Mort de John Singleton
Le cinéma en deuil une nouvelle fois avec la disparition du réalisateur John Singleton qui est mort hier 29 avril 2019 à seulement 51 ans.
Né en 1968 à Los Angeles, John Daniel Singleton est le fils d'un père agent immobilier et courtier en hypothèques et d'une mère directrice des ventes en pharmaceutique. Après une scolarité "normale" il envisage des études d'informatique mais s'inscrit finalement à la section cinéma de l'Université de Californie du Sud. Ce programme est conçu pour formé directement l'élite pour le système hollywoodien.
Il sort lauréat de trois bourses d'écriture : le Jack Nicholson Award 1989 et 1990, puis le Robert Riskin Award 1989. Il cite alors le film "La Guerre des Etoiles" (1977) de George Lucas et le réalisateur Steven Spielberg comme ses plus fortes influences.
Après avoir rejoint la célèbre agence d'artistes C.A.A. il signe son premier long métrage comme réalisateur-scénariste avec "Boyz N the Hood" (1991 - ci-dessus) qui lance par là même toute une génération d'acteurs afro-américains comme Cuba Gooding Jr., Nia Long, Ice Cube et Morris Chestnut. Le film qui raconte le destin de jeunes afro-américains d'un ghetto de Los Angeles, c'est un succès public et critique qui permet au jeune cinéaste de devenir le plus jeune réalisateur nommé à l'Oscar et le premier noir à être lauréat de la statuette pour ce film, plus celle du meilleur scénario.
Grâce à ce succès, un certain Michael Jackson fait appel à lui pour signer le clip de la chanson "Remember the Time" (1992 - ci-dessous) où il dirige le basketteur Magic Johnson et Eddie Murphy.
Il réalise ensuite son second film "Poetic Justice" (1993 - ci-dessous) avec Janet Jackson, Tupac Shakur et Regina King. Si le film est nommé aux Oscars dans les catégories musicales, avec en prime un carton pour la vente de la B.O., l'actrice-chanteuse Janet Jackson obtient le Razzie Award de la pire nouvelle star !
Le cinéaste s'ouvre un peu plus à la diversité avec "Fièvre à Columbus University" (1995 - ci-dessous) sur la vie au sein d'une université en suivant plusieurs étudiants d'origines diverses. Une fois de plus il lance de jeunes acteurs comme Tyra Banks et Busty Rhames, et retrouve pour l'occasion ses acteurs Morris Chestnut, Laurence Fishburne et Regina King.
Il réalise ensuite un film dont, cette fois, il ne signe pas le scénario. Il s'agit de "Rosewood" (1997 - ci-dessous) avec Jon Voight, Ving Rhames et Don Cheadle qui revient sur le massacre d'un village d'afro-américains en 1923. Le film est un succès et reçoit un accueil excellent au Festival de Berlin.
Il accepte ensuite son premier film de commande de studio en signant le remake "Shaft" (2000) avec Samuel L. Jackson dans le rôle-titre. Le film reçoit cette fois des critiques plus mitigées. L'échec au box-office aura pour résultat que Singleton ne signera pas la suite qui était envisagée.
Il revient alors au ciné indépendant avec "Baby Boy" (2001) avec Snoop Dogg, Tyrese Gibson, Ving Rhames et Taraji P. Henson, dans lequel on suit un jeune papa de deux enfants de deux mères différentes mais qui vit encore chez sa mère, sorte de Tanguy du ghetto. La critique accueille bien ce retour au drame sociétal.
Etonnament, le réalisateur change pourtant de registre et revient au film d'action 100% studio et délaisse le travail sur le scénario. Il réalise alors la suite "2 Fast 2 Furious" (2003 - ci-dessous) avec Paul Walker et Tyrese Gibson. Les critiques sont mauvaises mais paradoxalement il s'agit malheureusement du plus gros succès au box-office pour le réalisateur.
Il poursuit dans cette voie et réalise (toujours sans signer le scénario) ensuite un thriller "Quatre Frères" (2005 - ci-dessous), où les quatre demi-frères, deux noirs et deux blancs, vengent la mort de leur mère adoptive. Le casting est prestigieux avec Mark Wahlberg, Tyrese Gibson, Terrence Howard, Sofia Vergara, Chiwetel Ejiofor et Taraji P. Henson. La réception critique est moyenne et sans être un véritable carton le succès au box-office est raisonnable.
A cette époque le cinéaste se lance également dans la production (autres que les siennes) en lançant le réalisateur Craig Brewer avec "Hustle and Flow" (2005) et surtout l'excellent "Black Snake Moan" (2007 - ci-dessous).
Il revient ensuite avec un pur film d'action hollywoodien en réalisant "Identité Secrète" (2011) avec Sigourney Weaver, Lily Collins et surtout Taylot Lautner nouvelle coqueluche issue de la saga "Twilight" (2008-2012). Cette fois la critique est logiquement mauvaise et un échec cuisant au box-office, remboursant tout juste son budget grâce à l'international.
Après plusieurs années discrètes il revient tout aussi discrètement à la télévision à partir de 2015 en signant quelques épisodes de quelques séries TV.
Il développe ensuite des projets plus personnels en signant les scénarios et produisant les séries TV "Rebel" (2017) et surtout "Snowfall" (2017-2019 - ci-dessous avec son casting).
John Singleton a connu quelques déboires avec la justice, dont une implication directe dans un accident mortel de la route en 2007, et une plainte pour harcèlement sexuel par une journaliste en 2017.
Le cinéaste a eu 7 enfants de plusieurs femmes, Justice (qui inspira le film de son père !), Maasai, Hadar, Cléopâtre, Selenesol, Isis et Seven.
John Singleton offre une carrière en demi-teinte, scindée en trois parties. La première reste la plus prestigieuse dans les années 90, la seconde est la plus commerciale et basée et l'action, la troisième est largement la plus confidentielle et focalisée à la télévision.
John Singleton est mort des suites d'un accident vasculaire cérébral survenu le 17 avril, il meurt après être tombé dans le coma le lundi 29 avril 2019 à l'âge de 51 ans.