The Villainess (2018) de Byeong-Gil Jeong.
Une nouvelle production sud-coréenne qui a le mérite de vouloir dynamiter le genre avec un maximum d'audace et d'ambition. Le film est co-produit, réalisé et co-écrit par Byeong-Gil Jeong avec son frère Byeong-Syk Jeong. Le premier s'est déjà fait un peu connaitre avec le thriller "Confession of Murder" (2013). Le cinéaste s'inspire pour son film de plusieurs autres titres, sans les pomper directement il les digère pour mieux se les réapproprier dans un film nerveux, tragique et musclé. Ce film a connu l'honneur de la séance de Minuit au dernier Festival de Cannes 2017. On suit donc Sook-Hee, petite chinoise qui grandit dans un milieu mafieux avant d'être recrutée par une agence secrète gouvernementale pour qui elle doit travailler 10 ans au lieu d'aller en prison... Les deux rôles principaux sont dévolus à Ok-Bin Kim et Shin Ha-Kyun qui avaient déjà joué ensemble dans "Thirst, Ceci est mon Sang" (2009) de Park Chan-Wook.
Le scénario est évidemment fortement influencé par "Nikita" (1990) de Luc Besson dont il reprend la perte de repère, le choix unilatéral et la double vie. Ce film peut être vu clairement comme un hommage. Mais Byeong-Gil y ajoute une intrigue pas maladroite du tout qui ajoute un suspense plutôt judicieux. Mais ce qui frappe d'abord c'est le prologue d'une folle virtuosité qui nous scotche au siège, on pense forcément à "Hardcore Henry" (2016) de Ilya Naishuller mais avec le style asiatique. Une caméra virevoltante en caméra subjective qui nous laisse bouche-bée mais avec également une sensation de malaise tant on est secoué. Mais on s'aperçoit aussi que plus le film avance et plus la caméra se pose.
Niveau action on a droit à un clin d’œil au chef d'oeuvre "Old Boy" (2005) de Park Chan-Wook, tandis que le côté nerveux nous vient droit de "The Raid" (2011) de Gareth Evans. Par contre, l'abus des flash-backs n'est pas toujours des plus judicieux mais surtout, la petite idylle est un peu trop niaise pour qu'on y adhère autant dans le fond que dans la forme ; faut-il rappeler qu'ils sont des agents surentraînés ?!... En prime, on salue la performance de l'actrice principale, Ok-Bin Kim, qui assure dans les scènes de combats et qui est tout aussi juste dans les scènes d'intimité qui rappelle aussi qu'il y a aussi de l'émotion dans cette histoire tragique. On peut rester réfractaire si on y voit plus un pompage qu'un film référencé, et on peut être bloqué par un montage et une mise en scène très mobiles mais pourtant le cinéaste n'a pas froid aux yeux, et signe un thriller d'action qui marie parfaitement les genres. Parfois maladroit mais diablement efficace.
Note :