Désobéissance (2018) de Sebastian Lelio

par Selenie  -  13 Juin 2018, 16:29  -  #Critiques de films

Ce film est avant tout un projet de l'actrice-productrice Rachel Weisz qui a obtenu les droits du roman "La Désobéissance" (2008) de Naomi Alderman (pour l'anecdote, également conceptrice de jeux vidéos) plusieurs mois avant de porter son choix sur le réalisateur chilien Sebastian Lelio. Ce dernier signe donc là son premier film américain, une opportunité qu'il doit au joli succès de son précédent film, "Une Femme Fantastique" (2017), lauréat de l'Oscar du meilleur film étranger 2017. Un film qui a dû marqué quelques esprits, sur une femme transgenre qui doit trouver sa place au sein de la famille de son amant décédé... L'adaptation du roman est co-signé de Lelio avec Rebecca Lenkiewicz qui était déjà co-auteur du chef d'oeuvre "Ida" (2014) de Pawel Pawlikowski, également lauréat de l'Oscar.

Résultat de recherche d'images pour "Désobéissance Sebastian lelio"

On suit donc Ronit qui revient parmi les siens, communauté juive-orthodoxe, après la mort de son père rabbin. Mais des tensions apparaissent quand ses sentiments vis à vis de sa meilleure amie, épouse elle-même d'un rabbin, deviennent trop flagrants... Ronit est incarnée par Rachel Weisz, sa meilleure amie par Rachel McAdams tandis que l'époux de ce dernier est interprété par Alessandro Nivola qui a fait du chemin depuis son rôle de petit frère de Nicolas Cage dans "Volte/Face" (1997) de John Woo. Rachel Weisz avait déjà incarnée une femme qui devait choisir entre les convenances d'une vie maritale et la passion pour un  autre dans "The Deep Blue Sea" (2012) de Terence Davies. Cette fois, il s'agit d'une liaison homosexuelle au sein d'une communauté fermée aux dogmes particulièrement sévères et patriarchaux. Dans le genre on peut citer quelques très bons films comme "Kadosh Sacré" (1999) de Amos Gitaï, "Prendre Femme" (2005) de Ronit et Shlomi Elkabetz et "Tu m'aimeras point" (2009) de Haim Tabakman... Le réalisateur s'est particulièrement documenté et renseigné sur la religion juive orthodoxe. Le cinéaste précise : "On sent qu'on a la responsabilité de camper ces personnages avec justesse, mais ce qui m'a soulagée, c'est que chaque famille juive orthodoxe obéit aux dogmes de sa propre manière. Esti et Dovid forment un couple assez moderne : à certains égards, il sont plutôt progressistes dans la mesure où ils se considèrent à égalité, ce qui n'a rien d'orthodoxe !"...

Outre la description de cette communauté il y a aussi la fidélité au roman, avec lequel il semble que Sebastian Lelio ait atténué la tragédie ; par exemple l'oncle Hartog est beaucoup plus détestable dans le roman. La première réussite du film réside dans le fait que la religion juive orthodoxe n'est pas spécialement décriée, d'abord par le biais du personnage de Dovid, époux et rabbin compréhensif, ensuite parce que le scénario ne changerait pas si on remplaçait cette foi par l'Islam ou le catholicisme. Le propos de fond reste universel, soit le droit à sa liberté, à l'amour et à son libre arbitre. On apprécie la photographie, au ton bleu-gris qui accentue l'austérité environnante. Mais le vrai atout du film reste son couple de femme, incarné par les deux plus belles Rachel du 7ème Art. Leur osmose est totale, entre celle qui a su prendre et choisir sa liberté quitte à partir loin de ceux qu'elle aimait et celle qui s'est retrouvée engoncée dans une communauté qu'on lui a imposé de par sa naissance. On reste seulement un peu perplexe sur une fin mi-figue mi-raisin, mais ça reste un très beau film, juste et subtil.

 

Note :              

15/20

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :