée de Jacques Witta ancien monteur de Becker, le cinéaste adapte le roman éponyme (2014) de Jean-Christophe Ruffin, ce dernier étant également co-scénariste. Jean-Loup Dabadie, qui avait déjà collaboré avec Becker sur "La Tête en Friche" (2010) et "Bon Rétablissement" (2014), est également crédité pour son travail sur les dialogues.
On se situe en été 1919 où on suit le face à face entre un héros de guerre prisonnier et un officier magistrat qui doit démêler l'affaire pour laquelle le héros risque la Cour Martiale. Et mine de rien, le troisième personnage est le chien du héros, sans doute la pièce maîtresse de l'affaire... Le héros incarcéré est incarné par Nicolas Duvauchelle, l'officier magistrat est lui interprété par François Cluzet qui retrouve donc Jean Becker 35 ans après le chef d'oeuvre du cinéaste "L'Eté Meurtier" (1983). L'épouse du prisonnier est jouée par Sophie Verbeeck révélée par "A Trois on y va" (2015) de Jérôme Bonnell et vue dans "Iris" (2016) de et avec Jalil Lespert. Sinon, pour les fans on pourra reconnaître la chanteuse Maurane dans un petit rôle. Dans le roman on apprend la vraie raison de cet emprisonnement qu'à la toute fin... ... Si on est après la guerre plusieurs mois après l'Armistice, c'est bel et bien la guerre et ses conséquences dont il est question. Le héros a eu le temps de réfléchir à ce qu'il a vécu sur le front comme il a pu être fragilisé par les soupçons de fidélité de sa femme durant le conflit. Face à lui, un aristocrate qui enquête sur lui, un officier qui est empreint aux doutes depuis que les horreurs de la guerre le hante. Il n'y a pas d'animosité entre les deux hommes, juste deux êtres brisés qui réagissent de façon différente aux conséquences psychologiques qui les habitent.
Tout ça pour une seule chose, une réflexion sur la notion de "héros", de se demander si les "héros" existent quand c'est une simple boucherie dans les tranchées ?! Malheureusement, si c'est bien la thématique de fond qu'on sent sous-jacente, le récit se perd facilement pour finir par banaliser le propos voire même l'oublier pour une "simple affaire de coeur". La tirade centrale du héros, qui n'est pas sans rappeler l'excellent film "Au Revoir Là-Haut" (2017) de et avec Albert Dupontel, en perd de sa substance car comme le dit un des personnages, "tout ça n'est qu'une question d'orgueil". Les acteurs sont excellents, une petite reconstitution soignée sans en faire trop, intéressant tout de même de par son sujet en arrière-plan mais il est dommage que les réflexions et la guerre ne soit finalement qu'un prétexte.
Note :
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