Les Enquêtes du Departement V : Delivrance (2016) de Hans Petter Moland

Après les deux premiers épisodes "Miséricorde" (2013) et "Profanation" (2015) tous deux de Mikkel Norgaard voici le troisième (adapté du roman éponyme de 2009 de Jussi Adler-Olsen) qui change cette fois de mains. Cette fois le réalisateur est Hans Petter Moland connu pour l'excellent "Refroidis" (2014) et qui a signé récemment son propre remake mollasson avec "Sang Froid" (2019). Par contre le scénario est toujours signé de Nikolaj Arcel qui était déjà derrière le modèle du genre "Millenium" et qui est le réalisateur-scénariste du très bon "Royal Affair" (2012). Le département en question est toujours dirigé par le duo de flics joués par Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares. Ils sont toujours aidés par leur secrétaire jouée par Johanne Louise Schmidt tandis que le méchant de l'histoire est incarné par Pal Sverre Valheim Hagen qui était déjà dans "Refroidis" et qu'on a pu voir ensuite dans "Seven Sisters" (2017) de Tommy Wirkola. On ne reviendra pas sur le lien tangible avec la saga "Millenium", surtout qu'ici le réalisateur porte un regard neuf qui se détache un peu de ses aînés.

Après une vengeance de longue haleine et des nantis psychopathe le duo de flics va devoir se frotter à une secte plus ou moins pris à son propre piège. L'occasion pour le duo d'apprendre à mieux se connaître dans leur intimité spirituelle. Néanmoins, malheureusement le premier défaut de ce film est le même que les opus précédents, le changement de réalisateur n'y a rien fait, ça persiste et signe... à savoir que les deux flics restent engoncés dans leur propre caricature sans jamais évolué ni s'étoffé. Le flic dépressif l'est toujours et joué sans subtilité par Nikolaj Lie Kaas, et son collègue joué par Farès Farès est toujours un personnage où son humour et son passé sont complètement sous-exploités voir occultés. Par contre la secrétaire gagne encore un peu de terrain et ça c'est une bonne chose. Le méchant est plutôt pas mal même si sa "métamorphose" est un peu facile et retire le côté un peu mystérieux pour glisser vers le cliché de base. On notera une nouvelle fliquette, qui semble d'abord avoir sa place dans cette enquête avant d'être comme oubliée par le cinéaste. L'enquête démarre bien avec un lien logique avec "Profanation" et une entrée en matière judicieuse vis à vis de la secte. Le méchant est alors tel un ange déchu passé dans l'armée de Satan avec un bon degré de psychopathe comme on les aime.

Mais le film quitte doucement le thriller psycho pour aller vers un polar plus classique et balisé avec son lots de poncifs. Le méchant devient un psychopathe déjà vu en quittant sa panoplie première pour un cinglé tout ce qu'il y a de calibré avec des actions qui sont même plutôt illogiques vis à vis du début ; en effet du tueurs en séries discret et mystérieux il se transforme en bourrin qui se dévoile et prend des risques inconsidérés. Par là même le récit prend des virages qui retirent tout intérêt sectaire avec en prime quelques invraisemblances. Le méchant qui fait un choix (déjà stupide et incompréhensible) particulièrement risqué mais qui s'en sort malgré une armée de flics aux issues, ou encore un noyé ressuscité sans sourciller ! Par contre la photographie gagne en qualité et la mise en scène est plus inspirée (par moment !). Ce troisième épisode est sans doute le moins abouti, en espérant que le suivant "Dossier 64" remonte un peu la pente...

Note :