Gaston Lagaffe (2018) de Pierre-François Martin-Laval.
Alors que depuis quelques années les adaptations sont en vogues au cinéma, avec un certain succès avec les Etats-Unis et leurs comics, le Japon et ses mangas et la France avec ses BD, voici que l'hexagone s'attaque cette fois au Roi de la Gaffe par excellence, "Gaston Lagaffe" créé par Franquin en 1957. Mais il faut savoir que Gaston a déjà connu une adaptation sur grand écran, officieuse certe comme un secret de polichinelle, avec "Fais gaffe à la gaffe !" (1981) de Paul Boujenah. Une adaptation officieuse car Franquin n'en voulait pas, ironie du sort, aujourd'hui qu'il n'est plus là les souris dansent... Et il doit se retourner dans sa tombe puisque c'est l'équipe responsable du dyptique "Les Profs" (2013-2015) qui s'y attelle. Il semble qu'un éditeur ait aimé le film "Essaye-moi" (2006) de et avec PEF, et dans lequel le personnage interprété par Pierre-François Martin-Laval lui aurait fait penser à Gaston (?!).
On retrouve donc le producteur Romain Rojtman déjà coupable sur "L'Elève Ducobu" (2011) et "Les Vacances de Ducobu" (2012) de Philippe de Chauveron et "Les Profs", le co-scénariste Mathias Gavarry déjà sur "Les Profs" et issu de la série TV "Alice Nevers", tandis qu'on retrouve au casting les comiques Jérôme Commandeur et Arnaud Ducret, le rôle titre revenant au jeune Théo Fernandez fils surdoué de la saga "Les Tuches" (2010-2015-2017) de Olivier Baroux. A priori, le plus dur aurait été de trouver le bon Gaston, dixit PEF (on s'en doute !), et on doit dire que Théo fernandez est plutôt un bon choix même s'il ne peut sauver le film du naufrage. Pour être franc on décèle l'envie réelle de bien faire, d'être fidèle au plus près de la célèbre BD, on sent la sincérité de l'ouvrage mais même si le film reprend les gags au sein même des albums, jamais le réalisateur-scénariste ne réussit à faire rire ni à reconstituer la fantaisie ambiante. On se trouve typiquement dans l'écueil des comiques qui veulent transposer un sketch en long métrage, on pense par exemple "Coco" (2008) de et avec Gad Elmaleh ou encore "Espace Détente" (2004) de et avec Bruno Solo et Yvan Le Bolloch... Les albums "Gaston Lagaffe" sont surtout des sketchs successifs qu'il est, par essence, difficile à retranscrire en long métrage.
L'idée de trouver une explication au pourquoi Gaston n'est jamais viré est bonne, et dans le film c'est bien la seule bonne idée, mais elle n"est pas suffisante pour rendre cohérent un scénario qui n'arrive jamais à se détacher des gags à répétition qui renvoie alors irrémédiablement à une succession de sketchs. Un pari ambitieux et risqué mais au résultat tellement évident ! D'abord par le projet lui-même, et ensuite par l'équipe aux commandes, il suffit de jeter un oeil sur la filmo du producteur et du réalisateur pour savoir qu'il faut qu'ils arrêtent ! Adapter quasi systématiquement des BD ne feront pas d'eux l'équivalent Marvel en France et force surtout une filmo opportuniste dénuée d'un minimum de talent et de simple bon sens. "Gaston Lagaffe" méritait mieux, et on se rappelera que Franquin lui-même n'en voulait pas...
Note :