Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988) de Robert Zemeckis
Le projet est adapté du roman "Who censored Roger Rabbit ?" (1981) de Gary K. Wolf, c'est Darrell Van Citters, animateur entre autres sur "Rox et Rouky" (1981) qui assure que le mélange entre animation et prise de vue réelle reste une possibilité riche et qui mériterait d'être approfondie depuis "Mary Poppins" (1964). L'animateur propose l'idée à Disney qui achète les droits du livre. Dès 1982 Robert Zemeckis était intéressé mais étant encore inconnu la firme aux grands oreilles désirait Terry Gilliam mais ce dernier trouvait le projet trop difficile à mettre en place. La production lancée Disney décide d'une co-production pour des raisons de coût, ce sera avec la société de Joel Silver producteur des succès "Predator" (1987) de John McTiernan et "L'Arme Fatale" (1987) de Richard Donner, mais surtout Amblin Entertainment la société du trio Frank Marshall, Kathleen Kennedy et Steven Spielberg ; ce dernier insistant sur le fait que l'animation doit être partagé à égal avec la partie en prise de vue réelle... Finalement donc la réalisation revient bien à Robert Zemeckis grâce à ses premiers succès dont "A la Poursuite du Diamant Vert" (1984) et "Retour vers le Futur" (1985)...
Le scénario est signé du duo Peter S. Seaman et Jeffrey Price qui signeront par la suite "Wild Wild West" (1999) de Barry Sonnenfeld et "Shrek le Troisième" (2007) de Chris Miller et Raman Hui. Le duo a dû faire avec une histoire originale plus sombre et qu'il a fallu un peu édulcoré pour le grand public même si les clins d'oeil à caractère plus ou moins sexuel sont nombreux. En effet, malgré la co-production ce film est considéré comme le 34ème long métrage classique des studios Disney et il reste une oeuvre à part de part son humour particulièrement mordant et une violence plutôt inédite pour Disney. Au casting, le détective est joué par Bob Hoskins qui avait justement tourné dans "Brazil" (1985) de Terry Gilliam. Le méchant est joué par Christopher Lloyd qui retrouve donc Zemeckis après "Retour vers le Futur". La sculturale Jessica Rabbit a droit à deux interprète avec Amy Irving pour le chant et Kathleen Turner. Notons également un rôle pour Joanna Cassidy vue dans "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott et un caméo de Joel Silver. La B.O. est signé de Alan Silvestri, compositeur fidèle de Zemeckis sur quasi tous ses films jusqu'au récent "Bienvenue à Marwen"... Le plus gros enjeu est de réunir un grand nombre de personnages de cartoons malgré les origines différentes de ceux-ci, les studios étant avant tout des concurrents ! C'est Spielberg qui a su convaincre les studios, outre Disney (de Pluto à Mickey en passant par Bambi et Blanche-Neige), ce sont surtout les studios Warner (de Bip Bip et le Coyote à Speedy Gonzalès en passant par Sam le pirate) mais aussi quelques personnages de la Paramount (Woody Woodpecker et surtout Betty Boop), Fleischer Studios, Turner Entertainement, Universal... etc... Les tractations furent rudes et il a fallu notamment accepter un juste partage de présence à l'écran avec des luttes "neutres". Ainsi Eddie est secouru par Mickey (Disney) et Bugs Bunny (Warner), ou encore le combat au piano entre Donald (Disney) et Daffy (Warner)... Malgré tout ces aléas le scénario reste particulièrement cohérent, très rythmé mêlant animation cartoonesque et intrigue digne d'un Film Noir de l'Âge d'Or. Cette fois, la population qui est un peu la minorité maltraitée sont les toons victimes du racisme et de l'égoïsme et la cupidité des humains.
L'autre atout réside dans la prouesse technique, l'interaction entre animation et prise de vue réelle fonctionne parfaitement même si certains passages passent avec difficultés le poids des ans. On peut noter quelques anachronismes, l'histoire se déroulant en 1947 on remarquera quelques clins d'oeil sur des oeuvres datant des années futures comme quand passe un extrait de "Dingo fait de la gymnastique" (1949), la chanson "Witchcraft" qui ne sera chanté par Sinatra qu'en 1957, Bip Bip est créé en 1949, Mary Poppins date de 1964... etc... Mais comme l'indique le scénariste Peter S. Seaman le film reste un pur divertissement avec hommage en prime à tout un univers artistique plutôt qu'une histoire de l'animation. Le vrai bonus et qui reste, mine de rien un atout certain, c'est que la plupart des toons sont doublés par leurs interprètes historiques et/ou habituels. Avec un budget de 70 millions de dollars le film cartonne au box-office avec près de 350 millions au box-office mondial dont près de 6 millions d'entrées France. En prime une victoire très technique aux Oscars dont un Oscar spécial pour Richard Williams pour son travail remarquable pour sa direction de l'animation. Un grand film à voir et à revoir.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 9 ans :