Photo de Famille (2018) de Cécilia Rouaud
Après son premier long métrage "Je me suis fait tout petit" (2012), la réalisatrice-scénariste Cécile Rouaud revient en abordant de nouveau le thème de la famille avec, cette fois, un film choral façon "Ma Saison Préférée" (1993) de André Téchiné à "La Dernière Leçon" (2015) de Pascale Pouzadoux en passant par "Un Conte de Noël" (2008) de Arnaud Depleschin et pourquoi pas "Père et Fils" (2003) de Michel Boujenah... La cinéaste explique son choix : "La famille est un sujet qui m'intéresse beaucoup, j'ai eu envie de m'y immerger une nouvelle fois. J'ai le sentiment que nous sommes tous durablement marqués par notre histoire familiale ; elle est plus ou moins simple, plus ou moins compliquée, mais toujours étroitement liée à ce que nous sommes et aux choix que nous faisons. J'ai l'impression qu'on finit tous par y revenir, et qu'on ne s'en sort pratiquement jamais. J'avais envie de réaliser un film qui raconterait comment, potentiellement, on pourrait en sortir..."... On suit donc une fratrie qui s'est perdue de vue, qui reprennent contact par la force des choses et pour s'entendre sur un point crucial : que fait-on de maman/mamie ?...
Les petits-enfants sont incarnés par Vanessa Paradis actuellement en salle dans "Chien" (2018) de Samuel Benchetrit et qui était déjà du premier film de Céile Rouaud, puis Camille Cottin et Pierre Deladonchamps tous deux bien habitués des affaires de familles avec respectivement "Telle Mère Telle Fille" (2017) de Noémie Saglio et "Larguées" (2018) de Eloïse Lang pour la première et "Eternité" (2016) et Tran Anh Hung et "Le Fils de Jean" (2016) de Philippe Lioret pour le second. Leurs parents sont joués par les expérimentés Jean-Pierre Bacri et Chantal Lauby. Le film démarre par un enterrement et fini par un autre enterrement, comme symbole d'un cercle de vie même si la cinéaste voit au premier enterrement un élément déclencheur et le second comme la conclusion de son récit. En effet, quoi qu'il arrive une affaire de famille est à la fois une affaire existentielle et une affaire universelle où comment une famille qui s'est disloquée au fil du temps arrive à ressouder les liens. La volonté de la cinéaste était d'être entre rire et larme, de traiter un sujet grave par la comédie comme elle l'explique : "Je suis totalement fan des premiers films de Woody Allen qui est selon moi le summum du "rire avec tout". J'adore les films de Pierre Salvadori, ceux de Noah Baumbach et Sam Mendes, tout ce cinéma américain indépendant qui sait si bien filmer l'entre-deux - le malaise et le rire, la joie et la chagrin, le drôle et le tendre. Avec "Photo de Famille", il s'agissait toujours d'être "sur la ligne"...
Un bon point pour le scénario qui arrive étonnamment à approfondir chacun des protagonistes dans leur soucis personnels sans jamais oublier le fil conducteur, la famille elle-même. On apprend donc à connaitre la maman célibattante, celle dont le couple bat de l'aile à cause de l'impossibilité d'avoir des enfants, le frère alcoolo-dépressif, le père ex-séducteur de secrétaire, la mère envahissante et surtout la grand-mère qui a tout de la mamie nova. Un peu trop appuyé sur certains traits (le frère dépressif mais riche est particulièrement tête à claques, la mère psy antipathique) mais Cécilia Rouaud nous montre une famille qui reste attachante qui parlera à (presque) tous même si sur le fond c'est un sujet aussi classique que conventionnel. Le mix entre rire et larme est plutôt bien géré même si on reste un peu sur notre faim niveau rire. En conclusion une comédie sociale parfois drôle, plus souvent touchante avec en prime un casting au diapason.
Note :